Ses nouvelles et romans abordent avec humour le droit à la différence et à suivre sa propre voie. Chaque lecture est une friandise pour le lecteur embarqué dans le tourbillon des vies des personnages. Avec son style unique très imagé, Kim Jung-Hyuk nous transmet des éléments de réflexion sur la condition de l’Homme face à son destin. Avec pour toile de fond une société coréenne prisonnière des valeurs traditionnelles, l’auteur nous plonge dans des histoires aux apparences de récits anecdotiques, pour en fin de compte nous laisser entrevoir une issue optimiste pour des personnages bien souvent malmenés par la vie.
Nous avons rendez-vous avec Kim Jung-Hyuk de passage à Aix en Provence à l’occasion de la « Rencontre avec les jeunes écrivains coréens » organisée par la Méjane et l’Institut de Traduction Littéraire de Corée (KLTI).
En ce frais et ensoleillé matin d’octobre, nous arrivons dans la ravissante cour d’un hôtel aixois. Le cadre est des plus agréables pour ce moment privilégié. Afin d’apporter une touche de convivialité, nous sommes venus les bras chargés de viennoiseries encore tièdes. Dans le patio inondé par la douce lumière automnale, notre photographe a déjà installé son matériel.
Quelques minutes s’écoulent, nous réglons les derniers détails techniques. Kim Jung-Hyuk entre dans le patio. Nous échangeons quelques courtoisies avant la séance photo. Mais la fraicheur est vive, aussitôt les prises de vues achevées, nous nous empressons de rentrer au chaud. Nous nous dirigeons vers le salon de l’hôtel où nous prenons place à une table.
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Pouvez-vous nous raconter la genèse de « La bibliothèque des instruments de musique » ?
Mon premier recueil était consacré aux objets. Mais depuis ma plus tendre enfance, je suis fasciné par la musique, c’est sans doute l’une des raisons essentielles qui m’a amené à écrire sur la musique dans mon second recueil. En effet, j’ai toujours été curieux de comprendre comment la musique prenait forme, par exemple, comment le son du piano était produit et où il allait lorsque l’on appuie sur une touche. J’ai lu de nombreux ouvrages sur la musique, et j’en suis arrivé à la conclusion que ce serait bien de travailler sur un recueil composé de différentes histoires ayant trait à la musique, un peu comme un musicien compose un album. Lorsque cette idée a germé dans mon esprit, j’ai décidé de m’atteler à la création de ce recueil « musical ».
Que représente la musique pour vous ?
« No life, no music ». C’est le slogan de Tower Records (équivalent Virgin ou Fnac en Corée et au Japon). La musique est vitale pour moi. J’écoute de la musique quand j’écris. Son rôle est double, d’une part, telle une barrière, elle m’isole des autres, d’autre part, tel un cordon ombilical, elle est ce qui nous relie les uns aux autres. Elle est donc primordiale pour mes œuvres et pour moi.
Dans « B et moi », la plus grande crainte de B est que le monde disparaisse avant qu’il ne devienne célèbre, dans « la bibliothèque des instruments de musique », le narrateur ne veut pas « mourir anonyme », dans « Maniaques de vinyles », le narrateur est sauvé in extremis, enfin le protagoniste de votre premier roman, « Zombie », semble également s’interroger sur le sens de la vie en cas de disparition de l’univers. Comment interpréter la récurrence de cette crainte quasi obsessionnelle chez vos personnages ?
Un roman, une nouvelle, quel que soit le format, les auteurs écrivent sur l’Homme dont le destin est de mourir, ainsi il est normal que la mort soit présente d’une manière ou d’une autre. C’est probablement pour cela que la vie et la mort sont deux thèmes récurrents dans tous romans. Comment la mort change la vie d’une personne ? En tant qu’écrivain, je porte un intérêt particulier à la mort, et je souhaite que cette question sous-tende mes nouvelles. C’est pourquoi je mets en scène des personnages en danger de mort ou qui réfléchisse sur la mort.
En quoi cela reflète-t-il votre conception de la vie ?
