Essais

PETITE GÉOGRAPHIE AMOUREUSE DU CHEVAL

41000203C’est dire si l’ancien cavalier que je suis bondit après avoir lu la présentation de l’ouvrage de Jean-Louis Gouraud parti à la découverte des chevaux nord-coréens. Eh oui, il y a aussi des chevaux en Corée du Nord, et le premier royaume de Corée, Goguryeo s’illustra aussi, bien avant les deux autres royaumes, Silla et Baekje, dans les arts équestres, où les cavaliers avaient acquis une belle réputation de combattants habiles et précis. Belle idée donc,  la Corée du Nord vu par un cavalier, peut-être se prend-on à rêver, par un cheval ? Légère déception à lire seulement une trentaine de pages, sur les quelque six cents de l’ouvrage. On en veut toujours plus sur le pays qui nous intéresse, bien que le titre ne nous ait pas échappé. Il faudra donc chercher ailleurs le mérite de ce court chapitre. Parce que l’auteur, qui n’est nullement un spécialiste de la Corée du Nord, rapporte aux lecteurs une vision éloignée des habituels stéréotypes. Il ne faut donc ni s’attendre à une analyse approfondie des conditions d’existence dans le pays ni à un commentaire sur la relation entre les deux Corées. Après le livre de Philippe Pons et celui de Juliette Morillot et Dorian Malovic, (dont Jean-louis Gouraud recommande chaudement la lecture) dans la lignée d’ouvrages plus anciens, le livre de Jean-Louis Gouraud nous donne de la Corée du Nord, une autre vision que le concentré de clichés pour lecteurs peu exigeants que nous pouvons lire habituellement. L’auteur est un écrivain-voyageur, spécialiste des chevaux du monde entier, auteur de livres et d’articles, véritable passionné de découvertes équestres et géographiques. Dans son périple, il s’est arrêté une quinzaine de jours à Pyongyang et brosse à sa façon un petit portrait nord-coréen que le lecteur pressé appréciera sans nul doute.  Si bien entendu le caractère absurde de certaines décisions administratives, — ne pas avoir le droit de photographier un cheval, parce qu’offert par Poutine, ou encore le marquage des chevaux, doublement numérotés, à l’épaule et à la cuisse, par l’autorité militaire soucieuse d’inventaire précis, ne lui échappent pas, il témoigne aussi d’un pays « propre », des installations briquées, régulièrement nettoyées, matériel défectueux aussitôt remplacé, et assure que les gens mangent désormais à leur faim. Il commente la réalisation phare dans le domaine équestre, le centre hippique de Pyongyang, que Kim Jong-eun visita une douzaine de fois pendant les travaux. L’auteur décrit un centre rêvé pour tous les amateurs d’équitation et pour les chevaux,  pour la qualité des installations et la propreté présente dans chaque espace. Il constate le faible degré de qualification des moniteurs d’équitation, niveau peut-être comparable au niveau de la Corée du Sud, à notre connaissance.

Un livre donc où l’on peut découvrir, certes superficiellement, un autre côté de la Corée du Nord. À noter, la présence en annexe, du récit que fait Kim Il-sung, du cheval blanc qu’il possédait sous l’occupation japonaise, et qu’il aura la chance inédite de voir pleurer à grosses larmes au moment de leur séparation. (^^pour reprendre le langage texto…)

Ce livre comblera tous les amateurs de chevaux et de voyages à cheval. On y découvrira les pays visités par l’auteur depuis une vingtaine d’années, l’Afrique, l’Inde, la Chine, l’Australie, la Mongolie, les pays d’Asie Centrale, les pays du Maghreb, les pays d’Europe, et même la France.


PETITE GÉOGRAPHIE AMOUREUSE DU CHEVAL 
De JEAN-LOUIS GOURAUD
Belin, 610 pages, 23€

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.