Le texte qui suit, composé par Marie de Stefano, nous a été envoyé dans le cadre du concours d’écriture de Keulmadang, et a été récompensé de la deuxième place.
Au vent des autres continents
Et sous les doigts féconds du temps,
Ancestral territoire
N’a de cesse de se mouvoir.
On a étiré la colonne
Vertébrale des hanoks,
Coupé des mèches toutes imbriquées,
Taillé des toits moins rebiqués,
Endurci les murs et les habitants.
Réinventé les clans
Au-delà des villages,
Et drastiquement
Épaissi les étages.
Avec les écrans polymorphes, on se lie d’amitié.
Tout en vitres teintées, on conduit armuré.
On la peaufine, cette introversion
Plus marquée que celle de l’aïeul.
Dans cet empire des échelons,
On semble tous un peu seuls
Mais
Car l’on existe jamais tout à fait solitaire,
Il reste,
Cultivés yeogi cheogi,
L’exultoire des chingu
Et les amours signature
Entre minam et minyeo.
L’amour standard, l’amour repère.
Identifiable et honorable
Irrésistible et tangible.
L’amour made in Séoul.
J’ai demandé à un ami
Combien de temps avait duré
Son histoire d’amour finie.
“Six cent jours”, il avait dit.
J’ai demandé à un autre
Ce qui pour lui comptait le plus
Et devait à coup sûr animer
Sa prochaine bien-aimée.
Il a dit “la beauté”.
Il n’est pas tous
Mais je sais
Que beaucoup acquiesceraient.
Romantisme hors-du-temps
En terrain contemporain ?
Chemin à deux les pieds sur terre
Sans vertige de l’amour ?
À tout croisement de Séoul,
En quête de celui avec qui
Je ferai de jolies choses.
Qui suscitera des regards.
Qui fera ce que j’attendrai.
Que j’accepte de ne jamais Entièrement
connaître car
Jamais ça n’ira trop loin.
Je serai sensible
Car tu es éligible.
Mon amant-supplément
Mon amour-miroir
Tant mieux si tu es accessoire.
Mesurons le temps ensemble,
Mon allure-sœur.
Emmenons-nous partout.
Célébrons la trouvaille.
Chaque mois, asseyons-nous face à face.
Je me serai faite belle,
Que tu me regardes ou pas.
J’aime ta pudeur poudrée
J’aime ton feu suggéré.
D’Apgujeong à Yeonnam,
Mon yeobo bien trop beau,
Je t’exhibe
Je veux dire :
Je t’estime.
Sous le dancheong de Gyeongbokgung,
Et dans le ventre des galeries de Samseong,
Nous performerons les liens
Et romantiserons le béton
Dans les règles de l’art.
Sur une nappe imprimée,
La chandelle longiligne,
Le jazz que les murs sifflent,
Et au creux de la vaisselle
Qu’on ne lavera pas nous-même,
Je sème mes étoiles
Et tire ma toile.
Écran compte avec moi les jours de mon idylle.
Mon idylle en public,
Mon idylle esthétique
Au rythme des saisons,
Aux sujets assortis.
Il fait bon vivre, main dans la main sous le tanpung.
Il fait bon vivre dans l’objectif,
Sous les fleurs du renouveau.
L’Amour made in Séoul
Marie de Stefano
2024
Le texte qui suit, composé par Marie de Stefano, nous a été envoyé dans le cadre du concours d’écriture de Keulmadang, et a été récompensé de la deuxième place.
Au vent des autres continents
Et sous les doigts féconds du temps,
Ancestral territoire
N’a de cesse de se mouvoir.
On a étiré la colonne
Vertébrale des hanoks,
Coupé des mèches toutes imbriquées,
Taillé des toits moins rebiqués,
Endurci les murs et les habitants.
Réinventé les clans
Au-delà des villages,
Et drastiquement
Épaissi les étages.
Avec les écrans polymorphes, on se lie d’amitié.
Tout en vitres teintées, on conduit armuré.
On la peaufine, cette introversion
Plus marquée que celle de l’aïeul.
Dans cet empire des échelons,
On semble tous un peu seuls
Mais
Car l’on existe jamais tout à fait solitaire,
Il reste,
Cultivés yeogi cheogi,
L’exultoire des chingu
Et les amours signature
Entre minam et minyeo.
L’amour standard, l’amour repère.
Identifiable et honorable
Irrésistible et tangible.
L’amour made in Séoul.
J’ai demandé à un ami
Combien de temps avait duré
Son histoire d’amour finie.
“Six cent jours”, il avait dit.
J’ai demandé à un autre
Ce qui pour lui comptait le plus
Et devait à coup sûr animer
Sa prochaine bien-aimée.
Il a dit “la beauté”.
Il n’est pas tous
Mais je sais
Que beaucoup acquiesceraient.
Romantisme hors-du-temps
En terrain contemporain ?
Chemin à deux les pieds sur terre
Sans vertige de l’amour ?
À tout croisement de Séoul,
En quête de celui avec qui
Je ferai de jolies choses.
Qui suscitera des regards.
Qui fera ce que j’attendrai.
Que j’accepte de ne jamais Entièrement
connaître car
Jamais ça n’ira trop loin.
Je serai sensible
Car tu es éligible.
Mon amant-supplément
Mon amour-miroir
Tant mieux si tu es accessoire.
Mesurons le temps ensemble,
Mon allure-sœur.
Emmenons-nous partout.
Célébrons la trouvaille.
Chaque mois, asseyons-nous face à face.
Je me serai faite belle,
Que tu me regardes ou pas.
J’aime ta pudeur poudrée
J’aime ton feu suggéré.
D’Apgujeong à Yeonnam,
Mon yeobo bien trop beau,
Je t’exhibe
Je veux dire :
Je t’estime.
Sous le dancheong de Gyeongbokgung,
Et dans le ventre des galeries de Samseong,
Nous performerons les liens
Et romantiserons le béton
Dans les règles de l’art.
Sur une nappe imprimée,
La chandelle longiligne,
Le jazz que les murs sifflent,
Et au creux de la vaisselle
Qu’on ne lavera pas nous-même,
Je sème mes étoiles
Et tire ma toile.
Écran compte avec moi les jours de mon idylle.
Mon idylle en public,
Mon idylle esthétique
Au rythme des saisons,
Aux sujets assortis.
Il fait bon vivre, main dans la main sous le tanpung.
Il fait bon vivre dans l’objectif,
Sous les fleurs du renouveau.
L’Amour made in Séoul
Marie de Stefano
2024