La collection D’une voix l’autre nous livre dans un beau volume de l’éditeur Cheyne, préfacé par Jean-Michel Maulpoix, un recueil de poèmes bilingues de RA Hee-duk, poétesse coréenne publiée pour la première fois en France. Ce qui frappe au premier abord de ce recueil, c’est l’étonnant paradoxe qui existe entre des textes qui nous rapprochent de notre quotidien, qui semblent écrits pour chacun d’entre nous et le léger décentrement que choisit le regard de Ra Hee-duk. Le premier effet est de nous sentir immédiatement pris par le texte, que l’on dirait écrit sur le ton de la confidence et aussitôt, alors que nous craignions d’entrer dans une didactique du quotidien, voilà qu’en un clin d’œil, nous sommes embarqués dans des images qui n’en finissent pas de résonner. Il en ressort un décalage permanent qui semble vouloir éclater un moi, déjà passablement fragmenté, par les affres du quotidien, de la routine, des amours usés. En dette à la poésie coréenne, aucune analyse ne vient ici s’intercaler, il s’agit de laisser s’exprimer des sentiments, des affects et de les mettre à distance. C’est probablement grâce à cet effet que les poèmes nous paraissent si proches. Il faut ici accorder une mention à la traduction qui restitue parfaitement la parfaite tranquillité de la poésie de Ra Hee-duk.
Le ver à soie marqué d’un point noir
RA Hee-Duk
Traduit par KIM Hyun-ja
Cheyne éditeur, 144 pages, 23€
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