Études Sciences Humaines & Sociales

Les arts martiaux coréens

Depuis des temps immémoriaux, les arts et traditions du « Pays du matin calme » ont donc été fortement influencés tant par l’histoire et la culture issue des steppes mongoles que par l’histoire et la culture chinoise. La Corée fut le creuset où se mélangèrent ces deux influences primordiales qui, intégrées et assimilées, influencèrent à leur tour le Japon.

Entourée de voisins belliqueux, la Corée, qui elle n’a jamais tenté d’envahir un autre pays, a subi dans son histoire d’innombrables invasions en plus des guerres internes qui s’y sont déroulées. Il est donc logique que les arts de la guerre s’y soient développés, et ce sous l’influence des différentes cultures voisines.

Ces arts guerriers, nommés arts martiaux même si les guerriers asiatiques de cette époque n’avaient jamais eu vent du nom de Mars, dieu de la guerre romain, ont trouvé un terrain propice au développement dans une Corée assaillie par les dynasties chinoises d’un côté, les velléités japonaises de l’autre, mais aussi les guerres que se sont livrés les Trois royaumes de Koguryo, Baekje, et Silla.

I/LES ORIGINES ET LE DEVELOPPEMENT DES ARTS MARTIAUX COREENS

Devant les différences substantielles que l’on peut trouver suivant les sources, qu’elles soient des sites internet plus ou moins fiables, ou même des ouvrages publiés par des maîtres, il est difficile de retracer l’histoire exacte des arts martiaux coréens. Cependant, il est certain que la période dite des Trois Royaumes a permis le développement massif des techniques coréennes. Les Trois Royaumes cultivaient les arts du sabre et du tir à l’arc que ce soit à pied ou à cheval et on aussi développé leurs propres écoles martiales.

A/ Les Trois Royaumes

Les trois royaumes de Corée
Les trois royaumes de Corée

Lorsque l’on regarde une carte il est facile de constater que la péninsule coréenne sépare, selon certains, ou réunit, selon d’autres, l’immense continent chinois des multiples îles formant l’archipel japonais. Il se situe donc à la jonction exacte entre les deux cultures.

Depuis des temps immémoriaux, les arts et traditions du « Pays du matin calme » ont donc été fortement influencés tant par l’histoire et la culture issue des steppes mongoles que par l’histoire et la culture chinoise.

La Corée fut le creuset où se mélangèrent ces deux influences primordiales qui, intégrées et assimilées, influencèrent à leur tour le Japon.

Entourée de voisins belliqueux, la Corée, qui elle n’a jamais tenté d’envahir un autre pays, a subi dans son histoire d’innombrables invasions en plus des guerres internes qui s’y sont déroulées. Il est donc logique que les arts de la guerre s’y soient développés, et ce sous l’influence des différentes cultures voisines.

Ces arts guerriers, nommés arts martiaux même si les guerriers asiatiques de cette époque n’avaient jamais eu vent du nom de Mars, dieu de la guerre romain, ont trouvé un terrain propice au développement dans une Corée assaillie par les dynasties chinoises d’un côté, les velléités japonaises de l’autre, mais aussi les guerres que se sont livrés les trois royaumes de Koguryo, Baekje, et Silla.

La période la plus florissante concernant le développement des arts martiaux est la période des Trois Royaumes de Koguryo (37 av. JC à 668), Baekje (18 av. JC à 661), et Silla (57 av. JC à 776, période après laquelle le pays a été unifié par Silla jusqu’en 935 après JC). Chacun des royaumes a développé ses techniques de combats, mais les fouilles archéologiques tendent à prouver que le Royaume de Koguryo, le plus grand et le seul rattaché au continent, a été le lieu où sont apparues les premières formes d’arts martiaux coréens, influençant peu à peu les autres royaumes.

1) Le royaume de Koguryo

lutteIl existait de longue date dans Koguryo différents styles plutôt apparentés à des combats rituels comme le Pakchigi dans lequel les adversaires utilisaient principalement les coups de tête, de coude, et d’épaule, inspiré des combats de taureaux qui fascinaient les hommes à cette époque.

