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Au cochon porte-bonheur

Au cochon porte-bonheur de Kim Jong-ryeol Editions Philippe Picquier
Au cochon porte-bonheur
de Kim Jong-ryeol
Editions Philippe Picquier

 Il faut dire que la campagne de publicité a frappé un grand coup : les personnes qui se sont prêtées au jeu ont gagné un cadeau inestimable, capable d’assurer leur bonheur éternel. Si ça n’est pas une aubaine incroyable ! La mère de notre petit héros ne va pas laisser passer sa chance !

Il y a de la magie dans l’air de ce petit roman, qui trois petits tours et puis s’en vont, met en scène des adultes qui se laissent facilement berner et manipuler pourvu qu’ils aient l’impression d’y gagner. Oui, mais gagner quoi au juste ? Qui est le patron de cette étrange boutique où les «  clients » ne rentrent qu’au compte-gouttes, et ressortent sans avoir rien acheté, mais récompensés d’un cadeau extraordinaire. Ces porte-bonheur sont-ils vraiment destinés à rendre les gens, tous les gens heureux ? Et que deviennent les familles dans tout ça ? Le narrateur regarde avec horreur ses parents se transformer peu à peu en représentants de la gent porcine, tout comme l’héroïne du film Le voyage de Chihiro de Miyasaki.

Le cochon, animal porte-bonheur dans la culture asiatique, symbole de prospérité et d’abondance, est ici détourné pour en faire une figure de l’avidité aveugle, autre représentation qui existe au Tibet en particulier. Dans la société occidentale non plus, le cochon n’est pas valorisé. L’auteur joue sur les deux tableaux pour dresser le portrait d’une société crédule et avide, prête à oublier ses valeurs pour un profit illusoire. Est-ce celui de la société coréenne, de la société de consommation, de la société qui s’annonce ? L’auteur ne le dit pas, mais ce conte nous met en garde : la gourmandise n’est qu’un vilain défaut, mais la gloutonnerie mène à la maladie. Et chacun sait que les contes sont universels.

Ce roman se déroule comme une fable, mais la morale finale n’est pas écrite. Que vont devenir tous ces gens transformés en cochons ?

Une histoire peu banale dans l’univers de la littérature enfantine, un conte moderne, qui n’est pas sans rappeler aussi d’autres romans majeurs, « La ferme des animaux », ou « Sa majesté des Mouches, que les jeunes lecteurs découvriront dans quelques années. Une lecture qui prête à la discussion aussi.

À partir de 9-10 ans.

Documentaliste dans l' Education Nationale, et très impliquée dans la promotion de la littérature pour la jeunesse, j'ai découvert la production coréenne il y a plusieurs années, et j'ai été emballée! Je m'attache donc dans Keulmadang à en partager les délices avec les lecteurs, sans m'empêcher parfois de chroniquer un roman ou une bande dessinée pour les plus grands.

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