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SEPT YEUX DE CHATS

Sept yeux de chats de VHOI Jae-hoon éditions PicquierMais qui est l’assassin ? À partir de ce scénario classique (on pense évidemment aux Dix petits nègres d’Agatha Christie ou encore au jeu du Cluedo), le narrateur embarque son lecteur dans un voyage halluciné. Roman singulier, construit sur le modèle du labyrinthe – mais un fil est tendu chaque fois que le lecteur se croît perdu. Car dans ce roman, on s’y perd, on se retrouve avant de se perdre à nouveau. L’histoire de chacun des personnages, avant qu’ils ne disparaissent, va se superposer à d’autres histoires, au point de former un millefeuille appétissant certes, mais qui exige une certaine concentration pour être dégusté. Auteur de la jeune génération coréenne, Choi Jae-hoon prouve ici qu’il est un auteur accompli. Sa maîtrise de la construction romanesque est déjà très au point. Il joue avec des histoires qui s’enchâssent, qui se déboîtent pour chaque fois mieux relancer l’intérêt du lecteur. La virtuosité poussée jusqu’au jeu confère à la tentative presque réussie d’inventer l’histoire sans fin. La maîtrise narrative n’évite pourtant pas toujours le risque de sa contrepartie : l’histoire (ou plutôt les histoires), est souvent tortueuse et les personnages peuvent sembler manquer de réalité, souffrir d’un défaut d’ancrage. Jeu probablement voulu par l’auteur. Alors que l’on pense deviner telle ou telle issue, voilà que surgit une autre piste où les personnages semblent courir après des chimères représentées par un morceau de musique La jeune fille et la mort, un tableau Le Baiser de Klimt, un roman Salomé d’Oscar Wilde…

On ne s’ennuie jamais dans ce roman.


SEPT YEUX DE CHATS
DE CHOI JAE-HOON
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel,
Philippe Picquier, 336 pages, 19.50 €.

1 commentaire

  1. Furiae dit :

    J’ai adoré aussi. J’ai apprécié de le lire, et je le pourrais encore avec plaisir. Votre propre analyse m’a fait penser à une recette qui mélange divers ingrédients aux saveurs aussi variées, et qui en bouche constitue un ensemble, mais dont chaque élément se fait parfois ressentir par-dessus les autres.