Un étrange style nommé Chaku Riki prêtait aux pratiquants des super pouvoirs issus de la force spirituelle, d’herbes et autres plantes.

Enfin, le Charyok avait la particularité d’avoir développé des techniques de coups de pied depuis la position assise ainsi qu’un système de défense contre les animaux sauvages comme les tigres, les loups ou encore les ours.

Ces différents arts ancestraux, qui ont aujourd’hui disparu, étaient utilisés lors de cérémonies, de tournois, ou de festivités où les protagonistes prouvaient leur habileté et leur bravoure pour la gloire ou pour s’attirer quelques faveurs des autorités ou tout simplement de femmes.

Les techniques de luttes sont les premières formes de combats à s’être développées dans l’histoire de l’humanité comme l’attestent les découvertes archéologiques en dans la région de l’Inde. En Corée, un art nommé Ssireum, issu de la Lutte mongole (Silnem) est estimé être le plus ancien des arts traditionnels. On trouve les premières représentations sur des tombes royales de Koguryo mais des documents chinois prouvent que son existence date d’avant les Trois Royaumes. Cette lutte s’est transmise et ne s’est pas perdue jusqu’à nos jours.

Le contact direct avec des assaillants visant à conquérir le royaume a forcé l’armée de Koguryo à développer un système mélangeant les techniques de guerres venues de Mandchourie et de Chine intérieure en y apportant des techniques de leur propre création. Le Subak utilisait majoritairement les techniques de percussion, c’est-à-dire les techniques de frappes, avec une utilisation poussée des coups de pieds, plutôt que les techniques de lutte.

Le Subak et les techniques de lutte issues du Ssireum allaient constituer la base des enseignements militaires pour le combat à main nue dans le royaume de Koguryo.

2) Le royaume de Baekje

Le royaume de Baekje développa un art de combat à mains nues nommé Takkyon qui avait la particularité de mettre en avant des techniques de coups de pieds plus aériennes et spectaculaires que le Subak du royaume de Koguryo dont il était largement inspiré. Cet art de combat est celui qui donna naissance plus tard, après une évolution, au Taekkyon que nous connaissons aujourd’hui.

3) Le royaume de Silla

statueLe royaume de Silla, le plus petit des trois au début, va subir l’influence des Chinois de la dynastie Tang venant de Chine par bateau. Il est à noter que la transmission se fera majoritairement par des exilés Tang, les fils du roi n’ayant pas pu lui succéder et devant donc être écartés afin d’éviter toute lutte de pouvoir entre prétendants potentiels au trône. L’art des Tang, le Tang Su Do, qui signifie voie de la main vide, allait connaître un rapide développement à travers Silla. C’est de cet art dont est principalement issu le Tae Kwon Do actuel, mais aussi le Karaté Japonais.

Silla, le plus petit des Trois Royaumes au départ, est pourtant celui qui unifia la Corée en 776 après JC grâce à son union avec la dynastie Tang la création de groupes d’élite à vocation militaire appelés Hwarang. Les jeunes hommes qui pouvait rentrer dans ces groupes étaient issus de familles nobles, devaient être beaux physiquement, étudiaient les arts de la danse, de la chanson, la poésie,… les arts issus des courants Bouddhistes et Taoïstes. On estime leur apparition à la fin du IVe siècle après J.-C.

On voit ici naître un aspect particulièrement important des arts martiaux coréens, et même de la société coréenne en elle-même pouvons-nous dire : le principe de beauté. Les jeunes guerriers Hwarang. Ils avaient le culte de la beauté corporelle et considéraient que l’esprit et le corps ne faisaient qu’un, un esprit pur se reflétant dans un corps harmonieux. Ils choisissaient toujours, pour leurs exercices, un cadre naturel grandiose afin de se familiariser avec les secrets de la nature. Cette communion avec la nature leur était indispensable, physiquement et spirituellement. Ils ont, tout comme dans les deux autres royaumes, développé les techniques de coups de pieds.

En plus des arts de la lutte, du sabre, de la course, de la natation, de l’équitation et de l’utilisation des arcs, les Hwarang mirent au point des techniques de combat à mains nues influencée par les techniques Tang.

