L’auteur présente et assume la faute de français, insistant sur l’idée qu’il faut parler de trois Corées, au sens de trois pays distincts, de trois Corées comme étant trois facettes d’une même coréité. De ce fait, la dénomination de littérature coréenne régulièrement employée pose le même problème que pour le territoire. Il n’y a pas « une » littérature de Corée mais bien une littérature des Corées, au sens de trois littératures présentant des caractéristiques particulières, tant sur le plan historique autant que sur le plan esthétique. Pour comprendre cette position, on se référera à l’ouvrage Les trois Corées : les grands enjeux géopolitiques, du même auteur, paru en 2018. La principale originalité du recueil de nouvelles vient de la présence d’auteurs peu connus, voire inconnus, de Corée du Nord comme de la province autonome du Yanbian en Chine, qui donnent à ce volume le titre : Il était une fois trois Corées.
Poursuivant sa démonstration, l’auteur propose une série de nouvelles découpées suivant un arbitraire (inévitable) avant, pendant, et après la séparation. Séparation mais pas division, ce dernier terme auquel est substitué celui de désunion plus proche de la réalité, terme semblant rendre plus réaliste une fantasmatique réunification. L’ouvrage propose donc des textes (nouvelles et extraits de romans) relatifs à ces trois contrées émancipées, reflet d’une coréité unique et intranquille.
La partie avant la division est représentée par deux textes d’auteurs alors coréens, Chae Mansik, dont nous connaissons Sous le soleil la paix, publié chez Actes Sud ; et Chu Yoseop, que nous ne connaissions pas. La province (chinoise) du Yanbian est représentée par deux textes de Choe Yong Ja et Pak Cho-ran. La Corée du Nord se taille la part du lion dans le volume avec cinq auteurs dont le texte de Baek Nam-Ryong dont nous avions apprécié Les amis, paru chez Actes Sud. Suivent les textes de Han Sol Ya, Choi Seong-jin, Jang Gi Sung (2 textes). La Corée du Sud est représentée avec deux textes, l’un de Cheon Myeong-kwan et l’autre de Pyun Hye-young. Enfin, une dernière partie (éditorialement moins explicable) avec deux textes, l’un de l’inénarrable Park Min-kyu et l’autre de Li Shin Hyon, « L’esprit de Kanggye », que nous avons particulièrement apprécié.
L’ouvrage est bien trop dense et bien trop riche pour faire l’objet d’un compte rendu complet, mais le lecteur averti trouvera confirmation de la qualité littéraire venue des trois Corées, et le lecteur néophyte, après avoir oublié la montagne de stéréotypes qui circulent sur ces trois Corées, découvrira deux des trois littératures moins en cours et à ce titre, d’autant plus intéressantes.
Il était une fois trois Corées
Anthologie littéraire composée par Patrick Maurus
Traduit du coréen par Patrick Maurus, Lya Mayahi, Ri Ji Yong, Kim Min Jung, Niky Guillon, Benoit Berthelier
Actes Sud, 2025, 23€80
L’auteur présente et assume la faute de français, insistant sur l’idée qu’il faut parler de trois Corées, au sens de trois pays distincts, de trois Corées comme étant trois facettes d’une même coréité. De ce fait, la dénomination de littérature coréenne régulièrement employée pose le même problème que pour le territoire. Il n’y a pas « une » littérature de Corée mais bien une littérature des Corées, au sens de trois littératures présentant des caractéristiques particulières, tant sur le plan historique autant que sur le plan esthétique. Pour comprendre cette position, on se référera à l’ouvrage Les trois Corées : les grands enjeux géopolitiques, du même auteur, paru en 2018. La principale originalité du recueil de nouvelles vient de la présence d’auteurs peu connus, voire inconnus, de Corée du Nord comme de la province autonome du Yanbian en Chine, qui donnent à ce volume le titre : Il était une fois trois Corées.
Poursuivant sa démonstration, l’auteur propose une série de nouvelles découpées suivant un arbitraire (inévitable) avant, pendant, et après la séparation. Séparation mais pas division, ce dernier terme auquel est substitué celui de désunion plus proche de la réalité, terme semblant rendre plus réaliste une fantasmatique réunification. L’ouvrage propose donc des textes (nouvelles et extraits de romans) relatifs à ces trois contrées émancipées, reflet d’une coréité unique et intranquille.
La partie avant la division est représentée par deux textes d’auteurs alors coréens, Chae Mansik, dont nous connaissons Sous le soleil la paix, publié chez Actes Sud ; et Chu Yoseop, que nous ne connaissions pas. La province (chinoise) du Yanbian est représentée par deux textes de Choe Yong Ja et Pak Cho-ran. La Corée du Nord se taille la part du lion dans le volume avec cinq auteurs dont le texte de Baek Nam-Ryong dont nous avions apprécié Les amis, paru chez Actes Sud. Suivent les textes de Han Sol Ya, Choi Seong-jin, Jang Gi Sung (2 textes). La Corée du Sud est représentée avec deux textes, l’un de Cheon Myeong-kwan et l’autre de Pyun Hye-young. Enfin, une dernière partie (éditorialement moins explicable) avec deux textes, l’un de l’inénarrable Park Min-kyu et l’autre de Li Shin Hyon, « L’esprit de Kanggye », que nous avons particulièrement apprécié.
L’ouvrage est bien trop dense et bien trop riche pour faire l’objet d’un compte rendu complet, mais le lecteur averti trouvera confirmation de la qualité littéraire venue des trois Corées, et le lecteur néophyte, après avoir oublié la montagne de stéréotypes qui circulent sur ces trois Corées, découvrira deux des trois littératures moins en cours et à ce titre, d’autant plus intéressantes.
Il était une fois trois Corées
Anthologie littéraire composée par Patrick Maurus
Traduit du coréen par Patrick Maurus, Lya Mayahi, Ri Ji Yong, Kim Min Jung, Niky Guillon, Benoit Berthelier
Actes Sud, 2025, 23€80