Portraits d'Auteurs

Association des auteurs de romans policiers

Anthologie de nouvelles policières publiée par le centre
Anthologie de nouvelles policières publiée par le centre

Sur les débuts de l’association…

L’association des écrivains de roman policier était au départ un club littéraire fondé par des professeurs de littératures anglaise et japonaise mordus de genre policier : nous sommes alors au début des années 80. Les premières activités du groupe ont été la traduction des classiques du genre, tels que la série des Sherlock Holmes ou les romans d’Agatha Christie. Lorsque cette littérature, à défaut de gagner ses lettres de noblesse, a connu un succès populaire grandissant, le rang des écrivains de polar a grossi de concert avec le nombre d’associations d’écrivains : c’est ainsi que l’association des auteurs de romans policiers a été officiellement fondée le 8 février 1983 par monsieur Lee Ga-hyung. Certains des grands noms du polar coréen en ont occupé la présidence, à l’instar de Kim Song-jong (01 /01/2006 – 31/12/2008). Son président actuel est monsieur Kang Hyeong-won. Ses membres, tous écrivains, se réunissent une fois par semaine.

 

Sur l’essor du roman policier…

Les débuts du roman policier coréen datent du début du 20e siècle, voire de la fin du 19e siècle. A cette époque, on faisait référence à ce genre de textes sous les dénominations de « nouveaux romans » ou de « nouvelles fictions ». Publié en 1939, le roman de Kim Nae-song, 마인( Le Diabolique), narre les enquêtes du détective You Bul-lan, dont le nom a été retenu pour son homophonie proche avec « Leblanc », patronyme du père d’Arsène Lupin (Maurice Leblanc). Ce livre est l’un des premiers à avoir rencontré un très vif succès populaire, même si l’ensemble des critiques l’ont tenu pour un roman de gare. Ce constat vaut aujourd’hui encore : le roman policier coréen ne parvient que difficilement à se défaire de cette image de littérature de seconde zone.

 

Le roman policier comme genre littéraire…

Pendant les années 80, alors même que le genre était florissant, aucun critique n’aurait recommandé un roman policier. La raison de cette dépréciation tient sans doute à la morale confucéenne : tout ce qui revêtait une valeur de divertissement ou qui était tenu pour écrit indécent (par exemple certaines formes de poésie qui chantaient l’amour et la beauté féminine) était perçu comme un amusement de bas étage et contraire aux bonnes mœurs. C’est un peu moins vrai aujourd’hui que sous la dynastie Joseon, néanmoins beaucoup de préjugés sur la littérature policière demeurent.

 

Caractéristiques du roman policier coréen…

Dans les années 70 et 80, la figure majeure de la littérature policière est Kim Song-jong. Son style hard-boiled¹ séduit de nombreux lecteurs et devient un standard. Contrairement à la littérature blanche, qui est volontiers en prise avec des questions existentielles, les personnages dans les romans de Kim naviguent dans les eaux troubles du réel et l’intrigue policière se fait l’écho de faits de société. Ses romans ont d’autant eu plus de succès qu’ils sont arrivés à une période où la répression politique était forte et où le pays s’acheminait péniblement vers la démocratie.

 

Le roman policier coréen à l’étranger…

Les romans de Kim Song-jong ont été publiés au Japon. D’autres œuvres ont été traduites en chinois, mais de manière illégale (ndlr : c’est-à-dire sans en avoir acquis les droits), ou ont fait l’objet de copies littéraires. L’engouement était parfois tel que les maisons d’éditions chinoises envoyaient directement de l’argent aux auteurs coréens en signe d’appréciation.
La cinquième colonne ou Le dernier témoin (publié chez Actes Sud), deux romans de Kim Song-jong, pour des raisons qui tiennent au style hard-boiled de l’auteur, ont des chances de rencontrer leur public à l’étranger. On peut aussi citer L’Éternel empire de Yi In-hwa (Maisonneuve&Larose).

Les activités de l’association…

• Publication d’une revue trimestrielle et d’anthologies de nouvelles (en coédition avec 청어람)
• Création de contenus numériques (http://www.mystery.or.kr/)
• Organisation de festivals de littérature policière
• Aide à la publication avec le soutien de la fondation ARKO (Art Council Korea), suivi des auteurs, mise en relation avec les maisons d’édition.

 

Article rédigé sur la base des propos recueillis auprès de messieurs Kang Hyeong-won et Lee Sou-kwang. Qu’ils en soient remerciés. Traduction : Seo Woori.


¹Roman noir trouvant son origine aux États-Unis, mettant en scène un monde violent, corrompu, et dont le héros est bien évidemment du genre dur à cuire, souvent torturé intérieurement.

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