Les jeunes guerriers des Hwarang permirent la réunification de la Corée ainsi que la lutte contre les Japonais.

B/ Le facteur religieux

bouddhaLes arts martiaux se sont propagés en Corée à partir des influences chinoises colportant aussi des influences religieuses. Les deux concepts se sont donc développés en parallèle mais sont aussi bien sûr liés. Le Bouddhisme, le Confucianisme, mais aussi le Chamanisme ont donc marqué de leur empreinte les arts guerriers coréens.

Le Chamanisme se retrouve dans les combats rituels de prémices de Koguryo, qui ont influencé la création du Subak et aussi dans le Takkyun qui est à l’origine du Taekkyon. Des cérémonies avaient lieu avant les affrontements.

Dans la tradition confucéenne, toucher la tête d’un individu avec le pied est la pire des insultes, et l’on s’aperçoit du développement particulier des coups de pieds portés au visage dans la tradition martiale en Corée.

C’est surtout dans les valeurs enseignées par les arts martiaux que l’on retrouve les enseignements Bouddhistes et Confucianistes, notamment dans l’enseignement des Hwarang. Leurs cinq principes de bases illustrent bien l’influence de ces courants :

  • mandarinRespect du roi
  • Amour et respect aux parents et professeurs
  • Loyauté envers les amis
  • Ne jamais battre en retraite lors d’une bataille
  • Ne jamais prendre une vie sans une juste cause

C’est le développement des courants Bouddhistes et Confucianistes après la réunification des Trois Royaumes qui est à l’origine du déclin des arts martiaux en Corée. En effet, les arts au sens propre du terme ont commencé à être mis en valeur, reléguant les arts martiaux aux univers de la pratique monastique et des festivités populaires.

II/ LES VALEURS ET L’ESPRIT DES ARTS MARTIAUX COREENS

A/ Valeurs générales

Les valeurs générales des arts martiaux coréens ne diffèrent pas de celles des autres arts martiaux asiatiques dont ils sont issus. En effet, cultiver la vertu, apprivoiser la force, et mettre cette force au service de la vertu sont des grands thèmes présents dans la totalité des arts martiaux. Il en découle donc tout un ensemble de valeurs comme le respect, l’humilité, la persévérance, l’honnêteté, la loyauté,… la liste est longue. La pratique des arts martiaux a toujours été de paire avec une conscience de santé et de développement du corps.

Ces valeurs, largement inspirées par les courants Bouddhistes, Confucianistes et Taoïstes inscrivent l’Homme dans une logique d’harmonie universelle que représente bien le signe chinois 王 (wang). Cet idéogramme est composé de trois traits horizontaux qui représentent le ciel en haut, la terre en bas, et l’homme au milieu. Le trait vertical symbolise le lien fait entre ceux-ci, et celui qui fait ce lien est le roi. Le but des arts martiaux est, hormis les impératifs guerriers en temps de guerre, d’arriver à créer ce lien en cultivant vertu et maîtrise du corps.

De nos jours, les arts martiaux sont une excellent école de vie pour les enfants et adolescents de part le cadre respectueux qu’ils instaurent et les valeurs susnommées qu’ils colportent. L’aspect santé est très important car dans la vie sédentaire, avoir une activité physique est indispensable.

Les arts martiaux sont aujourd’hui, comme le sont les religions, le vecteur de valeurs qui tendent à se perdre dans la vie sociale quotidienne.

B/ La spécificité coréenne

gravureLes arts martiaux coréens sont basés sur une synergie de trois principes :

  • La santé spirituelle et physique : « vivre longtemps et en bonne santé »
  • L’efficacité : pour se défendre avec succès, « un coup qui donne la mort »
  • La beauté : une esthétique de l’art développée par les Hwarang principalement.

La mise en avant de la beauté est un caractère particulier des arts martiaux coréens. Bien sûr, la recherche d’une certaine harmonie visuelle est présente dans les autres courants d’arts martiaux mais il revêt une importance première dans la tradition martiale coréenne, et même dans la société coréenne elle-même.

