Fictions révélatrices de vérité ? Dans certaines nouvelles, les mots ne semblent qu’une excuse mal déguisée pour ne parler que de soi-même.
Comme dans la majorité de ses œuvres, l’absurdité kafkaïenne laisse son empreinte ici et là. La nouvelle intitulée Tantôt il se passe des choses, tantôt rien en est le parfait exemple. Un jeune garçon atteint d’autisme préfère retourner dans une église aux méthodes de guérison douteuses plutôt que de rester au sein de sa famille. Un père qui délaisse son rôle de patriarche, une belle-mère dont la seule obsession repose sur sa réussite professionnelle, une sœur impuissante face au mal-être de son frère… une famille tellement obnubilée par son petit bien-être que l’autisme du jeune garçon n’a pu être décelé par aucun membre de la maisonnée.
Le vieux journal première nouvelle et également titre de ce recueil nous plonge dans la vie passée de l’auteur. Ce récit beaucoup plus biographique que fictionnel, permet à Lee Seung-U, au gré des mots, de se cacher derrière le narrateur.
Le vieux journal, Le lecteur et La chambre tournent autour de la littérature et de l’écriture. Dans ce monde où l’espoir ne semble être qu’une utopie, l’écriture reste une vertu salvatrice. Dans La chambre, le personnage principal dont la vie familiale est en train de s’écouler, essaie de trouver refuge dans l’acte d’écriture. Le lecteur narre le quotidien d’un homme au foyer (oui cela existe aussi en Corée) qui se voit offrir un emploi de lecteur par sa femme après des mois de chômage. Cet homme, qui se complaisait à préparer des repas pour le nouveau « chef » de famille et à mener une vie remplie d’ennuis, se découvre un don, celui de raconter des histoires. On en vient même à se demander si l’auteur ne parle pas de lui-même. Comme dans beaucoup d’œuvres littéraires contemporaines, les règles du confucianisme sont bousculées, et les coréens se retrouvent liés à eux-mêmes dans un monde où l’avenir semble difficile.
Le pessimisme : marque de fabrique de Lee Seung-U. Mais ne serait-ce pas aussi ce que pense l’Homme ? L’auteur ne fait que transcrire la réalité de ce monde, il écrira même dans Le vieux journal p.27 : « L’auteur, c’était en réalité mon lecteur ».