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L’Odeur des clémentines grillées

Dans ce premier ouvrage publié en France, Lee Do-woo narre la douce histoire d'amour entre Eun-seop, timide libraire, et Haewon, professeur de dessin à la nature méfiante.

« Une autre fois. On se verra une autre fois, quand il fera beau. » (p.176)

Haewon quitte son emploi de professeur de dessin à Séoul et retourne à Bookhyun, village de son adolescence, chez sa tante, romancière déchue. Elle y retrouve son voisin Eun-seop, ancien camarade de classe, aujourd’hui propriétaire de la petite librairie Goodnight. Cet environnement à la fois familier et lointain la transporte à ses années lycée et aux difficultés d’une période de sa vie qui ont laissé de profondes cicatrices en elle. Désireuse d’occuper ses pensées, Haewon se porte très vite volontaire auprès d’Eun-seop pour l’aider à tenir la librairie. Au creux de l’hiver, vont (re)naître des sentiments fragiles.

Du titre à l’écriture en passant par la couverture, L’Odeur des clémentines grillées respire la douceur. Si Haewon se montre détachée en revenant à Bookhyun, c’est en côtoyant Eun-seop et les membres du club de lecture que sa méfiance à l’égard des autres s’adoucit. Le jeune homme quant à lui est l’incarnation des premiers émois amoureux – prudent, timide, innocent. Et quand se dressent devant eux les secrets et amis d’autrefois, chacun fait face différemment au poids des blessures passées.

« Tous ceux qui souffrent ne renoncent pas au monde, et tous ceux qui sont encore là ne restent pas parce qu’ils ont moins souffert, mais parce qu’ils ont tenté de vivre malgré tout. » (p.286-7)

Bien qu’une large partie du roman tourne autour d’Haewon et Eun-seop, les personnages secondaires sont tout aussi travaillés et attachants. Au fil des activités de la librairie, tous partagent rêves et inquiétudes, mais plus que ça, une réelle amitié se tisse entre les membres du club de lecture.

Et si cette histoire vous dit quelque chose, c’est peut-être que vous êtes déjà tombé sur son adaptation en dramaWhen The Weather is Fine, porté par les talentueux Kang Seo-jun et Park Min-young. Quoi qu’il en soit, quelques différences notoires et la jolie plume de Lee Do-woo suffisent à vouloir redécouvrir le quotidien de la librairie Goodnight. Histoire d’amour, de pardon et de guérison, L’Odeur des clémentines grillées est une lecture idéale pour réchauffer vos cœurs cet hiver.


L’Odeur des clémentines grillées
LEE Do-woo
Traduit du coréen par LEE So-yeong et Crystel PINÇONNAT
Decrescenzo Éditeurs, 454 pages, 23€

A propos

Doctorante en littérature coréenne, j'ai découvert la Corée par la musique et le cinéma en 2010, et l'amour que j'ai pour ce pays n'a fait que s'étendre au fil des années. En termes de littérature, ma préférence va aux polars, drames et autres récits complexes. Ma recherche se focalise sur des thématiques sombres, très présentes dans la littérature contemporaine : mal-être, psychopathologie et mélancolie ; mais cela ne m'empêche pas d'apprécier les histoires plus joyeuses de temps à autre.

4 commentaires

  1. Laurence dit :

    J’avais adoré le drama alors lorsque j’ai découvert que ce livre avait été traduit en français, j’ai couru à la librairie pour me le procurer. Il y a évidemment des différences entre le drama et le roman mais j’ai pris énormément de plaisir à découvrir cette histoire à travers les mots de l’autrice. C’est, pour moi, une source de douceur et de réconfort.
    J’aurais une seule petite critique, le titre. Je ne comprends pas pourquoi il fait référence aux clémentines grillées qui ne correspond qu’à deux ou trois lignes dans ce roman. Le titre anglais est plus pertinent puisqu’il parle du temps qui est un élément important du livre, surtout en français où temps fait référence au climat, et donc à cet hiver rigoureux, au temps qui passe et aux souvenirs.
    Quoiqu’il en soit, c’est un livre qui se dévore.
    Bonne lecture à tous