Romans

L’Oiseau

oh-jung-hi-5Chacun semblait aspirer à une vie meilleure mais prisonniers de la loi de la gravité, ils n’ont nul autre choix que de survivre. Privés de leur mère, la jeune narratrice, Pak Umi, et son petit frère sont ballotés ici et là en attendant que leur père daigne les récupérer. Lorsque ce jour arrive, naît alors chez les enfants l’espoir de faire partie d’une vraie famille. Cependant, notre jeune narratrice âgée seulement de onze ans se voit malgré elle, adosser le rôle de grande sœur, de mère et de maîtresse d’école pour son jeune frère Uil lorsque la nouvelle compagne de leur père les abandonnera comme l’avait fait auparavant celle qui les avait mis au monde. Le tableau de la famille parfaite et heureuse est à nouveau mis K.O par la violence du père. Ses airs de déjà-vu redonnent vie aux souvenirs jusqu’ici brumeux et encagent à jamais l’espoir à l’image de l’oiseau du voisin. Des enfants privés d’enfance et contraints à vivre comme des adultes au sein d’adultes démunis. Mais comment s’en sortiront-ils ?

C’est là tout le symbole que donne Oh Jung-hi à l’oiseau. Ce titre n’est pas un hasard puisque métaphoriquement, il est le symbole de la liberté. Dans son oeuvre, l’oiseau en cage est une représentation de la liberté de la pensée mais une liberté condamnée par la dure réalité.

Le lecteur comprendra alors mieux l’obsession de Uil pour les volatiles et son adoration pour Toto, héros de son dessin animé préféré. Au risque de se tordre le cou, il s’essaie encore et encore à prendre son envol et à voler dans le ciel. « Il ne doit pas aimer le monde d’en bas ; c’est sale et boueux, et ça grouille de méchants qui veulent les bouffer ». p.33  Telle est la réplique du voisin pour expliquer pourquoi les oiseaux, anges et sages taoïstes vivent dans le ciel. Pourtant, Umi et Uil rêvent eux aussi d’ailleurs, de déployer leurs ailes et de découvrir un monde meilleur, celui des rêves « Le rêve, c’est le chemin, l’univers où l’âme vagabonde » p.7

Dans L’Oiseau, Oh Jung-hi donne au lecteur une image sombre et triste de la Corée. Une image où une enfant de onze ans a compris comment survivre avec les autres. On souffre en silence, on pleure en silence pour une seule raison : la survie.

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