Chroniques Pensée & Religion

Toutes les bonnes choses sont devant toi

Sous la plume du moine Seongjeon, le bouddhisme coréen devient synonyme de joie et de réconfort.

Cérémonie
Chaque printemps, la fête des lanternes (ou « Yeondeunghoe »,"연등회" ), célébrant la naissance de Buddha, accueille des milliers de visiteurs.

La Corée du Sud est un pays éminemment syncrétique : elle se situe au confluent de courants philosophiques et religieux venus des quatre coins du monde. Son histoire spirituelle commence avec le chamanisme, au temps des premières tribus nomades, et se poursuit encore aujourd’hui avec le bouddhisme, le confucianisme, le protestantisme et le catholicisme.

Parmi eux, le bouddhisme est rapidement devenu un des principaux symboles de la Corée. Représenté sur toutes les brochures touristiques du pays, il se démarque des autres religions par ses temples colorés et ses nombreuses cérémonies ouvertes au public. Néanmoins, il est globalement peu connu des occidentaux qui le considèrent souvent comme un simple apparat exotique.

Remodelé à partir de certaines traditions chamanes, le bouddhisme coréen est pourtant extrêmement riche et complexe. Venu de Chine, il est né d’un croisement entre les vieilles traditions coréennes et le bouddhisme Mahayana, ou « Bouddhisme du Grand Véhicule ». Malgré son ancienneté, c’est un courant de pensée moderniste qui a su se faire une place parmi les arts et les sciences contemporaines. Il est porté par des moines et des fidèles de plus en plus imaginatifs qui voient dans leur religion un moyen de vivre en harmonie avec le monde et de résister à l’étourdissant tourbillon de la mondialisation. Que ce soit à travers d’éventuelles retraites méditatives organisées dans les temples du pays, à travers des livres ou bien des émissions de télévision et de radio, ils revisitent les codes traditionnels du bouddhisme pour le rendre plus accessible.

L’obscurité comme la clarté du chemin sont entre vos mains.

L’histoire remonte au temps où le Buddha résidait à Jetavana.
Un jour, le roi Pasenadi vint lui demander :
« Ô Bouddha, je voudrais vous poser une question. Que devenons-nous après la mort ? »
Buddha lui présenta les chemins de la vie :
« Dans la vie, il existe la clarté et l’obscurité.
Elles se divisent en quatre chemins :
Celui qui mène de l’obscurité vers l’obscurité.
Celui qui mène de l’obscurité vers la clarté.
Celui qui mène de la clarté vers l’obscurité.
Celui qui mène de la clarté vers la clarté.
Et chacun a toujours sa raison d’être. […] »

Le moine Seongjeon 성전 du temple de Taensa, fait partie de cette nouvelle génération de croyants. Rédacteur en chef de plusieurs revues, il anime une émission bouddhiste intitulée Good Morning dans laquelle il témoigne des joies et des vertus de la philosophie bouddhiste. Mais il est aussi et surtout l’auteur d’un fabuleux recueil de pensées bouddhistes intitulé Toutes les bonnes choses sont devant toi. Publié pour la première fois en France chez Decrescenzo Éditeurs, il nous offre un recueil intéressant et généreux qui puise dans la philosophie bouddhiste une sagesse rafraichissante. Destiné aux croyants comme aux non croyants, il regorge de conseils de vie et de pistes de réflexions sur le monde et notre quotidien.

Composé en six chapitres, il contient 101 petits textes de longueur variable, qui rendent la lecture particulièrement agréable. C’est un livre de philosophie pour débutants et confirmés qui enseigne l’introspection de la manière la plus douce possible : à grand renfort de métaphores et de répétitions, Seongjeon prend son lecteur par la main et le guide sur le chemin de la méditation. Pour l’aider à se défaire des nœuds qui le paralysent, il l’invite à prendre du recul sur sa vie en se tournant vers la nature. Son recueil est un monde à lui tout seul, fait de « rizières », de « fleurs » et d’« oiseaux » dans lequel il est bon de se ressourcer.

Vivre c’est apaiser les peines d’autrui.

« Je marche sur un chemin entre les rizières arrivées à maturité.
Un paysan irrigue une parcelle sèche.
Si je laissais mon cœur flotter sur ces vagues dorées, que rencontrerai-je au bout de ma traversée ? […] »

Sous sa plume optimiste, le bouddhisme coréen apparait comme une véritable philosophie de vie, favorisant l’épanouissement de l’individu. À la fois cathartique et didactique, ce livre s’adresse donc aussi bien aux amateurs de développement personnel, qu’aux simples curieux qui chercheraient à comprendre le bouddhisme.


Toutes les bonnes choses sont devant toi
Seongjeon
Traduit du coréen par LEE Young-joo et Chloé GAUTIER
Decrescenzo, 148 pages, 15€

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