Les Hwarang ont eu une influence majeure dans la recherche de la beauté dans les arts coréens. Les jeunes guerriers, se devaient d’être beaux physiquement. Cette donnée est une exception coréenne car les autres arts martiaux, s’ils cherchent à développer le corps et l’esprit, ne comportent pas cette quête de la beauté pour la beauté en elle-même.

tambourContrairement aux autres arts basés sur un principe d’opposition et de complémentarité entre le Yin et le Yang, les arts martiaux coréens sont aussi basés sur trois principes comme nous l’avons vu. Ces principes sont reliés à des couleurs et représentent les 3 éléments principaux de l’univers :

  • La santé : le ciel : la couleur bleue
  • L’efficacité : le rouge : la terre
  • La beauté : le jaune : l’Homme

Les arts martiaux coréens mettent l’accent sur les coups de pieds, et particulièrement les techniques de coups de pieds sautés et retournés. Il est dit que la géographie montagnarde du pays a favorisé le renforcement musculaire des jambes des coréens qui ont donc développé des techniques se servant de leurs membres inférieurs.

Cette recherche de la beauté et l’utilisation des coups de pieds constituent la base d’arts martiaux typiquement coréens comme le Taekkyon ou le Tae Kwon Do.

III/ PRESENTATION DES PRINCIPAUX ARTS MARTIAUX COREENS AUJOURD’HUI

Les différents arts guerriers développés durant les Trois Royaumes ont donné lieu à une multitude de styles plus ou moins proches les uns des autres qu’il serait inutile de citer tant il est ardu d’en faire une liste exhaustive. Depuis cette époque lointaine jusqu’à nos jours nombre de ces disciplines sont tombées en désuétude, se sont perdues, ont été aspirées par d’autres courants.

A/ Les arts dits traditionnels

1) Le Taekkyon

taekkyonLe Taekkyon est l’art martial coréen par excellence, c’est d’ailleurs le seul qui ait été déclaré « patrimoine culturel intangible important » par le gouvernement coréen. Il est donc considéré comme un trésor national. Il trouve ses racines dans les arts martiaux anciens pratiqués à Koguryo mais a été plus fortement influencé les pratiques des guerriers de Baekje. Les affrontements de Taekkyon sont fluides, ils s’apparentent à de la danse et sont accompagnés de chants et de musique. Cela lui vaut parfois le surnom de Capoeira coréenne. On ne cherche pas à blesser l’adversaire avec les techniques spectaculaires de jambes et de projections mais à le mettre au sol, à lui toucher la tête avec les pieds, ou encore à le pousser hors de l’aire de combat. Les mains sont ouvertes pour ne pas faire mal mais aussi pour déconcentrer l’adversaire. Les combats sont dynamiques, souples, et se déroulent dans un cercle de huit mètres de diamètre. Les combattants portent une tenue traditionnelle ainsi que des chaussettes ouatées.

Les autorités actuelles du Taekkyon désirent à terme introduire leur art martial aux jeux olympiques mais la réussite de ce projet semble, pour l’instant du moins, assez peu probable devant le manque de reconnaissance de la discipline en dehors de Corée.

2) Le Ssireum

ssireum1Le Ssireum, la lutte coréenne est le plus ancien des arts guerriers dont on peut retrouver la trace. On est trouve des peintures présentes sur les tombes royales de Koguryo et des documents chinois prouvent son existence avant même la création de ce royaume. Cette lutte inspirée de la lutte mongole se pratique dans un cercle couvert de sable fin. Cette discipline, propagée au Japon, a donné naissance au Sumo qui est mieux connu en occident. Les deux adversaires portent une culotte et une ceinture qu’ils saisissent afin de se projeter au sol mais jadis les lutteurs portaient un pantalon, que les puristes cherchent à rendre obligatoire à nouveau. Les coups quels qu’ils soient sont interdits et l’on gagne le combat si l’on fait toucher le sable à son adversaire avec n’importe quelle partie du corps à partir du genou ou si l’on réussit à le faire sortir du cercle de sept mètres de diamètres. Il est à noter que cet art, contrairement aux autres arts coréens, a connu un essor sous la dynastie Choson.

