Yuri est une petite fille qui grandit à l’ombre d’une maman autoritaire. L’enfant est timide, craintive, au grand dam de sa mère, mais elle a aussi beaucoup de finesse et de raison. Pourtant, lorsque d’étranges hommes coiffés de chapeaux en forme d’escargot arrivent en ville, Yuri n’en mène pas large. Comme son chat Néo s’enfuit à leur vue, elle le poursuit dans le métro, avec Suhyeon, un camarade de classe. Pris en charge par une grand-mère digne des contes cinématographiques de Hayao Miyazaki, les voilà qui embarquent dans un taxi en forme de chat géant, un maroïnn vert, guidé par un mystérieux, mais jovial, Chevalier noir, Hara, et escorté par l’enfant-chasseur Solbon. Ils rejoignent la Forêt-mère où les accueillent Bayan, le maître de la forêt, Oh-In la maîtresse des bois, Toroun qui égare les voyageurs, Yavadal le fantôme : Yuri se croit dans un gigantesque parc d’attraction ! Or, la raison de sa présence dans ce lieu fantastique est bien différente, et le lecteur la découvre avec elle petit à petit au fil des chapitres.
Deux récits s’entrecroisent pour nous conter l’histoire d’un monde parallèle en grand danger d’extinction, dominé par une méchante créature qui prétend au titre de reine, alors qu’elle n’est que l’ombre malfaisante de la reine de la Forêt. La reine véritable est prisonnière, et Yuri et ses amis doivent la délivrer pour rendre vie à la Forêt-mère, et chasser les ombres.
Pendant ce temps, à Séoul, ou dans une grande ville qui lui ressemble beaucoup, Hanna cherche sa fille partout. Avec l’aide de Mr Yu, un instituteur dévoué et disponible, et flanquée de Jino, un garçon qui aime bien Yuri, elle va même se rendre sur la place de l’Hôtel de ville où a lieu une grande manifestation contre les décisions du Conseil municipal.
Car le monde change. Et le roman prend la forme d’une anticipation menaçante. Une mystérieuse Société de l’Avenir a pris le pouvoir et dissémine dans la ville un étrange service d’ordre auquel même les militaires doivent obéir. Ces hommes sont coiffés d’un chapeau-escargot, et chargés d’une terrible mission : rafler le plus d’individus possible et leur voler leur souffle vital. Les hommes-escargots s’en prennent d’abord aux sans-abri, qui sont très isolés et sans défense. Pourtant, certains veillent et s’organisent, des étudiants, des mal-logés, des personnes rejetées par la société, des petits commerçants menacés.
Dans les deux mondes, seule la solidarité et la confiance permettront aux justes de vaincre ceux qui les menacent. Les histoires individuelles sont souvent liées entre elles et reliées à l’histoire collective, les destins de la vie réelle et du monde fantastique sont souvent croisés, car les deux univers sont bel et bien tissés comme fil de chaîne et fil de trame dans une grande tapisserie.
Tissés par Kim Jin-kyeong, qui dévoile toute sa maîtrise d’écrivain et de grand conteur pour mener à bien ce premier tome d’une aventure symbolique complexe, sombre, parfois même terrifiante, qui passionnera les amateurs du genre. A mi-chemin entre héroïc-fantasy et roman noir, l’auteur file la métaphore sur un mode plus que créatif, et nous offre ce grand roman d’aventures.
LA GUERRE DES OMBRES
DE KIM JIN-KYEONG
Traduit du coréen par LIM Yeong-hee et Françoise NAGEL.
Edition Philippe Picquier, 520 pages, 19.50 €
Il me semblait bien qu’il y avait plusieurs tomes… et cela me fait vraiment envie ! Suis-je mal renseignée, ou il y a très peu de Fantasy asiatique (hors mangas) traduite en France ?
Bonjour,
Merci pour votre message. L’aventure La guerre des ombres est en effet disponible en plusieurs tomes chez Philippe Picquier.
En ce qui concerne la Fantasy, les publications traduites du domaine coréen sont relativement peu nombreuses pour le moment.
Bonjour,
Vous aimerez sûrement les deux romans publiés de Gu Byeong-mo, « Les petits pains de la pleine lune », en poche et « Fils de l’eau », publiés tous les deux chez Picquier. Magie, fantastique et réalisme plutôt trash… Que du bonheur!
Les chroniques sont sur keulmadang.
Bonne lecture!