Dans ce roman, une multitude d’aspects de la société coréenne des années 80 sont abordés, en particulier la place de l’apparence. La beauté et l’envie qu’elle créée jouent en permanence contre l’être humain, nous explique l’auteur : « Plus que l’argent, l’apparence exerce un pouvoir absolu.»
Les trois protagnistes portent à eux seuls la signification du roman. Nous sommes plongés dans l’univers personnel de chacun de ces « héros » anonymes, aussi solitaires que marginaux. Loin de distandre les liens avec le lecteur, le choix de l’auteur de plonger les peronnages dans l’anonymat nous appelle à participer à l’œuvre. Park Min-kyu justifie son choix au travers des mots de Yohan : « Un chat est plus authentique quand il s’appelle SIMPLEMENT CHAT […] un être humain aussi…. il est plus authentique quand il n’est rien d’autre qu’un être humain. »
Yohan est le meilleur ami du narrateur. Un personnage qui semble tout droit tiré du roman Fight Club de Chuck Palahniuk. Son cynisme, comme son sens de l’autodestruction, est sans borne. Seule son affection profonde pour ses amis contraste avec sa vision pessimiste du monde.
D’un physique peu avenant, la fille du trio est cultivée et d’un caratère passionné. Ses deux amis semblent les seuls capable de déceler la bonté de son être sous le masque d’une apparence ingrate. Son visage révèle une des plus grandes injustices : la beauté est la pire des armes.
Être doté de la capacité de lancer ce coup mortel, ça c’est déjà déterminé lors de la naissance, et ceux qui n’appartiennent pas à cette catégorie-là n’ont aucune chance.
Toute possibilité de bonheur lui est refusée, jusqu’au beau jour où elle fait fondre le cœur d’un garçon. Tout comme elle, il ne possède pas de nom. Son histoire personnelle a fait de lui un être capable d’aimer malgré la laideur physique. Il redonne à la jeune fille espoir et confiance en elle.
Les relations qu’entretiennent les personnages sont chargées de sentiments tendres. Ils semblent ne pas avoir beaucoup en commun et pourtant le plus important les réunit : la solitude et le besoin d’aimer et d’être aimé.
Park Min-kyu transforme le roman en une expérience fondatrice. Il nous propose d’être au cœur de l’œuvre. En ne donnant aucun nom à deux de ses trois personnages, il permet au lecteur de devenir l’un d’entre eux. Chaque ligne est lourde de sens, et les sentiments personnels du lecteur sont indissociables de ceux des personnages. Pavane pour une infante défunte n’est pas un roman à lire mais à vivre. Avec une vérité : la vie n’a aucun sens sans amour.
Pour autant, l’œuvre ne renie pas le comique. Au contraire. Le roman est enveloppé d’un humour qui ne se contente pas de tirer qu’un léger sourire au lecteur. Grâce à des situations absurdes ou aux propos amusants et inattendus des personnages, le sérieux fait toujours place à des moments de relâche. Avec Pavane pour une Infante défunte, Park Min-kyu nous invite à réfléchir sur nos choix. Il nous rend à la fois héros de son roman et héros de nos vies.
Ce qu’il faut maintenant, c’est vivre votre propre histoire. Je crois que c’est le plus important. Je prie ardemment pour que vous-même deveniez l’auteur de votre propre histoire.