Les compétitions de Ssireum connaissent un succès relatif aujourd’hui qui tend à diminuer d’année en année même si les sport est pourtant spectaculaire par rapport à son homologue japonais : il est courant de voir un lutteur faire passer son adversaire au dessus de sa tête lors d’une projection.

B/ Les arts dits modernes

 1) Le Hapkido

hapkidoLe Hapkido est un art martial traditionnel coréen d’auto-défense alliant souplesse, harmonie, contrôle de l’équilibre et de l’énergie, il est composé de percussions, de projections et de chutes, de multiples clés, de saisies et d’étranglements. Il utilise également la frappe directe sur les points vitaux avec les armes naturelles du corps. Enseigné couramment dans les forces de police coréenne, le Hapkido forme un système complet et très efficace de défense personnelle. De plus, la recherche du placement optimal et l’utilisation de l’énergie de l’adversaire font de cette discipline, une pratique accessible à tous (à partir de 16 ans). Il puise ses influences dans l’art de samouraïs japonais ainsi que dans les arts ancien coréens.

2) Le Tae kwon do

Nous développons ce point au  chapitre suivant.

IV/ LE TAE KWON DO

A/ Origines et création du Tae Kwon Do

 Après la période des Trois Royaumes, les différentes disciplines martiales suivirent leur évolution à travers le temps et l’espace coréen. Les arts guerriers tombant quelque peu en désuétude à partir de la dynastie Koryo, ces techniques de combat survécurent néanmoins.

En 1909, lorsque les Japonais occupèrent le sol coréen, leur premier souci fut d’interdire ces pratiques qui continuèrent à être enseignées dans la clandestinité. A cette époque, les coréens enrichirent leurs arts de techniques issues d’autres arts martiaux chinois, mais surtout japonais.

En 1945, avec la fin de la guerre, les Japonais quittent la Corée et les Coréens chercheront donc à restaurer leurs valeurs nationales. C’est durant la guerre de Corée, en 1952, que le président Rhee Sungman décida qu’il fallait enseigner les arts martiaux coréens aux militaires. Une assemblée d’experts sous la houlette du général Choi s’afféra à réunir les différentes écoles coréennes sous un seul nom : le Tae Kwon Do, ce qui signifie la voie des pieds et des poings. Certaines écoles refuseront cette union dont le Taekkyon et le Subak.

Le taekwondo est officiellement né le 11 avril 1955, après un long travail de développement et d’unification des différentes écoles d’arts martiaux coréennes. C’est donc à la fois le fruit d’une longue tradition martiale et le fruit du travail d’un homme, le général Choi Hong Hi, qui présida la réunion de 1955.

Dès la création officielle du Tae Kwon Do, le général dédia toute son énergie à promouvoir cette discipline, organisant des démonstrations à travers le monde.

unmonsieurLe 22 mars 1966 fut créée la Fédération Internationale de Taekwondo, l’ITF. Le général Choi continua son action de promotion de l’art coréen à travers le monde avant d’être contraint à démissionner de son poste de président de la fédération suite à une démonstration donnée en Corée du Nord subie comme une trahison par le gouvernement. Choi ne quittera pas son poste et décida de déplacer le siège de l’ITF au Canada, à Toronto.

Le gouvernement de Corée du Sud, qui ne voulait pas perdre le taekwondo, qui était devenu un extraordinaire outil de propagande pour le pays, créa la WTF (World Taekwondo Federation ou Fédération Mondiale de Tae Kwon Do) en 1973. Les techniques furent remaniées et ce nouvel art martial commença à être répandu en bénéficiant de l’appui du gouvernement, surtout dans les pays de l’Ouest. Depuis, les deux Tae Kwon Do cohabitent plus ou moins pacifiquement. Le maintien d’un seul nom pour désigner ces deux disciplines est à la base de nombreuses confusions, ces deux arts martiaux étant très différents dans les faits. Si le taekwondo du général Choi a poursuivi son évolution scientifique et la recherche de l’efficacité, celui de la WTF a pris une toute autre direction, celle de l’olympisme.

