Poésies

India

India KIM Yang-shik Editions Sombres Rets
India
KIM Yang-shik
Éditions Sombres Rets

Kim Yang-shik a étudié la philosophie indienne à l’université. Elle nous offre une poésie dotée d’un double regard où la Corée du quotidien côtoie l’Inde et ses mystères.
La première partie du recueil est dédiée à l’Inde. Une Inde rêvée et idéalisée, propice aux rêveries et à la méditation : « Un jour, j’irai dans ton pays mystérieux où les fleurs de mangues éclosent dans les cours et les doux fruits d’or mûrissent en automne, là-bas, les feuilles de cocotier vertes s’épanchent tendrement dans la fraiche brise de mer ! » (Ô mon Gurudev Tagore P30) Mais le réel a tôt fait de reprendre sa place et les mendiants remplacent bien vite les fleurs de lotus. Kim Yang-shik raconte son voyage en Inde en prenant des exemples concrets, en montrant la beauté sans cacher la douleur. Le lecteur est touché par la sensibilité et la sensualité qui émane de ses mots.

 

« Le monde entier devient
Une canette abandonnée et rouillée
Sans signification, sens, ni rationalité.
En émettant d’étranges bruits
Elle roule et blackboule
A la moindre brise
Et tourne en rond de par le globe
Qui est devenu une fosse septique. » (Collection de poubelles séparées, P86)

La beauté du poème n’est-elle pas la seule à subsister quand le monde autour est empli de tristesse et de désespoir ? A travers son recueil, Kim Yang-shik nous offre un voyage, une évasion. L’Inde n’est qu’une première étape vers le but ultime, l’imaginaire et l’inspiration poétique. La poète ne rejette pas la réalité, elle l’accepte telle qu’elle est, puisque n’importe quel détail peut à un moment projeter vers l’ailleurs salvateur. Un ailleurs proche, comme la nature, ou plus lointain, comme les mythiques contrées de l’Inde ou les tréfonds de la pensée.
Si elle offre son titre à l’Inde et admire volontiers des tableaux de Chagall avant d’écrire, Kim Yang-shik n’en reste pas moins une auteure profondément liée à son pays, la Corée. Nous finirons par un dernier poème, où l’amour se ressent dans la sensualité de celle qui compare sa patrie à des mets, fruits de la terre et source de vie, éléments immuable de la culture d’un pays.

« Mon pays,
Tu es une gousse d’ail
Qui répand son zeste sur mon âme.
Mon échalote sauvage.

Mon pays,
Tu es aussi piments rouges
Répandus épars
Sur un lit de paille.

Mon pays, tu es soja
Au sel évanescent
Préservé pendant des générations
Dans un pot d’argile.

Oh, mon pays!
Tu es mon monde,
En toi mes os se joindront
A ta terre. »
(Mon pays, P83)

 

 

 

 

 

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