Mais ce nouvel opus peut se lire même si on ne connaît pas les précédents. Outre les chats, on retrouve Salopette qui vit au Canada, Bongo le chien, eh oui, ici pas de guerre fatale. Il y a aussi Marie, Charlotte, le compagnon de Bongo … Onze épisodes pour décrypter l’inversion de la relation homme-animal ; ici ce sont les animaux qui ont un humain de compagnie, voire un serviteur, en tout cas quelqu’un d’entièrement dévoué, aux petits soins, à l’écoute, mais souvent ignoré par ceux-là même pour lesquels il ou elle se décarcasse. C’est bien ça, c’est le monde à l’envers ! D’ailleurs, Bongo donne son nom à sa famille, et on dit « les Bongo » dans ce monde-là.
Partant de là, il n’en faut pas plus à Park Yoon-sun pour enchaîner les événements délirants où les trois chats sont croqués en gros plan, le poil en bataille, les yeux écarquillés, la gueule grande ouverte sur des canines pointues : il ne manque que le son pour faire vibrer nos tympans au rythme trépidant de leurs miaulements – euh – aventures ! Onomatopées colorées, bulles zigzagantes, points d’exclamation et typographie adaptée pour suggérer le volume sonore : le lecteur en a pour ses oreilles, ce n’est pas une BD qui se lit, c’est une BO tonitruante où même les ronrons font un bruit de moteur!
Les aventures sont rocambolesques, leur mise en scène et les décors dépassent toutes les audaces et les couleurs psychédéliques font palpiter l’image ! Park Yoon-sun dévoile dans cet opus une créativité débordante pour un découpage encore plus dynamique entre planches pleine page où les chats dévalent des toboggans dans un décor architectural surréaliste, ou au contraire vignettes démultipliées en autant de gros plans de détails, où Salopette traverse l’océan à dos de dauphin avant d’être secouru par le sous-marin de Bongo en forme d’ours en peluche. Et puis, après que les chats soient partis en carton pour glisser sur un toboggan temporel en forme de gouttière périscopique, l’hermine Giacomo et son compagnon Léonard (de Vinci, oui, le peintre-ingénieur), vont les aider à revenir de la préhistoire dans leur « machine à miauler dans le temps »; évidemment Nounours cède à sa gourmandise et manque d’être transformé en chair à pâté pour des oisillons aux dents pointus ancêtres des pies de nos jardins ! La palme revient à la colonne de cartons avec Plume qui se réplique à l’infini pour aller sauver Nounours ! Le rythme narratif accélère toujours au maximum, entraînant le lecteur à surfer sur les vignettes, avant la chute généralement plus réaliste : le jeu s’achève, le retour à la réalité est parfois un peu rude, mais Marie est là pour réconforter et nourrir tout le monde.
Une lecture multiple, addictive, réjouissante : si vous ne connaissiez pas, allez donc un peu voir du côté du club des chats !
OÙ EST LE CLUB DES CHATS ?
PARK YOON-SUN
Misma, 116 pages, 18 €.