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La maison qui fleurit

Végétation luxuriante et explosion de couleurs pour une vision poétique de la ville du futur, voilà la proposition d'une nouvelle venue dans la littérature jeunesse coréenne.

Voici un album dont la version française paraît la même année que sa publication originale chez le célèbre éditeur de littérature jeunesse en Corée, Changbi. C’est dire si la production coréenne est regardée de près par les éditeurs français sensibles à la diversité et la poésie des œuvres des auteur(e)s coréen(ne)s.

C’est sûrement le cas de l’éditeur Alain Serres qui ne publie d’ailleurs pas cet album-ci dans sa collection « Coups de cœur d’ailleurs », mais lui offre symboliquement un statut différent dans la collection « Pas comme les autres ».

C’est le premier opus publié d’une jeune créatrice, Kang-mi Yoon, déjà primé dans son pays. Car c’est un album plein d’espoir, une ode à la vie que cette aventure rêvée par une petite fille désoeuvrée dans son appartement séoulite, contrainte de rester enfermée à cause de la pollution extérieure trop importante ce jour-là. Armée de ses crayons, de ses pastels de toutes les couleurs elle décide de faire un dessin extraordinaire, et comme de nombreux enfants, elle va dessiner la maison de ses rêves. Après quelques superpositions d’étages gris à l’image probablement de ce qui l’entoure, elle va animer ce futur univers en l’agrémentant de fleurs, aux tiges grimpantes folles et envahissantes qui bientôt illuminent de leurs couleurs radieuses les tristes façades du quartier. L’enfant laisse libre cours à son imagination et, pleine d’audace, crée une ville nouvelle où les robots sont au service de la nature, où une serre en forme d’éléphant accueille les animaux en vacances, et les rez-de-chaussée sont le terreau sur lequel pousse l’immeuble fleuri : la vie est belle dans cette cité-là, tout le monde est content et cohabite dans la bonne humeur ! Cet aménagement de l’espace urbain pour le développement de la nature dans la ville pour le bien-être des citadins est peut-être dans l’air du temps en Corée comme ailleurs, mais la vitalité, la vigueur de l’envahissement par les végétaux et les fleurs en particulier donne à cet album des allures de poème et aussi de manifeste. Que l’auteure prête son pinceau au personnage de la petite fille est aussi un hommage à la créativité des enfants, souvent bridée par les conventions y compris d’expression. Un album réjouissant, qui invite aussi l’adulte ou l’éducateur à réfléchir.


LA MAISON QUI FLEURIT
YOON KANG-MI
Rue du monde, 40 pages, 17.50 €

Documentaliste dans l' Education Nationale, et très impliquée dans la promotion de la littérature pour la jeunesse, j'ai découvert la production coréenne il y a plusieurs années, et j'ai été emballée! Je m'attache donc dans Keulmadang à en partager les délices avec les lecteurs, sans m'empêcher parfois de chroniquer un roman ou une bande dessinée pour les plus grands.