Le Tae Kwon Do fut présenté lors des jeux olympiques de Séoul en 1988 par une fantastique démonstration, puis fut présent en tant que sport de démonstration et devint fit sa première apparition en tant que discipline olympique aux jeux de Sydney, en 2000.

On peut se demander comment un sport aussi jeune a réussi à être admis en tant que discipline olympique aussi vite. La réponse est une nouvelle fois politique. En effet, le docteur Un Young Kim, élu membre du CIO (Comité International Olympique) en 1986 et à la tête de l’AGFIS (Association Générale des Fédérations Internationales de Sport) la même année a usé de son influence pour permettre au Tae Kwon Do une entrée dans le monde olympique, coiffant sur le poteau les Japonais qui ne sont pas parvenu à faire intégrer leur Karaté, trop divisé et ne bénéficiant pas d’appuis suffisamment bien placés.

B/ Les deux aspects du Tae Kwon Do

La pratique du Tae Kwon Do possède deux aspects bien distincts, la technique et le combat, qui peuvent être pratiqués séparément mais qui sont complémentaires pour saisir l’aspect martial de cet art et son esprit.

Les 2 pratiquent utilisent la même tenue appelée Do Bok qui se différencie des autres arts martiaux par un tissu léger et surtout un col en V caractéristique.

1) L’aspect technique

taekwondoL’aspect traditionnel du Tae Kwon Do se retrouve dans la pratique de l’aspect technique de la discipline qui comprend les techniques de self-défense (Ho-Shin-Sul), les Poumsés (enchaînements programmés de techniques de bases), les techniques de casses diverses (planches, tuiles,…). L’aspect technique est très développé et comporte un nombre important de frappes, blocages, et projections qui n’apparaissent pas dans l’aspect compétition du Tae Kwon Do.

Les pratiquants évoluent de la ceinture blanche à la ceinture noire en passant par les couleurs jaunes, vertes, bleues, et rouges. Ils obtiennent ces ceintures en réussissant des examens de passage de grade durant lesquels leurs connaissances et leurs aptitudes sont étudiées par leur maître au sein du club, et un jury à partir de la ceinture noire (ceinture rouge et noire pour les moins de 16 ans).

Des compétitions techniques existent : les pratiquants sont notés sur la réalisation des Poumsés et obtiennent une note de la part d’un jury. La concentration est extrême dans l’exécution du Poumsé afin de pouvoir « Vivre son Poumsé ». La concentration permet de dégager une unité entre le corps et l’esprit. Le regard doit être porteur de toute la détermination à l’exécution du Poumsé, il doit suivre la direction des enchaînements techniques et des déplacements. La justesse des gestes, la maîtrise des déplacements ainsi que les appuis au sol et l’esthétique générale sont les critères décisifs de la notation.

On compte de célèbres équipes de démonstration de Tae Kwon Do dont les impressionnants Korean Tigers, maîtrisant à la perfection les techniques de bases mais aussi les techniques de casses les plus spectaculaires.

2) L’aspect combat, le sport olympique

arts martiaux rocheLe Tae Kwon Do de compétition a vu ses règles axé quasi uniquement sur les techniques de jambes afin d’augmenter les chances d’accession aux jeux olympiques. En effet, cela donne à cet art martial un caractère unique et qui lui vaut le surnom d’escrime des jambes.

Les protections : Les protections sont obligatoires et nombreuses : casque, plastron, protèges tibias et avant-bras, coquille génitale, et depuis peu des gants fins destinés à protéger les poings afin d’assurer la sécurité des combattants.

Les coups autorisés sont les coups de pieds au dessus de la ceinture, plastron et tête, et les coups de points sur le plastron. Les points sont décernés par trois juges situés à l’extérieur de l’aire de combat (un carré de 10 mètres de coté) qui enregistrent les points grâce à des télécommandes leur permettant d’afficher le score en temps réel sur le panneau visible prévu à cet effet. Un coup de pied porté au plastron compte pour 1 point, un coup de pied au visage pour 2 points. Les points marqués grâce aux coups de points sont rares car ils demandent de faire chuter l’adversaire. Un coup nécessitant à l’arbitre d’intervenir pour compter un combattant visiblement sonné attribue un point de plus à l’auteur du coup.

