Elle inspire nombre d’artistes au fil des siècles (dont un des cinq P’ansoris les plus célèbres : Le Dit de la Falaise Rouge). Dans un village fait d’anciens décors utilisés pour le tournage d’un drama historique, habitent illégalement une poignée d’hommes et de femmes. Ils y passent une vie secrète et paisible jusqu’à l’arrivée de gangsters citadins prêts à chambouler leur quotidien. L’Œuvre de Song sok-ze regorge d’humour. Le langage familier de l’œuvre en est un des premiers exemples. L’écriture est simple et le vocabulaire utilisé par les personnages déborde de références à la culture coréenne underground. Les nombreuses onomatopées rythment l’action et lui donnent une note comique même dans les pires situations. Cet humour prend une teinte ironique, parfois même noire quand l’auteur décrit la cruauté humaine et plonge le lecteur entre rires et larmes à plusieurs reprises.
Ce côté sombre de l’œuvre a une origine : la ville. Le lecteur a un aperçu de la vie de chacun des personnages dans cette jungle urbaine qui les a brisés et marginalisés. Song Sok-ze compare la vie en campagne, proche de la nature, à la vie citadine, créée par l’homme. Les gangsters en sont le parfait exemple. Ils sont le produit d’un monde fait de béton où l’apparence et l’argent détiennent le pouvoir.
De nos jours, même chez les ploucs, c’est rare de voir une belle fille qui s’est pas fait tout refaire.
A qui mieux mieux est une critique virulente de la perte des valeurs dans la Corée actuelle. La ville est représentée comme une monstre dévorant l’humanité. Il n’y a aucun moyen de s’en échapper à moins de vivre dans l’illégalité comme le font les protagonistes. Ils ont fui la ville et son industrialisation pour trouver un mode de vie plus simple. Le personnage d’ I-ryeong fait fonctionner le village uniquement grâce à ses connaissances en botanique. Song Sok-ze nous montre une nature libératrice, salvatrice. Au contraire de la ville qui n’entrave pas seulement la liberté mais qui est aussi la base de l’injustice humaine; tous ont souffert du rejet de la société jusqu’à se retrouver exclus de leur propre famille.
Le thème de l’exclusion est central dans l’œuvre. Les relations familiales entretenues dans le passé des personnages sont terribles. On parle de vol, de trahison, de viol, d’inceste et de violences quotidiennes. À l’inverse, dans leur village illégal, en se réunissant, les personnage parviennent à combler le manque d’attaches en créant de nouveau liens entre eux. Ils éprouvent une confiance mutuelle.
j’ai dit qu’on allait former une famille.
On retrouve ce thème au sein du groupe de gangsters qui entretiennent des relations compliquées : leur hiérarchie est aussi de leur point de vue celle d’une famille. L’auteur dénonce la perte des valeur familiales, la désagrégation des liens filiaux. Il n’y a plus de compréhension entre les êtres humains, seulement entre les marginaux.
Song Sok-ze lutte clairement contre l’oppression de la société. A Qui Mieux Mieux est une échappatoire qu‘il nous offre. Le roman nous permet, l’espace de quelques heures, de nous évader avec ces personnages et d’apprécier un mode de vie différent.