Première étape, première page : « Au voleur ! », oui, mais justement, le voleur a disparu. Aussitôt un duo de policiers éperdument rouges et essoufflés, à la fois réaliste et comique, se lance dans la traque. Au fil des doubles pages, on rencontre des témoins, qui précisent peu à peu le portrait du délinquant. Les enfants se piquent au jeu : comment reconnaître parmi la foule celui qui est poursuivi ? Les lunettes, l’appareil dentaire, le crâne dégarni, la veste à boutons, autant d’indices qui précisent le portrait, page après page, et resserrent les mailles du filet jusqu’à la confrontation finale. Le lecteur, dernier juge, va-t-il reconnaître le suspect parmi la bande d’énergumènes qui comparaît sous ses yeux comme au commissariat, dépliée sur une page dédoublée ? L’album file à fond la caisse, comme la camionnette de police, et traverse pages, places et rues encombrées de passants tous semblables. L’auteur a-t-il réalisé ce livre à ce même rythme trépidant ?
Le scénario reconnaissable de la poursuite est remarquablement servi par l’illustration foisonnante. Les tonalités jaune, rouge et vert explosent comme la sirène tonitruante de la police. Les dessins sont de faux dessins d’enfants à la fois naïfs et extrêmement précis, soulignés, détaillés, qui racontent l’aventure aussi précisément que le texte minimaliste, échange de questions/réponses, qui font avancer l’enquête. L’ultime vignette, et le dernier indice, comme un éclat de rire, résout enfin l’énigme pour la plus grande joie du lecteur.
Un album très original, décapant, plein de rythme et d’humour, qu’on lit et relit avec beaucoup de plaisir. Une trouvaille.
AU VOLEUR
DE PARK JUNG-SUB
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel,
Cambourakis, 32 pages, 14€.