Arbitrage : Les combats se déroulent en 3 rounds de 2 minutes dans une aire de combat de forme carrée de 10 mètres de côté. Les arbitres sont au nombre de quatre : un à l’intérieur de l’aire qui arbitre le combat, et trois destinés à comptabiliser les points grâce à des télécommandes permettant l’affichage en temps réel du score sur des panneaux prévus à cet effet. Le Tae Kwon Do reste un sport difficile à arbitrer et les erreurs sont très fréquentes. L’une de ces erreurs à d’ailleurs poussé l’un des combattants des JO de Pékin à perdre l’esprit et à en venir aux mains avec l’arbitre. Ce comportement est tout à fait condamnable mais ce n’est pas par hasard que cet incident se soit produit en Tae Kwon Do, sport où la politique joue un rôle considérable. D’ailleurs, si vous demandez l’avis d’athlètes par rapport au geste du combattant Cubains, la majorité d’entre eux vous avouera avoir déjà pensé à le faire durant sa carrière. Des plastrons électroniques commencent à être utilisés dans les compétitions pour tenter de diminuer les erreurs d’arbitrages.

Des avertissements, donnant lieu à un demi-point de pénalité sont attribués en cas de non combativité, chute, sortie de l’aire de combat. Des sanctions sont distribuées en cas de faute grave comme un coup de poing porté au visage ou un coup porté à un adversaire au sol et coûtent un point de pénalité. Si l’un des combattants obtient quatre points de pénalité dans un même combat, il est éliminé.

On remporte le combat lorsque le combat arrive à son terme et que notre total de points (moins nos points de sanction) surpasse celui de notre adversaire. Le premier combattant arrivant à 12 points remporte automatiquement la victoire et sept points d’écart donne aussi la victoire au dominant. On peut aussi être déclaré vainqueur par KO, cela signifie que notre adversaire n’est pas en capacité de poursuivre le combat suite à un coup, et après le décompte de l’arbitre. En cas d’égalité, un quatrième round a lieu avec la règle du point en or ; le premier des combattants à marquer un point gagne, le premier arrivé à -1 point perd. Si aucun point n’est marqué ni perdu, les 4 arbitres se concertent pour désigné un vainqueur.

Le Tae Kwon Do de compétition réclame souplesse, explosivité et une excellente condition physique des combattants qui enchaînent les combats selon un système d’élimination directe lors des compétitions. Mais surtout, les combats revêtent un sens technico-tactique qu’il est difficile d’appréhender pour un non-initié. Le Tae Kwon do s’apparente à un jeu d’échec ou la moindre erreur coût un point ou la victoire. Le timing, le coup d’œil, et surtout la maîtrise des déplacements sont la clé de la réussite en compétition et font la différence entre des athlètes dont les capacités physiques, hors exceptions, tendent à s’égaler au plus haut niveau. Cet aspect très tactique rend les combattants très prudents et a contraint l’évolution des règles de combats dans le but de rendre les affrontements plus dynamiques.

C/ La place du Tae Kwon Do dans la vie sociale aujourd’hui

1) Dans l’éducation

Après sa création, la Tae Kwon Do fut utilisé comme instrument de propagande et d’unification nationale et son enseignement rendu obligatoire dans les écoles. Ceci n’est plus vrai depuis les années 90 mais le Tae Kwon Do, s’il n’est plus impératif, est tout de même présent dans l’enseignement sportif scolaire.

Les écoles de Tae Kwon Do privées sont aujourd’hui surtout prisées en tant qu’écoles de vie et… de garderies. Les parents envoient leurs enfants étudier ce sport pour qu’ils s’imprègnent des valeurs diffusées par cet art, mais force est de constater que bien souvent, les professeurs tendent à chouchouter leurs élèves par peur qu’ils ne n’en viennent à quitter le club ce qui signifierai une baisse de leurs revenus. Il est fréquent de croiser dans les rues coréennes de très jeunes enfants portant le Do Bok et possédant une ceinture rouge et noire.

