Chroniques Romans Styles & Cie

La petite échoppe des jours heureux

Dans une laverie en self-service ouvert 24h/24, les habitants de Yeonnam-dong se croisent à toute heure, ou choisissent de laisser leur trace dans un journal oublié à l’entrée.

Les petits magasins séduisent par leur ambiance calfeutrée, c’est un peu ce qui semble faire la popularité de la littérature healing, cette littérature du réconfort et de la contemplation, à l’instar de L’Odeur des clémentines grillées, ou du récent Bienvenue à la librairie Hyunam. Outre les cafés et librairies, une laverie pourrait sembler comme un endroit curieux pour se reposer, et pourtant, c’est le deuxième feel good coréen qui y plante son décor cette année. Mais à l’inverse de La fabuleuse laverie de Marigold, ce tendre roman signé Kim Jiyun ne fait appel à aucune magie pour soigner les cœurs.

Dans le quartier de Yeonnam-dong, les odeurs du coton et du café se mêlent délicatement ensemble dans le lavomatique, le soleil rayonnant sur les étagères remplies de livres. Sur la table à l’entrée, un carnet vert oublié invite à déverser tout son soûl. Ainsi vont se croiser les destins d’un vieux monsieur et une mère de famille exténuée, une scénariste ratée et un musicien précaire, une étudiante au cœur brisé et un chaton errant… Les paroles réconfortantes des uns répondent aux souffrances des autres. Et au fil des rencontres, la lumière est faite sur l’identité du propriétaire du journal.

« Un jour, je suis persuadé que vous vous souviendrez de la tempête comme si ce n’était qu’un lointain souvenir. Restez dans ce quartier si vous l’aimez. Devenez l’arbre le plus robuste et solide de tout Yeonnam-dong. Le vent, qu’il soit fort ou non, n’est là que de passage. » (p.170)

Malgré son côté un peu idéaliste, La petite échoppe des jours heureux regorge d’histoires touchantes de la vie quotidienne. Aucune figure salvatrice capable de résoudre nos problèmes d’un coup de baguette magique donc, mais plutôt une ode à l’entraide et la chaleur humaine. Le rappel qu’une main tendue peut faire la différence.

Kim Jiyun garde d’ailleurs la porte de sa laverie ouverte, prête à écouter vos joies et peines.


La petite échoppe des jours heureux
Kim Jiyun
Traduit du coréen par Marion Gilbert
City Éditions, 300 pages, 19€

A propos

Doctorante en littérature coréenne, j'ai découvert la Corée par la musique et le cinéma en 2010, et l'amour que j'ai pour ce pays n'a fait que s'étendre au fil des années. En termes de littérature, ma préférence va aux polars, drames et autres récits complexes. Ma recherche se focalise sur des thématiques sombres, très présentes dans la littérature contemporaine : mal-être, psychopathologie et mélancolie ; mais cela ne m'empêche pas d'apprécier les histoires plus joyeuses de temps à autre.