Je pense que la vie et la mort sont deux réalités très proches. C’est une conception philosophique très orientale. D’ailleurs, il est souvent dit de mes nouvelles qu’elles ne sont pas très coréennes. Cette vision radicale de la vie et la mort caractérise mes œuvres mais, dans un sens, elle constitue également une limite.
Dans votre recueil, la solitude est omniprésente – le narrateur dans « B et moi », le narrateur dans « Maniaques de vinyles » enfermé dans le sous-sol, D est l’incarnation sonore de la solitude, et bien sûr le narrateur de « La bibliothèque des instruments de musique ». Ces multiples formes de solitude feraient-elles écho à la crainte de disparaître avant de s’être accompli ?
Comme j’aborde souvent le thème de la mort dans mes nouvelles, je me plais à décrire des situations relativement extrêmes, par exemple dans « Maniaques de vinyles », le narrateur se retrouve enfermé dans un sous-sol, complètement coupé du reste du monde. La plupart du temps mes personnages sont seuls, cette solitude est la condition sine qua none à leur réflexion sur la vie et la mort. Imposer ces circonstances, parfois difficiles, fait apparaître spontanément les thèmes de mes nouvelles.
Vous mettez donc volontairement vos personnages dans des situations délicates ?
Exactement. Les personnages doivent être mis en danger pour créer une certaine anxiété et enchainer les événements au fil de l’histoire, comme c’est le cas dans la plupart des romans.
Vos personnages mènent des vies plus ou moins ordinaires mais connaissent finalement des destins hors du commun. À travers ces tranches de vies, quel message souhaitez-vous adresser à vos lecteurs ?
J’aime mettre mes personnages face à des situations difficiles, comme devenir orphelin du jour au lendemain. Ce qui importe, c’est leur capacité à s’adapter, à accepter cette nouvelle situation car ma vision évolue en fonction de leurs réactions. La plupart de mes personnages persévèrent sans perdre espoir, on peut dire que c’est aussi un trait de mon caractère. Je décris ce genre de personnages pour montrer qu’il est important de préserver son énergie et de garder espoir.
Comment résumeriez-vous votre second recueil ?
En un mot, musique. À travers mes nouvelles, je voulais créer une musique, finalement, j’ai écrit ce recueil. Et un jour, j’ai montré ce recueil à des amis musiciens en leur expliquant que je voulais créer une musique et ils m’ont dit que c’était aussi une forme de musique. J’étais ravi d’entendre que mes nouvelles pouvaient être considérées comme une forme de musique.
Dans « La bibliothèque des instrument de musique », lorsque le narrateur explique ce qu’il voit quand il ferme et ouvre les yeux ; dans « Maniaques de vinyles », l’image des pochettes de disque qui s’envolent telles les feuilles d’une éphéméride ; les phrases sont d’une telle limpidité que l’on peut qualifier votre style de très « visuel » presque cinématographique. Les mots forment des images. Comment travaillez-vous pour atteindre cette justesse dans les descriptions ?
Chaque écrivain a sa propre manière de travailler, mais, je suppose que nous commençons tous par « créer » des images avant d’écrire. Pour ma part, je commence à travailler lorsque l’image est achevée. C’est peut-être pour cette raison que mes nouvelles sont souvent qualifiées de « visuelles ». Je fais partie d’une génération abreuvée d’images que ce soit à la télévision ou dans les films, cela influe sans doute beaucoup sur mon style. Imaginer les environnements, les lieux qui serviront de toile de fond à mes nouvelles est une étape primordiale pour moi. Je réfléchis d’abord à l’agencement d’une maison et ensuite seulement j’y projette mes personnages. Ainsi, mes phrases dans mes nouvelles sont à la fois « visuelles » et structurées.
Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Plus jeune, j’ai regardé beaucoup de films, lu de nombreux livres, mais aujourd’hui, je m’inspire des paysages, des gens dans la rue. Je privilégie les transports en commun, cela me permet d’observer les gens. J’aime imaginer leur caractère ou leurs penchants en fonction de leurs lunettes, de leur montre, etc. En quelques sortes, observer les gens m’inspire.
Dans ce recueil, vous renversez les codes et conventions établis. Chaque personnage, chaque situation exprime le droit à la différence. Quelles circonstances, quels événements ont alimenté votre réflexion ?
