« REPORTAGE : Je me suis infiltré en Corée du Nord » (YouTube), Le Roi des Rats, 27/12/2019.
Inspiré de l’histoire vraie d’Antoine Dreyfus, Pyongyang Parano est le fruit du scénario d’Emmanuelle Delacomptée et des dessins de Fanny Briant. Ce roman graphique est un nouvel essai pour satisfaire la curiosité du public international pour la Corée du Nord. En effet, le sujet intrigue, d’autant plus que les informations nous parvenant de ce pays sont extrêmement limitées. Certains aventureux ont participé à des visites touristiques, c’est le cas du Roi des Rats, dont le succès de la vidéo publiée sur YouTube (4,8 millions de vues) nous montre bien l’attrait pour le sujet. Mais tous ces témoignages se ressemblent, faute à l’organisation ultra contrôlée et planifiée de ce genre de voyage. Pyongyang Parano nous apporte donc un nouveau point de vue : se rendre dans en Corée du Nord en faisant partie d’un voyage d’affaire.
Sur la couverture, nos deux héros, Alex et Marise, sont de profil, le regard braqué sur nous : l’air sérieux, déterminé mais aussi suspicieux, ils semblent être prêts à percer les secrets du pays le plus fermé au monde, la Corée du Nord. En débutant la lecture de ce roman graphique, on s’attend donc à suivre les aventures d’un duo de journalistes ultra-préparés, minutieux et placides. Autant de qualités qui paraissent nécessaires pour mener à bien leur ambitieux projet : interviewer le grand dirigeant Kim Jong-un. Pourtant, lorsque l’on rencontre Alex au cours des premières pages, on découvre un homme étourdi et démoralisé. Complètement à côté de la plaque depuis que sa femme l’a quitté, il a oublié de faire son visa alors qu’il avait réussi à décrocher une interview avec Bachar el-Assad.
Sur le point d’être congédié, Alex tombe par hasard sur un reportage traitant de l’assassinat de Kim Jong-nam, commandité par son demi-frère, Kim Jong-un. Dans une vignette, Alex aborde l’expression « à situation désespérée, mesures désespérées » : pour maintenir sa place au journal, il a la folle idée d’aller interviewer Kim Jong-un. Il s’associe alors avec Marise, une amie et l’archétype de la photojournaliste, « tête brûlée, prend des risques, couvre crises et conflits : Bosnie, Afghanistan, Kurdistan, Irak, Syrie, Soudan, etc. Vie privée quasi inexistante. » (p.8) Les deux journalistes créent alors un duo parfaitement équilibré ; Marise apportant son soutien, son amitié mais également son professionnalisme et son expérience. Ainsi, elle apprend à Alex qu’elle a déjà infiltré un voyage touristique mais qu’elle n’avait pu obtenir aucune information exclusive, le séjour étant extrêmement réglementé. Pour pallier ce problème, Alex a l’idée d’infiltrer un voyage d’affaires en tant que négociant en chocolat.
Les pages suivantes sont consacrées à l’élaboration de la couverture : création d’un faux site internet, visite d’une usine de production de chocolat, révisions intenses sur le sujet pour être incollable… Enfin prêts, des chocolats achetés à l’aéroport et le visa en poche (cette fois-ci), notre duo prend l’avion direction la Chine, puis un autre pour la Corée du Nord. C’est là que l’aventure commence : pendant une semaine, ils vont devoir faire leur maximum pour maintenir leur véritable identité cachée.
« Pour un menteur, le plus grand risque survient quand il s’écarte du scénario…surtout qu’aucun journaliste n’a le droit de rentrer en Corée du Nord ! La règle est simple : toujours garder le cap, coller à la fiction. Et tant pis, si ça implique de raconter des mensonges de plus en plus énormes. T’es sûr que t’en seras capable ? » (p.17)
Nous vous laissons le loisir de découvrir le reste de l’histoire par vous même. Mais disons simplement qu’entre les visites touristiques, les règles à suivre, la surveillance permanente, les visites au ministère du Commerce, la paranoïa gagne nos personnages. Toutefois, ce roman trouve sa force dans la comédie : les personnages sont attachants et leurs réactions et pensées nous font rire, ce qui crée une bonne dynamique avec des moments plus intenses. Mais alors, réussiront-ils à interviewer le grand dirigeant ?
