La mouette de cette histoire est un oiseau libre, qui vole dans le vent loin sur la mer au-dessus des falaises du large. Lorsqu’un paquebot croise la route des oiseaux, ses passagers les attirent comme toujours en lançant des miettes parfumées et inconnues. C’est la fête ! Les mouettes s’en régalent et enivrées, suivent le bateau jusqu’au port, jusqu’à la ville.
Et c’est la chute. Piégée par les merveilleuses croustilles, ces biscuits sucrés salés, au goût enchanteur, notre héroïne s’égare dans les rues sombres et puantes. Nulle part elle ne trouve ces délicieuses friandises, elle erre, jusqu’à ce qu’au détour d’une cave, elle rencontre de gros et apathiques pigeons drogués par les nourritures néfastes, qui gisent dans la crasse et l’obscurité, à la merci des prédateurs. Dans un sursaut, notre mouette s’envole vers le ciel, toujours plus haut, elle respire le vent du large, et s’éloigne, pour retrouver sa liberté et les poissons qui la nourriront sans l’empoisonner.
Il y a un grand contraste dans le traitement graphique de cette aventure. Les couleurs pastel sur de grandes doubles pages sont pleines de la brume de l’océan ou sombres comme le destin des oiseaux piégés par l’illusion d’un ailleurs meilleur servent l’allégorie d’un horizon faussement prometteur. Les mouettes par contre empruntent aux personnages de Disney leur côté burlesque et halluciné, leurs attitudes clownesques, qui font sourire, mais lorsqu’elles s’éloignent en altitude, la poésie du ciel et de la mer infinie, la luminosité d’un nouveau matin évoquent la liberté retrouvée. Une symbolique transparente somme toute plutôt convaincante.
Le texte publié par les éditions de La Pastèque, dont le siège est à Montréal, est émaillé de mots du Québec qui donnent du goût à cette histoire, renforçant le caractère exotique de l’équipée.
LA MOUETTE AUX CROUSTILLES
DE MINGLE MINGLE ( JEON Ming-geol)
Traduit par Fanny BRITT
La Pastèque, 40 pages, 15 €.