Shine, de Jessica Jung, est un roman racontant l’ascension d’une jeune fille, Rachel, d’origine coréenne mais étant née aux États-Unis, dans l’univers de la K-pop. Ce n’est pas un sujet anodin pour l’auteure qui est elle-même passée par là. En effet, Jessica Jung était chanteuse dans le populaire groupe Girls’ Generation, de 2007 à 2014. C’est un premier roman qu’elle nous propose, publié nouvellement en France sous le titre I Will Shine.
L’histoire suit donc Rachel, dont le parcours résonne de près avec celui de Jessica Jung. Elle est trainee dans l’agence prestigieuse DB Entertainment depuis six ans, et son seul et unique rêve est de faire ses débuts en tant que chanteuse de K-pop. Tout au long des vingt-sept chapitres rythmant le roman, on découvre tous les obstacles se plaçant entre elle et son objectif. Tout d’abord, le personnage de Mina. Comme elle, Mina souhaite percer dans le monde de la musique, et fait tout pour contrer les projets de Rachel. Au milieu de cette course à la célébrité, un garçon se dresse : Jason, star de l’agence, faisant partie d’un célèbre boys band.
On est très rapidement plongé dans le vif du sujet avec ce livre, qui expose l’envers du décor de ce monde qui semble pourtant si pailleté. Les stars de K-pop doivent être « aimables, éloquentes et parfaites » tout le temps, devant et derrière les caméras. Pas de place pour les scandales, ou le moindre signe de faiblesse, sous peine d’être expulsé du programme devant faire de vous une star. L’animosité entre les trainees est ainsi forte ; entre drogue, mensonge et violence, tout est permis pour gravir les échelons. Mina incarne ce personnage presque antipathique, aveuglé par sa haine envers Rachel qui mène un mode de vie différent des autres. En effet, elle n’a pas dû mettre sa scolarité en pause, et continue de vivre chez ses parents, privilégiée par le patron de l’agence.
Rachel souffre de sa différence, du fait de ne pas trouver sa place en Corée, les autres filles n’ayant cesse de le lui faire remarquer. Elle se sent comprise dans les bras de Jason, étant d’origine canadienne et coréenne. Il pose les mots justes sur leur identité tumultueuse : « trop blanc pour être asiatique, trop asiatique pour être blanc », et c’est ce que ressent Rachel tout au long du roman. A-t-elle sa place sous les projecteurs, elle qui est mal à l’aise face aux caméras, a des difficultés à enchaîner des pas de danse, mais dont la voix s’harmonise parfaitement avec celle de Jason ?
Lorsqu’est annoncé que le jeune garçon cherche une partenaire pour réaliser un duo, Mina et Rachel se battent pour gagner ce privilège. Mina pour ne pas décevoir son père, sévère et puissant, et Rachel, pour prouver à tous qu’elle vaut quelque chose, et pour se rapprocher du garçon dont elle est tombée amoureuse après toutes les attentions qu’il a eues envers elle. Les enjeux sont grands, car sa famille a tout laissé derrière elle aux États-Unis pour s’installer en Corée afin de réaliser le rêve de leur fille. Mais c’est un ultimatum que sa mère lui pose : si Rachel ne fait pas ses débuts dans le courant de l’année, elle devra abandonner la lumière pour rejoindre les bancs de l’université.
Les sacrifices sont des plus importants, et Rachel les apprendra à ses dépens, par la perte de ses amies, sa famille et son amour. Elle finit par ne plus savoir qui elle est, et si le chemin qu’elle a choisi d’emprunter il y a six ans est le meilleur pour elle. Soutenue par sa mentore, Yujin, elle se battra pour ses rêves, prouvant qu’il n’y a pas de limite à sa réussite : plus que quiconque, elle peut briller. Et cela malgré sa relation difficile avec Jason, les deux tourtereaux obligés de se cacher pour être ensemble. Elle se rend alors compte de la malhonnêteté de l’agence qu’elle idolâtrait, ainsi que de la misogynie présente dans la société coréenne.
Malgré les obstacles récurrents dans son parcours, Rachel ne baisse pas les bras. Les difficultés sont nombreuses, la célébrité n’est pas nécessairement ce qu’elle pensait être, mais elle continue de durement se battre, car elle mérite une chance de percer sur la scène musicale. Et si c’est seule, alors tant pis, car son rêve est plus important que tout le reste.
I WILL SHINE
Jessica Jung
Traduit de l’anglais par Sophie Lamotte D’argy
Nathan, 400 pages, 17€95
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