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La Reine d’Itaewon

Dans "La Reine d'Itaewon" Anna, une jeune femme fatiguée de son quotidien, décide de trouver du changement à l'autre bout du monde. Elle découvre alors un côté de Séoul que peu de gens connaissent.

LGBTQI+
Il s'agit d'un sigle utilisé pour désigner les personnes lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer, intersexes et autre.

Aux premiers abords, le roman de Sandrine Holin se présente de façon assez simple : Anna, une jeune femme qui ne supporte plus la monotonie de son quotidien, décide d’aller passer quelques semaines à Séoul. Une fois arrivée, elle visite le quartier d’Itaewon, connu pour abriter les populations étrangères de la Corée du Sud, et aussi une large partie de sa communauté LGBTQI+. Mais une fois plongée dans ce monde inconnu, loin de tous ce(ux) qu’elle connait, Anna ressent le besoin de devenir quelqu’un d’autre. Elle raconte alors à tous ceux qui la croisent qu’elle est une journaliste qui souhaite écrire un article sur la vie LGBTQI+ de Séoul. Ce mensonge, qui peut paraître assez innocent, la place soudain au centre d’une intrigue policière dont elle ne sait plus comment se démêler.

Anna commence par nous emmener avec elle dans un bar lesbien du quartier, avant d’entrer sans le savoir dans un club où performent des femmes trans. Elle y rencontre la gérante, Jae-eun, une femme séduisante et charismatique qui dirige la population de son bar d’une main de fer, surtout dans le but de protéger ses semblables. Assez rapidement, Anna réalise que les activités de ces femmes ne sont pas toujours légales ; certaines se contente de danser et de chanter sur scènes devant les clients, mais d’autres sont capables d’aller beaucoup plus loin pour être mieux payées. De plus, la gérante Jae-eun s’est associée à la population nigérienne de Séoul pour faire parvenir illégalement des doses d’hormones, un traitement utilisé par certaines personnes trans pour modifier leur apparence.

Lorsque Jae-eun s’intéresse à Anna, elle ne tarde pas à déceler le potentiel caché derrière son image de journaliste étrangère. Anna pourrait protéger les femmes trans du club d’un policier qui leur fait du chantage depuis qu’il est au courant de leurs activités. Au début, il suffit à la « journaliste » de faire acte de présence pour éloigner le policier véreux, mais peu à peu, Anna s’enfonce encore plus profondément dans les intrigues du club de Jae-eun.

Le roman de Sandrine Holin est un peu comme une promenade. Il nous fait d’abord voir Séoul à travers les yeux d’une touriste qui n’y a jamais mis les pieds, et qui s’étonne des coutumes, de la technologie et de l’architecture du pays. La description est suffisamment détaillée et réaliste pour qu’il n’y ait pas de doute sur le fait que l’auteure elle-même se soit déjà rendue en Corée du Sud. Par la suite, la touriste devient journaliste et la promenade dérive vers des quartiers moins populaires de Séoul, mais d’autant plus intéressants. Anna regarde en face les minorités recluses de la Corée du Sud et n’hésite pas à les mettre en lumière.

Au cours de son voyage à Séoul, le personnage de Sandrine Holin se sent attiré par tout ce qui a du mal à trouver sa place en Corée du Sud. Elle en profite alors pour s’interroger elle-même sur la question du genre et de l’identité. Un roman qui donne envie de partir loin pour apprendre à se connaître un peu mieux soi-même.


La Reine d’Itaewon
Sandrine Holin
L’atelier des cahiers éditeur, 104 pages, 21€

A propos

Étudiante en traduction littéraire coréenne et en édition à l'Université Aix-Marseille. Co-éditrice en chef adjointe de Keulmadang. Je me spécialise depuis plusieurs années dans l'étude de la littérature coréenne, et notamment de la science-fiction.

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