En général, les écrivains abordent plusieurs thèmes dans une même œuvre. Moi, je préfère aborder un seul thème par recueil. Dans le premier, c’était les objets, dans le second le son et la musique, enfin dans le troisième la ville et les gens. J’écris sur différents thèmes par période, j’écris en me posant des questions sur ces thématiques. L’évolution au fil des nouvelles est le résultat d’un processus de réflexion. Pour écrire une nouvelle, je choisis un thème puis je soulève un certain nombre de questions qui évoluent au cours de la narration en fonction des changements de situations. Même quand je change thème, il y a toujours un lien entre les sujets abordés. En fait, j’aime traiter des sujets divers et variés, et je pense que je continuerai à écrire sur des sujets vastes. Ainsi, mon quatrième recueil parlera d’amour.
Dans votre recueil, les personnages secondaires jouent un rôle primordial dans la mesure où ils accompagnent et nourrissent la réflexion du narrateur. Que cherchez-vous à exprimer à travers ce procédé ?
Les personnages secondaires sont primordiaux, car ce sont eux qui permettent aux personnages principaux de progresser et de se réaliser. Pour faire une salade, des légumes et un filet d’huile d’olives ne suffisent pas. Ce qui va donner le relief, c’est le sel. Les légumes et l’huile d’olives sont les personnages principaux et le sel, les personnages secondaires. Grâce au sel, la salade dévoile toutes ses saveurs, et grâce aux personnages secondaires, les propos que j’illustre dans mes nouvelles se précise. Parfois même, les personnages secondaires sont plus captivants que les personnages principaux.
L’intérêt grandissant de l’occident pour la culture coréenne est indéniable. Parallèlement à la diffusion de la littérature coréenne, le phénomène Hallyu (K-pop, cinéma, manhwa, dramas, etc.) et les grandes marques (Samsung, LG, Hyundai, etc.) ont permis au grand public d’identifier la Corée du sud et de la dissocier du concept global de « culture asiatique ». En tant qu’écrivain, quel regard portez-vous sur cette évolution des mentalités ?
C’est super ! (Rires) Pour l’instant, les films et les séries coréennes sont plus s’exportent plus que la littérature coréenne. Les textes sont plus faciles à traduire et surtout ils sont accompagnés d’images. Traduire des livres demande plus de temps, ce qui fait que la littérature se diffuse plus tardivement. Pourtant c’est la littérature qui est la plus révélatrice de la pensée et de la culture coréenne, en abordant des sujets sérieux et profonds. Il est important de faire connaître différentes facettes de la culture coréenne, mais je souhaite que la littérature reprenne le dessus afin de faire connaître vraiment la Corée et pas juste de manière superficielle.
En connaissance de ce phénomène « Hallyu », est-ce que vous écrivez pour le public étranger ?
Quand j’écris, je ne pense pas aux lecteurs coréens. (Rires) Je me contente de décrire l’image que j’ai en tête, les lecteurs sont libres d’interpréter les histoires, même s’il m’arrive parfois de me dire « j’espère que ce sera compris comme ci ou comme ça ». Mes œuvres ne contiennent aucun nom de lieu, aucune marque coréenne. Je préfère que les lecteurs perçoivent mes livres comme des recueils d’histoires ordinaires et universelles, et non comme des histoires qui se passent en Corée. Je veux aborder des sujets qui touchent tout le monde et pas seulement les Coréens. D’ailleurs, quand j’écris, je ne pense pas au public ni étranger, ni coréen. Finalement, ce sont juste
de petites attentions envers toutes ces personnes qui lisent mes livres.
D’ailleurs, vous n’utilisez jamais de nom de lieu…
Si j’écris « Hongdae » ou « Kwanghwamun », vous pouvez aisément imaginer la scène. Mais moi, en guise de cadeau pour mes lecteurs, je veux créer des lieux inédits qui n’existent pas réellement.
