Le protagoniste principal n’est nul autre que Yi Songkye, fondateur de la dynastie des Yi régnant sur la Corée à partir de 1392 jusqu’à 1910 (période Jeoson). Ce général, de peur de se faire détrôner, donnera l’ordre d’exécuter tout les nouveau-nés d’un village dans les montagnes.
C’est avec une drôle d’idée en tête que Kim Kwang-lim a décidé de monter cette pièce de théâtre en 2002. En effet, c’est non sans prise de risque que le jeune auteur se lança un défi de taille, celui de s’approprier ce vieux récit traditionnel coréen et d’y créer un tout nouveau style théâtral. A travers son spectacle Kim Kwang-lim nous chante et nous raconte l’histoire de ce bébé géant, ne manquant pas de nous rappeler le très traditionnel pansori. Avec cette œuvre, son équipe et lui introduisent un tout nouveau langage en alliant de manière harmonieuse les arts martiaux traditionnels (Kichonmun), le théâtre de marionnettes (Gokdu Gakshi Norum) et l’art du conteur. L’auteur parvient avec grande dextérité à mêler l’art du théâtre traditionnel coréen avec des éléments stylistiques bien plus énergiques propres au théâtre contemporain, modernisant grandement ce vieux conte.
Ce nouveau langage que nous offrent l’auteur, les acteurs et les chorégraphes est fait pour être compris par tout le monde. Sans connaissance particulière de la langue coréenne il est très aisé de se situer dans l’histoire et de la suivre. Les artistes arrivent ainsi à toucher un large public, ce qui leur a aussi permis d’effectuer trois tournées étrangères, passant de Taïwan en Russie pour finalement arriver à notre Théâtre du Soleil, à Paris. On apprendra, grâce aux notes et introduction fournies avec l’œuvre, que tout le long de ces représentations le public étranger s’est montré très réceptif à la pièce, lui faisant bon accueil. L’œuvre surprend tout autant l’amateur de théâtre qui découvre la scène coréenne, que le lecteur averti et connaisseur du conte traditionnel, qui salue l’aspect novateur de la pièce.
A travers cette œuvre nous pouvons ressentir l’attachement de l’auteur au théâtre coréen. Cette volonté de le porter au XXIe siècle et de le faire partager au monde, sans en oublier les racines profondes.