Journaliste, animatrice télé et auteure à succès, Oh Mina partage une vie luxueuse avec son fiancé coréen-américain John dans les hauteurs des gratte-ciels de Gangnam, le district le plus riche de Séoul. Du sommet de la société, la belle calcule chacun de ses gestes au millimètre près en public comme en privé. Pourtant adepte du contrôle, la situation lui échappe lorsqu’elle se retrouve ciblée par un stalker connaissant de son adresse à ses habitudes. S’agit-il d’un envieux, d’un rival ou bien de quelqu’un aux motivations bien différentes ? L’entourage pourtant réduit des deux amants paraît de plus en plus suspect. Les pistes se multiplient, mais des fragments insoupçonnés du passé de Mina resserrent l’étau…
Ce thriller divisé en quatre chapitres retrace des événements marquants de la vie de Oh Mina selon un ordre antichronologique. Malgré les retours dans le temps, l’enchainement reste clair et chaque chapitre apporte un angle nouveau. La narration a tendance à être très factuelle, mais cela reflète la rigidité et le stoïcisme du personnage principal. À chaque chapitre, de nouveaux rôles sont attribués à Mina : l’amante, la mère, la jeune femme et l’enfant. Ayant grandi simultanément dans l’abondance matérielle et l’abandon émotionnel, la valeur des choses ne lui a pas été inculquée. Consommatrice excessive, Mina se lasse promptement de tout et de tout le monde. Elle témoigne de la même structure comportementale depuis l’enfance. Or, l’ampleur de ses actions gagne en gravité à mesure qu’elle grandit.
La Femme de Gangnam est une critique de la société coréenne à travers le personnage de Oh Mina. Le roman dénonce à la fois le mode de vie de surconsommation et d’extravagance de la bourgeoisie, mais traite aussi de nombreux autres problèmes sociétaux comme la misogynie, la pression scolaire, les différences sociales, l’adulation des pays occidentaux ainsi que la compétitivité constante. Une emphase particulière est placée sur le physique de Mina dès son jeune âge : enfant, elle est fréquemment comparée à sa mère ; jeune femme, elle devient un objet esthétique pour son père, chirurgien plasticien, qui entreprend de modifier son visage à l’image de celui de son épouse comme publicité pour sa clinique. En devenant mère, elle sacrifie sa carrière et sa vie personnelle pour se consacrer seule à son enfant. Un fils surmené et déconsidéré, à son tour victime de la pression scolaire et la multitude de hagwon. Ce cercle vicieux de stigmatisation et pression sociale conduit les personnages à incarner le rôle de victime aussi bien que celui de bourreau.
Le talent d’écriture de Lee Hong a été reconnu et récompensé de divers prix en Corée, dont le prix de l’Auteur contemporain pour son premier roman. Coordinatrice de projets rassemblant la Corée et l’Europe, c’est avec La Femme de Gangnam qu’elle fait son entrée sur le marché littéraire français. Tandis que le titre français laisse deviner l’aspect contemporain et bourgeois du récit, son titre original, 나를 사랑했던 사람들 (Les personnes qui m’ont aimée) met davantage en lumière la dimension relationnelle et l’importance du regard d’autrui dans la construction du soi. Son attrait pour la noirceur de l’âme est comparable au recueil de nouvelles Quelqu’un te ressemble de sa consœur Chung So-hyun. Par ses paroles aiguisées, l’autrice relate une relation à couteaux tirés avec son pays natal, la Corée du Sud.
La Femme de Gangnam
LEE Hong
Traduit du coréen par KIM Hye-gyeong et Jean-Claude DE CRESCENZO
Decrescenzo, 22€
Journaliste, animatrice télé et auteure à succès, Oh Mina partage une vie luxueuse avec son fiancé coréen-américain John dans les hauteurs des gratte-ciels de Gangnam, le district le plus riche de Séoul. Du sommet de la société, la belle calcule chacun de ses gestes au millimètre près en public comme en privé. Pourtant adepte du contrôle, la situation lui échappe lorsqu’elle se retrouve ciblée par un stalker connaissant de son adresse à ses habitudes. S’agit-il d’un envieux, d’un rival ou bien de quelqu’un aux motivations bien différentes ? L’entourage pourtant réduit des deux amants paraît de plus en plus suspect. Les pistes se multiplient, mais des fragments insoupçonnés du passé de Mina resserrent l’étau…
Ce thriller divisé en quatre chapitres retrace des événements marquants de la vie de Oh Mina selon un ordre antichronologique. Malgré les retours dans le temps, l’enchainement reste clair et chaque chapitre apporte un angle nouveau. La narration a tendance à être très factuelle, mais cela reflète la rigidité et le stoïcisme du personnage principal. À chaque chapitre, de nouveaux rôles sont attribués à Mina : l’amante, la mère, la jeune femme et l’enfant. Ayant grandi simultanément dans l’abondance matérielle et l’abandon émotionnel, la valeur des choses ne lui a pas été inculquée. Consommatrice excessive, Mina se lasse promptement de tout et de tout le monde. Elle témoigne de la même structure comportementale depuis l’enfance. Or, l’ampleur de ses actions gagne en gravité à mesure qu’elle grandit.
La Femme de Gangnam est une critique de la société coréenne à travers le personnage de Oh Mina. Le roman dénonce à la fois le mode de vie de surconsommation et d’extravagance de la bourgeoisie, mais traite aussi de nombreux autres problèmes sociétaux comme la misogynie, la pression scolaire, les différences sociales, l’adulation des pays occidentaux ainsi que la compétitivité constante. Une emphase particulière est placée sur le physique de Mina dès son jeune âge : enfant, elle est fréquemment comparée à sa mère ; jeune femme, elle devient un objet esthétique pour son père, chirurgien plasticien, qui entreprend de modifier son visage à l’image de celui de son épouse comme publicité pour sa clinique. En devenant mère, elle sacrifie sa carrière et sa vie personnelle pour se consacrer seule à son enfant. Un fils surmené et déconsidéré, à son tour victime de la pression scolaire et la multitude de hagwon. Ce cercle vicieux de stigmatisation et pression sociale conduit les personnages à incarner le rôle de victime aussi bien que celui de bourreau.
Le talent d’écriture de Lee Hong a été reconnu et récompensé de divers prix en Corée, dont le prix de l’Auteur contemporain pour son premier roman. Coordinatrice de projets rassemblant la Corée et l’Europe, c’est avec La Femme de Gangnam qu’elle fait son entrée sur le marché littéraire français. Tandis que le titre français laisse deviner l’aspect contemporain et bourgeois du récit, son titre original, 나를 사랑했던 사람들 (Les personnes qui m’ont aimée) met davantage en lumière la dimension relationnelle et l’importance du regard d’autrui dans la construction du soi. Son attrait pour la noirceur de l’âme est comparable au recueil de nouvelles Quelqu’un te ressemble de sa consœur Chung So-hyun. Par ses paroles aiguisées, l’autrice relate une relation à couteaux tirés avec son pays natal, la Corée du Sud.
La Femme de Gangnam
LEE Hong
Traduit du coréen par KIM Hye-gyeong et Jean-Claude DE CRESCENZO
Decrescenzo, 22€