Néanmoins, certains détails laissent transparaître la vie quotidienne coréenne…
J’habite en Corée, donc sans le vouloir, je décris des fonctionnements, des réalités de la vie quotidienne en Corée. Je m’efforce de les rendre les plus naturels possibles, ainsi, il n’est pas nécessaire que je mentionne des marques ou des titres de chansons coréennes. Il est également inutile de préciser que les histoires se passent en Corée, car même si ce n’est pas volontaire, tout roman reflète inévitablement des spécificités ou la pensée de leur pays d’origine. Comme vous l’avez signalé, la scène de la livraison des plats est un mode de vie typiquement coréen et nombre des détails de ce genre sont présents dans la plupart des romans. Pour conclure, je dirais, je ne me sens pas obligé de les censurer.
Quelle place tient la France et la littérature française dans votre travail ?
J’ai été agréablement surpris de voir autant de public à la conférence. Après le japonais, le français est la seconde langue dans laquelle sont traduits mes livres. Je trouve que le mode de vie reste globalement le même d’un pays à l’autre, dans le sens où le « problème » de l’Homme englobe sa vie de la naissance à la mort. Nous sommes tous confrontés à la même réalité, ainsi, les origines de nos soucis, notre façon de nous poser des questions semblent très similaires.
Depuis mon enfance, j’ai eu l’occasion de lire de m’imprégner de la littérature française, et la France est un pays renommé pour ses mouvements existentialistes, je suis très impatient de savoir comment les lecteurs français vont interpréter ma perception de la vie et de la mort. J’aimerais que mes œuvres soient à la fois une preuve et un gage de reconnaissance pour tout ce que m’a enseigné la lecture des auteurs français.
Comment vous situez-vous sur la scène de la littérature coréenne ?
Le meilleur, je plaisante (Rires). J’écris depuis treize ans, donc on peut dire que je suis un écrivain débutant. Il paraît que la littérature est un monde à part. Quand on occupe le même poste pendant dix ans, on finit toujours par tomber dans une sorte de routine, ce n’est jamais le cas quand on est écrivain. Dans la société en général, nous ne sommes pas des leaders ; pour être en mesure de continuer à nous poser des questions, nul besoin d’avoir de vastes connaissances et qui plus est, nous n’en voudrions pas. Je pense que les écrivains se doivent de se poser des questions toutes leur vies, c’est pourquoi j’aime mon métier.
Dans le milieu littéraire coréen, je me considère comme une personne avide de connaissances qui commence à élaborer des questions. Je n’ai pas l’ambition d’atteindre les sommets, néanmoins, la littérature coréenne comporte de multiple facettes parmi lesquelles je dois trouver ma voie. Ma place en tant qu’écrivain serait, un peu comme celle des défenseurs dans une équipe de football, peu remarquée par le public mais indispensable.
Dans quelle mesure un séjour en France influerait sur votre écriture ?
Cela influerait certainement beaucoup sur mon travail. Lors de mon séjour d’un mois à Londres, j’ai écrit une nouvelle sur un meurtrier. La raison est très anecdotique. Le réseau Wifi ne fonctionnait pas très bien. J’étais furieux, les connections ne fonctionnaient pas ou bien elles étaient sécurisées. Quand on recherche des réseaux Wifi, il y a de nombreux noms différents. Je m’en servais pour donner des noms aux victimes dans le XXX. J’utilise beaucoup d’éléments de mon quotidien pour écrire. Si j’habitais en France, je m’inspirerais de l’environnement français – les fontaines, le pain. Par exemple, le « meurtrier de la fontaine » ! (Rires)
Quelles ont été vos motivations pour devenir écrivain ?
J’ai toujours aimé la littérature, mais c’est mon service militaire qui m’a vraiment motivé à devenir écrivain. Les livres politiques et pornographiques étaient interdits mais je voulais écrire des romans pour les militaires. J’ai écrit beaucoup de romans « interdits » contenant des scènes érotiques, ce genre de choses. Ils avaient beaucoup de succès auprès de mes collègues qui me les empruntaient en échange de paquets de cigarettes. J’ai compris que les romans permettaient de s’évader et faire naître de nouvelles idées, et que c’est là que résidait le pouvoir de l’écriture. J’ai également réalisé à quel point j’aimais écrire. Une fois mon service militaire achevé, j’ai commencé à travailler sérieusement sur l’écriture de romans. À l’armée, on est très seul, cela nous fait réfléchir sur beaucoup de choses, c’est pourquoi j’ai eu l’occasion d’écrire de nombreuses histoires. L’écriture était un espace de création, de liberté et d’imagination qui effaçait cette sensation d’isolement. Ceci était également une démonstration de la force de l’écriture.
