La magnifique illustration de couverture de cet album La Petite Fille qui cueillait des histoires, évocatrice de la représentation de la nature dans l’art traditionnel coréen, interpelle le lecteur ; on y aperçoit quelques petits personnages féminins et le tigre des contes coréens, qui veille sur cette histoire. L’artiste Myung Soojung nous entraîne dans la danse d’une jupe qui « tourne comme la Terre » et déploie dans ses plis les représentations du monde des contes et des récits pour enfants, comme une cape de magicien. La jupe appartient à une enfant qui découvre elle aussi les trésors cachés dans les plis de la jolie corolle.
Chaque double page est une ode colorée, minutieusement ornée d’éléments tracés d’une pointe de crayon légère, une technique qui rappelle la préciosité de la décoration sur porcelaine. La tonalité principale est le rouge, un rouge délicat et doux, un rouge frais de joue d’enfant, petit lecteur, petite lectrice concentré.e sur la découverte de ces mondes multiples. Plus que comme une histoire, l’album se décline comme une suite poétique.
L’œil est charmé et distrait par la profusion de détails chatoyants qui impriment durablement la rétine. Ils représentant un contexte culturel autant que géographique, l’univers de petits personnages féminins, que l’autrice insère dans l’illustration : Heidi fille de la montagne, Mulan, Alice, Fifi et ses tresses d’acier, et même Hermione Granger, la petite camarade d’Harry Potter, ce qui incite à découvrir leurs aventures. Les héroïnes coréennes ne sont pas oubliées, même si on peut s’étonner qu’elles ne soient représentées que par Dame Pak et Princesse Bari. Il y a de nombreux contes ou albums coréens avec des personnages féminins connus y compris en France, grâce à la traduction et l’édition qui s’en font les passerelles.
Le texte, qui accompagne l’image dans cet album, évoque la forme de la comptine, de la ritournelle, avec ce petit côté chantant qui s’adresse à de très jeunes enfants. Le lien avec l’objectif de Myung Soojung de donner aux enfants une représentation positive et inspirante de la féminité à travers ses représentations littéraires n’est pas vraiment explicite, mais grâce au récapitulatif des héroïnes citées à la fin, l’ouvrage prend le statut de livre-jeu. Gageons que la curiosité des lecteur.trices en sera d’autant stimulée, et la lecture de La Petite Fille qui cueillait des histoires renouvelée.
La petite fille qui cueillait des histoires
MYUNG Soojung
Traduction de Véronique Massenot
L’Élan vert, 32 pages, 15€
1 commentaire