Pyongyang Parano : Deux journalistes infiltrés en Corée du Nord Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant Marabulles, 2024 128 pages, 23,95 €
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Inspiré de l’histoire vraie d’Antoine Dreyfus, Pyongyang Parano est le fruit du scénario d’Emmanuelle Delacomptée et des dessins de Fanny Briant. Ce roman graphique est un nouvel essai pour satisfaire la curiosité du public international pour la Corée du Nord. En effet, le sujet intrigue, d’autant plus que les informations nous parvenant de ce pays sont extrêmement limitées. Certains aventureux ont participé à des visites touristiques, c’est le cas du Roi des Rats, dont le succès de la vidéo publiée sur YouTube (4,8 millions de vues) nous montre bien l’attrait pour le sujet. Mais tous ces témoignages se ressemblent, faute à l’organisation ultra contrôlée et planifiée de ce genre de voyage. Pyongyang Parano nous apporte donc un nouveau point de vue : se rendre dans en Corée du Nord en faisant partie d’un voyage d’affaire.
Sur la couverture, nos deux héros, Alex et Marise, sont de profil, le regard braqué sur nous : l’air sérieux, déterminé mais aussi suspicieux, ils semblent être prêts à percer les secrets du pays le plus fermé au monde, la Corée du Nord. En débutant la lecture de ce roman graphique, on s’attend donc à suivre les aventures d’un duo de journalistes ultra-préparés, minutieux et placides. Autant de qualités qui paraissent nécessaires pour mener à bien leur ambitieux projet : interviewer le grand dirigeant Kim Jong-un. Pourtant, lorsque l’on rencontre Alex au cours des premières pages, on découvre un homme étourdi et démoralisé. Complètement à côté de la plaque depuis que sa femme l’a quitté, il a oublié de faire son visa alors qu’il avait réussi à décrocher une interview avec Bachar el-Assad.
Sur le point d’être congédié, Alex tombe par hasard sur un reportage traitant de l’assassinat de Kim Jong-nam, commandité par son demi-frère, Kim Jong-un. Dans une vignette, Alex aborde l’expression « à situation désespérée, mesures désespérées » : pour maintenir sa place au journal, il a la folle idée d’aller interviewer Kim Jong-un. Il s’associe alors avec Marise, une amie et l’archétype de la photojournaliste, « tête brûlée, prend des risques, couvre crises et conflits : Bosnie, Afghanistan, Kurdistan, Irak, Syrie, Soudan, etc. Vie privée quasi inexistante. » (p.8) Les deux journalistes créent alors un duo parfaitement équilibré ; Marise apportant son soutien, son amitié mais également son professionnalisme et son expérience. Ainsi, elle apprend à Alex qu’elle a déjà infiltré un voyage touristique mais qu’elle n’avait pu obtenir aucune information exclusive, le séjour étant extrêmement réglementé. Pour pallier ce problème, Alex a l’idée d’infiltrer un voyage d’affaires en tant que négociant en chocolat.
Les pages suivantes sont consacrées à l’élaboration de la couverture : création d’un faux site internet, visite d’une usine de production de chocolat, révisions intenses sur le sujet pour être incollable… Enfin prêts, des chocolats achetés à l’aéroport et le visa en poche (cette fois-ci), notre duo prend l’avion direction la Chine, puis un autre pour la Corée du Nord. C’est là que l’aventure commence : pendant une semaine, ils vont devoir faire leur maximum pour maintenir leur véritable identité cachée.
Nous vous laissons le loisir de découvrir le reste de l’histoire par vous même. Mais disons simplement qu’entre les visites touristiques, les règles à suivre, la surveillance permanente, les visites au ministère du Commerce, la paranoïa gagne nos personnages. Toutefois, ce roman trouve sa force dans la comédie : les personnages sont attachants et leurs réactions et pensées nous font rire, ce qui crée une bonne dynamique avec des moments plus intenses. Mais alors, réussiront-ils à interviewer le grand dirigeant ?
Pyongyang Parano : Deux journalistes infiltrés en Corée du Nord
Emmanuelle Delacomptée, Antoine Dreyfus et Fanny Briant
Marabulles, 2024
128 pages, 23,95 €