La Corée du Nord a annoncé récemment la mise en place d’un moratoire sur ses lancements de missiles longue distance, ses tests nucléaires et ses activités d’enrichissement de l’uranium. Elle a également accepté le retour des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur son sol, trois ans après leur expulsion.
Les Etats-Unis, qui ont pris acte de la décision de Pyongyang, ont annoncé en contrepartie la reprise prochaine de leur aide alimentaire à la Corée du Nord. Cette détente visible sur la question du nucléaire nord coréen resta cependant en demi-teinte lorsque la RPDC décida d’un prochain lancement de satellite. Provocation pour les pays membres des entretiens à six. C’est sur la question nord coréenne, notamment sur l’accession au pouvoir de Kim Jong-eun, actualité oblige, que la Revue des deux mondes entame sa livraison du mois de mars, consacrée à la péninsule coréenne et intitulée Corées futures. Plusieurs spécialistes du matin calme se succèdent à l’écriture; ils sont historiens, écrivains, professeurs, traducteurs, directeur de centre culturel ou ambassadeur, et garantissent au lecteur, pour chaque domaine d’étude investi, rigueur d’analyse et clarté des explications, le tout complété d’une large bibliographie. Sous le titre Corées futures, on conçoit la finalité et la pertinence de la revue qui propose de développer les défis auxquels doivent faire face les deux Corées – au Sud les mutations sociales, la mise en perspective du miracle économique et la diffusion à travers le monde de la culture coréenne ; au nord la stabilité et l’indépendance économique du régime -, tout en soulignant la nécessite d’un agir ensemble pour un avenir sûr et prospère. A ce titre le « sommet intercoréen de juin 2000 » extrait de l’autobiographie de Kim Dae-jung peut être lu comme la tentative -politique et littéraire- de la Corée unie. On pourra tout de même regretter que les articles sur le Nord traitent plus systématiquement de politique ou d’histoire alors que l’aspect culturel est plus largement abordé dans les développements sur la Corée du Sud. Ce vaste et très complet dossier aurait pu gagner en transversalité d’analyse, notamment en investissant davantage la question d’un nationalisme ethnique qui n’a pas su se montrer suffisamment intégrateur face aux nationalismes politiques. Un approfondissement du cinéma nord coréen1 aurait fait un beau pendant à l’article « le cinéma coréen aujourd’hui ». Quant à celui consacré à la littérature « Promenade à travers la littérature coréenne », avec la parution récente de la première traduction en français d’un roman nord coréen2, il donne envie d’en savoir plus. Il fallait bien sûr se limiter sur la longueur et le nombre de sujets à aborder. Le lecteur reste libre d’approfondir les pistes explorées grâce aux nombreuses références fournies. En guise de conclusion ouverte, le dernier chapitre traite de la vague coréenne hallyu, principalement à travers le prisme de la K-pop « la K-pop surfe sur le hallyu ». Puisque la vague déferle sur l’Europe, il sera toujours temps d’analyser ce qu’elle voudra diffuser comme image de la Corée, en particulier dans le domaine du cinéma et de la littérature. Elle devrait en tout cas nous apporter de nombreuses autres publications que nous espérons de la même tenue que celle-ci.
1 Antoine Coppola a par ailleurs traité du cinéma nord coréen dans d’autres articles « Le cinéma nord coréen : arme de destruction massive ? » cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 2007.
2 Baek Nam-ryong, Des amis, Actes sud, 2011