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Qu’est devenu l’homme coincée dans l’ascenseur ?

qu'est devenu l'homme coincé dans l'ascenceur? de KIM Young-ha - Éditions Philippe Picquier
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qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenceur? de KIM Young-ha – Éditions Philippe Picquier

Les hommes connaissent tous l’utilité d’être utile, mais aucun ne connaît l’utilité d’être inutile

Tchouang-Tseu

Qui n’a pas déjà vérifié l’expression « se lever du pied gauche » après une longue journée qui n’aura été qu’une succession d’aventures plus ou moins chaotiques?

Au terme de quatre nouvelles réunies sous le nom de la première Qu’est devenu l’homme coincé dans l’ascenseur?, Kim Young-ha, en jongleur de mots, mêle à  l’absurde réalité du quotidien, humour et parfois même, fantastique.

En acteur de cirque, où le jongleur nous orchestre, nous lecteur devenons acrobate d’un quotidien rarement compréhensible!

La première nouvelle est donc celle de l’homme coincé dans l’ascenseur… bien que d’après son titre on s’attende à voir dans notre protagoniste ce malheureux homme coincé dans l’ascenseur, il n’en est rien! Kim Young-ha nous prend de cours, en lui préférant un homme, tout à fait commun, témoin de l’accident d’ascenseur et promettant à la victime d’appeler les secours. Tout en se rendant à son travail, la journée de notre héros devient le parcours du combattant durant laquelle l’ombre del’homme coincé dans l’ascenseur semble s’étendre indéfiniment: de l’accident de bus, au tracas du travail,… Kim Young-ha fait vivre à notre insolite personnage une journée pleine de quiproquos aux conséquences incongrues et souvent injustes.

La seconde nouvelle s’intitule Vampires… un écrivain (un Kim Young-ha dissimulé… seul, lui, le sait…) reçoit une bien étrange lettre. Après lui avoir raconté les nombreux aléas de sa vie sentimentale, faite de rencontres et d’amours blessées, la narratrice en vient finalement à lui expliquer le but de sa démarche. Selon elle, son époux serait un vampire! Kim Young-ha prête à ce prétendu vampire une attitude bien ambiguë, en rien sanglante,… une fois la lecture de cette missive terminée, la réaction de l’écrivain offre une chute des plus burlesques.

L’amour à haute tension est le titre de cette troisième nouvelle : un homme est pris au piège d’une vie conjugale décevante, rongée par la présence d’une mère envahissante, et d’une relation belle-fille/ belle-mère conflictuelle. Notre protagoniste semble reprendre goût à la vie lorsqu’il retrouve son amour non-avoué de jeunesse: l’ancienne petite-amie de son meilleur ami de lycée. C’est alors le début d’une liaison mouvementée… Quelle n’est pas la surprise de notre personnage quand son enveloppe corporelle disparaît progressivement ! Devenu invisible, il affronte de dures vérités : les masques tombent et chacun se révèle sous son vrai jour. Kim Young-ha nous renvoie ici au sentiment étrange de la déception et à l’importance que l’on accorde finalement au regard de l’autre.

Enfin, L’homme qui n’avait pas d’ombre est la dernière nouvelle de ce recueil. Un écrivain, dévasté par les révélations d’un ancien ami devenu prêtre se persuade de son inutilité jusqu’à en perdre son ombre ! Son malaise va grandissant, et le personnage cloîtré dans son appartement, entraîne le lecteur dans une introspection qui l’amène à s’interroger sur le sens et le bien-fondé de sa vie.

Cette dernière nouvelle clos magistralement ce recueil au thème fédérateur : le besoin universel d’être utile aux autres. L’anonymat qui frappe les personnages permet au lecteur de s’approprier, par un phénomène d’identification, chaque destin.