A la manière des joueurs de Basketball aux Etats-Unis, les meilleurs compétiteurs de Tae Kwon Do se voient offrir des bourses d’enseignement prenant en charge les dépenses liées à leurs études en contrepartie de leur entrée dans l’équipe universitaire de l’établissement recruteur. Au vu du coût des études en Corée, ces bourses sont très recherchées et extrêmement difficile à obtenir.

2) Dans l’armée

Le Tae Kwon Do fait partie intégrante des enseignements militaire depuis l’époque du général Choi. Tout soldat coréen se doit d’obtenir au moins le grade de ceinture noire premier dan avant sa sortie du service militaire, qui rappelons le dure en Corée du Sud un peu plus de deux ans. On pratique dans l’armée les techniques d’auto-défense mais aussi la partie compétition qui donne lieu à des tournois militaires d’excellent niveau.

3) Dans les médias

Le Tae Kwon Do est largement distancé par les sports les plus populaires comme le Baseball ou le Football et sa popularité était en baisse régulière. Cependant, les quatre médailles d’or olympiques sur quatre combattants coréens envoyés aux jeux de Pékin ainsi que accession à la commission des athlètes du CIO du médaillé d’or olympique Moon Dae Sung (1er asiatique à être nommé à ce poste) ont relancé la machine. Des spots télévisés, les rediffusions des combats des médaillés et la présence de Moon Dae Sung dans les médias suffiront-ils à repopulariser le Tae Kwon Do et lui donner une place de choix ? L’avenir nous le dira.

CONCLUSION

Des influences anciennes chinoises au sport olympique de haut niveau qu’est le Tae Kwon Do, des millénaires se sont écoulés. Traiter le sujet des arts martiaux coréens, si riches et diversifiés, aurait mérité un livre entier pour pouvoir avoir une réelle vue d’ensemble et pouvoir détailler comme il se doit. Le but de ce devoir a donc été de donner une esquisse de l’histoire de ces arts en mettant traitant les principaux arts se pratiquant à mains nues, puis à développer plus en détail sur le Tae Kwon Do WTF.

Dans le cadre du dialogue intercoréen visant à la réunification des deux Corées, des rencontres sont organisées entre les dirigeants de l’une des fédérations ITF (à laquelle sont affiliés les athlètes nord-coréens), actuellement présidée par M. Jang Ung, et de la WTF (proche des instances officielles sud-coréennes), dirigée par M. Choi Chung-won, afin d’unifier les deux fédérations mondiales de taekwondo. On pourrait alors se poser la question de savoir si le rapprochement des deux Tae Kwon Do sera l’une des étapes par lequel passera le rapprochement des deux Corées.

[toggle title_open= »Sources et Bibliographie » title_closed= »Sources et Bibliographie » hide= »yes » border= »yes » style= »white » excerpt_length= »0″ read_more_text= »Read More » read_less_text= »Read Less » include_excerpt_html= »no »]-Interview de monsieur Philipe PINERD, ex entraineur de l’équipe de France de tae Kwon Do, Haut gradé en Tae Kwon Do et Hapkido, spécialiste des arts martiaux coréens.

-Le Tae Kwon Do, R. Mollet et J. Vielillard.

-Mudo, les arts martiaux Coréens, S. Trochet et F. chaussade.

-www.fftda.fr, le site officiel de la Fédération Française de Tae Kwon Do et Disciplines Associées.

-fr.wikipedia.org, pour ce que cela vaut.

-www.tkdtutor.com

Il est à noter que les informations divergent de façon assez importante suivant les différentes sources, étant parfois totalement en contradiction. Je me suis donc basé sur ce qui ne rentrait pas en conflit avec les explications de monsieur PINERD qui m’a semblé étant compétant sur le sujet ayant étudié les arts martiaux coréens en Corée pendant plus de 5 ans. Les différents arts s’étant répandus au sein de la Corée et s’étant influencés les uns les autres, il n’est pas étonnant de trouver des sources contradictoires.[/toggle]