Quels auteurs vous ont inspiré ou vous inspirent ?
À l’université, j’ai lu beaucoup de romans américains, notamment ceux de Raymond Caver et Raymond Chandler. Parmi les auteurs japonais, Haruki Murakami et Ryû Murakami m’ont donné envie de m’essayer à ce genre d’histoires. J’ai également lu de nombreuses œuvres coréennes, mais si je devais choisir, je dirais Yi In-seong, Choi Su-cheol et Yi Cheong-jun mes prédécesseurs en France.
Vous exercez plusieurs activités en plus de celui d’écrivain. Comment conciliez-vous l’écriture et vos activités dans les autres domaines ?
J’ai plusieurs activités professionnelles car mon travail d’écrivain ne me permet pas encore de gagner entièrement ma vie. Parallèlement, tantôt je suis animateur de concert, tantôt je présente des émissions à la radio, et bien d’autres choses encore. Je pense qu’il me faut garder ce rythme de travail. Pour autant, je n’ai jamais participé à une émission télévisée ; la télévision est un média « direct », c’est comme si elle inhibait complètement notre capacité imaginative. Et vu que je n’ai pas l’habitude d’être filmé, je ne souhaite pas travailler à la télévision. De plus, réaliser une émission télévisée requiert énormément de mains d’œuvre, contrairement à une émission pour la radio. Ce genre d’environnement de travail n’est pas fait pour moi.
Pourtant l’« image » est centrale dans vos œuvres, cela peut sembler paradoxal…
En effet. L’image est au cœur de mon travail et je m’intéresse à tout ce qui a trait à l’audio-visuel, excepté la télévision. D’ailleurs, je suis actuellement un cours de montage vidéo.
Envisagez-vous de réaliser des courts-métrages ?
En fait, je me familiarise avec les techniques audio-visuelles afin de pouvoir utiliser les vidéos que j’ai faites plus que pour m’essayer au court métrage. Notamment, en ce moment, tous les jours, je fais de brèves prises d’images. J’aimerais réaliser une vidéo de 365 secondes. C’est-à-dire représenter chaque jour par une vidéo d’une seconde. Choisir LA seconde d’images pour chaque jour me demande beaucoup de réflexion. Cette tache est très proche de l’écriture.
Pour un écrivain, il est indispensable d’identifier le moment le plus important d’une journée, garder l’image qui évoque le mieux cette journée. Ainsi, je m’entraîne à choisir ces images parmi les moments que je filme.
Quand avez-vous commencé ?
J’ai commencé depuis Janvier cette année.
Est-ce dans la perspective de préparer une exposition artistique ?
Je n’ai pas l’intention d’organiser une exposition. Néanmoins, je pourrais accepter de l’exposer, si l’occasion de la diffuser par exemple projetée sur un mur comme un décor, se présentait. L’enchainement de chaque seconde de vidéo est très rapide, les gens pourraient voir les images en passant.
Comment a germé cette idée dans votre esprit ?
Je voulais consigner mes journées un peu comme un journal intime. J’ai fait plusieurs tentatives de durées différentes – une demi seconde, deux et trois secondes. Deux et trois secondes me paraissaient trop longues. Il semble que nous identifions ce que voit notre œil en environ deux secondes, mais s’agissant de vidéos d’une seconde, on a juste le temps de se s’interroger sur ce que l’on voit. La notion de « seconde » est précieuse pour moi, car cela représente une unité de temps qui s’écoule sans même que nous nous en rendions compte.
Nous avons hâte de voir votre vidéo dans un an…
Peut-être ou plus tard, à ce rythme, dans dix ans, j’aurai une vidéo d’une heure et quelques dizaines de minutes. Je pourrais organiser une projection privée réservée à mes proches.
Propos recueillis par PARK Ji-sook et Aurélie G.
Aix en Provence, 27 octobre 2012
La bibliothèque des instruments de musique, KIM Jung-Hyuk, chez Decrescenzo Editeurs, 126 pages