Longtemps reconnue comme l’une des forces du cinéma coréen*, la figure du gangster fut autant à l’honneur de blockbusters que de films indépendants. Aujourd’hui encore, des œuvres cinématographiques et télévisuelles telles que Vincenzo, My Name, The Outlaws, ou bien Les Planificateurs du côté littéraire, font partie des classiques du patrimoine sud-coréen. Devant une telle ferveur pour le crime organisé au pays du Matin frais, Ian Manook pose un regard occidental sur la question et élabore un thriller rempli d’action, dans la veine de romans tels que Saigon Night ou Qui veut la guerre.
Marc Verneuil, ancien flic reconverti auteur, et sa femme Madeleine foulent le sol de Séoul, capitale flamboyante de la Corée du Sud, des étoiles dans les yeux. Une escale au marché de Noryangjin le soir de leur arrivée, et voilà Madeleine disparue, envolée. Aux prises de la mafia locale. Mauvais endroit, mauvais moment ? Pour Verneuil et Lee Min-Ho, alias Gangnam, l’enlèvement était prémédité. Reste à comprendre pourquoi, et à retrouver Madeleine au plus vite.
En progressant dans l’enquête, la simple disparition d’une touriste française déclenche une véritable guerre générationnelle entre clans de mafieux. Tradition et déférence, contre modernité et profit. L’auteur choisit d’ailleurs l’industrie lucrative de la K-pop comme nouveau berceau du crime.
« À quinze ans, Choiwoo laisse tomber ses copains et trois ans plus tard, sa belle gueule et le travail de BW lui ont déjà rapporté soixante-dix millions de fans et une centaine de millions de dollars. » (102).
L’éditeur nous promet une plume « cinématographique » et n’exagère pas. Déjà connu pour avoir fait voyager ses lecteurs en Mongolie et en Islande, Ian Manook superpose aux décors chatoyants de Séoul une mise-en-scène à l’américaine avec ce « toujours plus » hollywoodien. La narration est visuelle, foisonnante d’images et de métaphores, et érige une cartographie précise et reconnaissable de la ville pour tous ceux qui y seraient déjà allés.
Le sujet est recherché, nul n’en doute, et l’auteur veut le prouver : nombre de dialogues entre les personnages deviennent un prétexte pour un point culture sur l’architecture coréenne, les jeux traditionnels, l’histoire du pays, les condiments, le poulet frit ou les acteurs à la mode. Pour le lecteur qui découvre ce pays, cela permet une identification sensible au personnage principal tout aussi néophyte que lui. Mais pour l’habitué, le style peut parfois paraître surchargé.
« Sa séquestration pourrait bien durer longtemps, comme pour le personnage de Oh Dae-su, joué par Choi Min-sik, dans Old Boy, le film de Park Chan-wook. » (56).
Force de ce roman, Ian Manook accorde beaucoup de soin dans l’écriture de ses personnages et rend hommage aux gangsters au cœur tendre du cinéma coréen. Peut-être le début d’une nouvelle série pour cet ancien journaliste et grand voyageur, et son personnage Gangnam.
Si le monde de la mafia coréenne vous attire, nous recommandons de compléter votre lecture avec l’excellent drama The Worst of Evil (Disney+).
Gangnam
Ian Manook
Flammarion, 480 pages, 22,50€
Longtemps reconnue comme l’une des forces du cinéma coréen*, la figure du gangster fut autant à l’honneur de blockbusters que de films indépendants. Aujourd’hui encore, des œuvres cinématographiques et télévisuelles telles que Vincenzo, My Name, The Outlaws, ou bien Les Planificateurs du côté littéraire, font partie des classiques du patrimoine sud-coréen. Devant une telle ferveur pour le crime organisé au pays du Matin frais, Ian Manook pose un regard occidental sur la question et élabore un thriller rempli d’action, dans la veine de romans tels que Saigon Night ou Qui veut la guerre.
Marc Verneuil, ancien flic reconverti auteur, et sa femme Madeleine foulent le sol de Séoul, capitale flamboyante de la Corée du Sud, des étoiles dans les yeux. Une escale au marché de Noryangjin le soir de leur arrivée, et voilà Madeleine disparue, envolée. Aux prises de la mafia locale. Mauvais endroit, mauvais moment ? Pour Verneuil et Lee Min-Ho, alias Gangnam, l’enlèvement était prémédité. Reste à comprendre pourquoi, et à retrouver Madeleine au plus vite.
En progressant dans l’enquête, la simple disparition d’une touriste française déclenche une véritable guerre générationnelle entre clans de mafieux. Tradition et déférence, contre modernité et profit. L’auteur choisit d’ailleurs l’industrie lucrative de la K-pop comme nouveau berceau du crime.
L’éditeur nous promet une plume « cinématographique » et n’exagère pas. Déjà connu pour avoir fait voyager ses lecteurs en Mongolie et en Islande, Ian Manook superpose aux décors chatoyants de Séoul une mise-en-scène à l’américaine avec ce « toujours plus » hollywoodien. La narration est visuelle, foisonnante d’images et de métaphores, et érige une cartographie précise et reconnaissable de la ville pour tous ceux qui y seraient déjà allés.
Le sujet est recherché, nul n’en doute, et l’auteur veut le prouver : nombre de dialogues entre les personnages deviennent un prétexte pour un point culture sur l’architecture coréenne, les jeux traditionnels, l’histoire du pays, les condiments, le poulet frit ou les acteurs à la mode. Pour le lecteur qui découvre ce pays, cela permet une identification sensible au personnage principal tout aussi néophyte que lui. Mais pour l’habitué, le style peut parfois paraître surchargé.
Force de ce roman, Ian Manook accorde beaucoup de soin dans l’écriture de ses personnages et rend hommage aux gangsters au cœur tendre du cinéma coréen. Peut-être le début d’une nouvelle série pour cet ancien journaliste et grand voyageur, et son personnage Gangnam.
Si le monde de la mafia coréenne vous attire, nous recommandons de compléter votre lecture avec l’excellent drama The Worst of Evil (Disney+).
Gangnam
Ian Manook
Flammarion, 480 pages, 22,50€