voilà de quoi revoir nos classiques… à la sauce coréenne.
Les thèmes abordés sont variés, chacun peut y trouver son bonheur, du sérieux de la légende du docteur astrologue de Koryeo, à la dérision de ce pot curieux qui dédouble tout ce qu’on met à l’intérieur, objet ou personne. Ces contes ne sont pas si différents des nôtres, on y retrouve les mêmes personnages, les pauvres bûcherons, les enfants, les vieillards, auxquels il faut ajouter les fées, les rois et les princesses, et les mêmes animaux, les renards, les crapauds, les chiens et les chats. Quand un vieillard trouve un éventail magique et quand un pauvre marchand se met à avoir peur d’un miroir, les situations de la vie quotidiennes se teintent d’humour. La magie prend le dessus et se met du côté du bien pour combattre le mal. Les contes se veulent aussi éducatifs. C’est ainsi qu’on apprend l’origine des vers à soie, de la fleur de lotus et des fesses rouges du singe, ou encore la raison pour laquelle les taupes ne se marient qu’entre elles.
Pourtant, bien sûr, la majorité de ces contes gardent une touche orientale qui saute aux yeux du lecteur français. Le lion, roi des animaux, est remplacé par le tigre ; et qui est ce roi-dragon qui règne sur le monde marin ? La lecture de Tigre et Kaki et autres contes de Corée nous dévoile les symboles du pays du matin calme. Certains récits sont carrément des réécritures de classiques que nous connaissons tous, comme Frère et sœur devenus lune et soleil, Le lièvre et le tigre sot, ou Kongchwi et Patchwi. Le lecteur se réjouit et s’étonne de retrouver un classique et de pouvoir prédire les phrases qui vont suivre… mais depuis quand le méchant loup du petit chaperon rouge mange-t-il des gâteaux de riz et a-t-il des rayures ? ; comment se fait-il qu’Ysengrin soit tigre et que Renart soit lièvre ? ; Cendrillon se fait-elle vraiment tuer ? Une façon nouvelle et agréable d’aborder des histoires connues de tous dont on a oublié la provenance. On trouve également tout au long de l’ouvrage des références historiques à la Corée et au Bouddhisme, comme lorsque nous suivons ce bonze qui veut faire signer un traité de paix avec le Japon par tous les moyens.
Les textes sont parfois difficiles à aborder. On sent la présence du traducteur qui ne parvient pas à s’affranchir des spécificités de la langue coréenne et laisse un écrit parsemé de parenthèses et de termes en italiques qui compliquent la lecture. La plupart des récits sont parsemés d’onomatopées, dont les coréens raffolent, mais celles-ci ne sont pas mises en valeur malgré leur importance dans un texte fait pour être lu. Pourtant, elles peuvent faire sourire. Le recueil s’adresse à un public averti, et vu le ton cru de certaines histoires, on n’imagine pas tellement les raconter au chevet des enfants. C’est une lecture qui nous fait sourire et même rire, grâce aux anecdotes cocasses et étonnantes que nous y découvrons, auxquelles jamais nous n’aurions pensé. C’est une première découverte de l’imaginaire coréen à travers ses contes qui ne donne qu’une seule envie, continuer à s’y plonger.