Les éditions Talents hauts traquent les stéréotypes et autres idées reçues, sur les filles mais aussi sur les garçons. Voici un conte d’aujourd’hui qui s’adresse aux tout petits, et que les grands frères peuvent leur lire avec profit : Alphonse, « noble et rapide » animal, est prisonnier de son image de lion « majestueux et courageux », qui endure peines et douleurs. Mais alors qu’il se pique juste un petit peu la patte (ah, j’entends : « qu’ils sont douillets ces… garçons ! », encore un stéréotype), donc, il se pique, et les émotions qu’il gardait enfouies vont le submerger. Pour s’en libérer Alphonse va apprendre à pleurer, et se délivrera de sa tristesse. Pleurer s’apprend s’il le faut, car pleurer soulage aussi, même les plus forts d’entre nous.
Un texte poétique de la Coréenne Yeshil Kim (le texte français est-il de l’auteure, qui vit à Paris ?), où le vent murmure, le tonnerre gronde, les nuages gémissent, symboles de la force brutale des éléments qui vont encourager le lion à laisser s’exprimer sa peine comme si l’orage était en lui. Et pour que le soleil revienne, et la force et le courage avec lui, il faut d’abord que l’orage passe. L’illustration d’Anna Ladecka est magnifique, pleine de couleurs et de fantaisie, très expressive, la crinière du lion est ainsi embrouillée comme son esprit, au-dessus duquel les nuages s’amoncellent. Tous les animaux d’Afrique sont représentés même s’ils ne jouent pas un grand rôle dans l’histoire, et grâce à eux, le rêve et le rire accompagnent le récit. Chaque scène occupe la double page et permet à la créativité de l’illustratrice de s’exprimer pleinement. Ce petit livre est représentatif de l’impact de l’image dans l’album pour tout petits, car même si le texte est charmant, les illustrations suffiront à l’enfant à comprendre le sens global de l’histoire.
Un album à découvrir pour garder le souvenir d’un lion couronné d’un soleil rouge, et qui pleure comme une fontaine, comme une madeleine…
ALPHONSE LE LION QUI NE PLEURAIT JAMAIS
De YESHIL KIM et ANNA LADECKA
Éditions Talents hauts, 32 pages, 12.50 €.