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La soupe de maman baleine

La soupe de maman baleineMaman baleine part au marché, pour acheter de quoi confectionner une bonne soupe pour ses petits.
Dans cet album, une fois passée la surprise de la découverte d’un univers étrange, partagé entre monde aquatique et berges fantomatiques, la finesse des camaïeux d’aquarelle installe une douce atmosphère, propice à l’évocation de cette jolie histoire familiale. Dans des tons bleus, verts, bruns et roux, d’un trait de pinceau stylisé mais identifiable, Yana Lee trace son aventure dans un style impressionniste qui ravit l’œil et le cœur. Car il est au service d’une évocation tendre et joyeuse : des petits baleineaux tout en mimiques, exprimant tour à tour joie et déception, pendant que leur maman, comme la proue du navire, s’avance sur sa bicyclette, guidant ses petits sur la route et dans la vie. La double page du marché est un régal pour qui prend le temps d’en reconnaître tous les attributs, un marché lui aussi à la fois sous-marin et presque terrestre, où les produits exposés font référence à la mer, mais encore aux produits de la terre, comme les légumes, et plus loin quelques bouteilles, exposés sous des tonnelles ou des stores multicolores.
La petite ligne de texte modeste et finement tracée, comme une vaguelette, rythme la lecture, simplement. Elle énonce les faits. Pourtant, c’est une petite ligne rouge. Comme la maman baleine est rouge et ses petits baleineaux aussi, comme si ce qu’il fallait retenir de cette histoire, c’est cette apparition du rouge : rouge baleine, rouge enfants, rouge vie, rouge amour. L’utilisation de la couleur comme vecteur d’émotions et de messages rappelle le travail d’Iela Mari dans « Les aventures d’une petite bulle rouge » ; la force de l’évocation par la couleur inscrira le souvenir émotionnel de l’album dans tous les petits cœurs .
Ainsi, sans avoir l’air de rien, cet album délicat et poétique propose aux parents et à leurs enfants une petite fable sur l’amour inconditionnel des mamans pour leurs enfants, qui se traduit dans tous les petits actes du quotidien, jusqu’à la confection d’une bonne soupe de poireaux, dont la chroniqueuse croit bien se souvenir qu’il s’agit en réalité d’un met honni par les jeunes enfants. Oui, mais si l’on ne peut pas toujours choisir ce que l’on met dans la soupe, celle-ci est quand même toujours préparée avec amour, et cet ingrédient incomparable est un exhausteur de goût inoubliable.
À consommer sans modération.


LA SOUPE DE MAMAN BALEINE
DE YANA LEE
Éditions MeMo, 36 pages, 15.20 €

Documentaliste dans l' Education Nationale, et très impliquée dans la promotion de la littérature pour la jeunesse, j'ai découvert la production coréenne il y a plusieurs années, et j'ai été emballée! Je m'attache donc dans Keulmadang à en partager les délices avec les lecteurs, sans m'empêcher parfois de chroniquer un roman ou une bande dessinée pour les plus grands.