Avec plus de quarante expositions a son actif, Nam Hyun-joo, peintre sud-coréenne, trahit les canons de la peinture de la période Choseon en chargeant avec des éléments absolument nouveaux et originaux, un symbolisme extrêmement exotique, qui rapproche l’art coréen du monde occidental.
Chaises, fauteuils et sofas sont représenté dans la composition, mais ne sont pas les protagonistes de l’œuvre. Ils accueillent le spectateur et l’invite à rentrer dans la peinture. L’œuvre est divisée en trois parties : passé, présent et futur, chacune marquée par des éléments de division comme bibliothèque et paravent, témoignage d’une ancienne sensibilité coréenne et enrichi en un lumineux optimisme où fleurs et papillons volent dans la toile.
Dans cette magie il n’y a ni place pour le temps ni place pour la douleur, il n’y a de place que pour un rêve, dont nous sommes les protagonistes. Andrea de Benedettis a rencontré Nam Hyun-joo.
1. Combien de temps il vous faut pour la réalisation d’une oeuvre?
La réalisation de mes peintures demande toujours beaucoup de temps, ainsi que la préparation du papier traditionnel coréen sur lequel elles sont produites. La production de toutes mes œuvres est basée sur une technique traditionnelle pas trop différente de la sérigraphie, conçue sur plusieurs niveaux de couleurs. Avant de commencer un second niveau il faut attendre que le précédent soit terminé et, ce faisant, pour produire une seule peinture il me faut parfois plusieurs jours de travail.
2. Quelle est la caractéristique principale de l’art coréen ?
Je crois que la différence fondamentale dans l’art coréenne et l’art de la Chine et du Japon est la façon de vivre les sentiments, très différente entre les peuples orientaux. Nous parlons souvent de « peinture orientale », parce qu’à première vue, la peinture de l’Orient suit des règles esthétiques souvent similaires, mais en fait la peinture chinoise bénéficie de la richesse de sa culture et s’appuie sur un descriptivisme très profond qui est un produit continental. La culture japonaise est une île indépendante de la culture et sa manifestation est, comme dans le ukiyo-e, un design très coloré, riche et parfois osé.
Au centre de ces deux cultures, la culture coréenne influencée par le continent, a su la transmettre à son voisin, le Japon. La peinture coréenne est peut-être plus essentielle que la peinture chinoise, moins détaillée, mais tout aussi harmonieuse et élégante.
Nous pouvons apprécier les styles des différents pays en observent les photos de trois tigres produites par des artistes des trois pays. Certains chercheurs croient également que la Chine est comme une actrice de théâtre, le Japon comme une geisha et la Corée comme une ménagère. C’est évidemment une définition un peu extrême, mais elle révèle aussi quelque chose de vrai.
Etre « une » artiste en Corée implique quels avantages et quels inconvénients?
Un inconvénient provient sûrement de la mentalité machiste qui existe encore en Corée du Sud, et dont aux hommes sont généralement reconnus des mérites plus hauts que ceux d’une femme.
Le côté positif, c’est que « une » artiste n’a pas la responsabilité de sa famille et, par conséquent, nous ne doit pas gagner forcement d’argent. Nous sommes donc plus libres de consacrer notre vie à notre travail artistique.
Quels sont vos projets maintenant?
Je serais bientôt à Myeongdong, à Séoul, pour une exhibition. J’ai toujours voulu faire des expositions en Europe et j’ai déjà eu l’occasion de montrer mes œuvres en Allemagne et en Italie. Je serais très heureuse d’organiser une exposition en France, et après en Grande-Bretagne.