Ce matin, quand Barnabé l’écureuil ouvre la porte de son arbre- maison, le spectacle est magique : la neige est tombée toute la nuit et recouvre le paysage familier d’une épaisse couche ouatée blanche et scintillante. Arbres et arbustes émergent à peine d’un voile de brouillard, tout est poudré de blanc par le pinceau habile de Moon Jong-hun. Le premier contact du lecteur avec cette histoire, dès la double page de titre, lui procure instantanément cette sensation glacée et pleine de mystère qui naît de l’évocation fantomatique de l’illustrateur !
Et l’enfant écureuil, comme tout enfant le ferait, façonne dans ses moufles vertes une petite boule qu’il fait rouler devant lui, bien emmitouflé et seule tache colorée dans un univers enseveli, afin que le petit lecteur lui, s’approprie la scène : c’est à lui que s’adresse ce récit, il peut s’identifier aux personnages et pousser avec Barnabé la boule de neige qui grossit.
Texte et images s’allient pour renforcer le phénomène ; Barnabé avance « à petits pas », il observe des empreintes que le lecteur reconnaît aussitôt : ce sont de fines traces de pattes d’oiseau, alors le regard fouille l’image pour découvrir au coin de la page, la queue et les pattes d’un oiseau qui s’envole derrière les troncs, dans le brouillard glacé. Cette force d’évocation constitue pour le lecteur, probablement plus encore pour l’enfant lecteur, le ticket d’entrée pour le monde magique de la lecture ; l’atmosphère, voilà le maître-mot, et même si le brouillard se dissipe avec la lumière du jour, il reste ce sentiment d’appartenance qui va permettre à l’enfant de faire sienne cette histoire, grâce à l’image, puis grâce au texte.
Dans un décor d’arbres-maisons si évocateur des contes, les buissons givrés se dressent comme de fragiles et piquantes broderies. C’est le moment pour Kim Gi-jeong d’introduire les amis de l’écureuil. Nina la lapine toute blanche elle aussi, avec sa jolie parka rose et son écharpe rayée, et Tom l’ourson qui enfile son cartable jaune sur ses épaules, rejoignent leur copain l’écureuil ; leurs bottes s’enfoncent dans la neige quand ils s’arc-boutent pour pousser la boule dans la montée, de plus en plus grosse, pour qu’au passage l’autrice Kim Gi-jeong évoque l’importance de l’entraide spontanée dans cet exploit sans contrepartie, qui naît ici de l’amitié.
Mais voici qu’ils arrivent en soufflant et en poussant tout en haut de la côte. Tout en bas, c’est le village, la place où tout le monde se rassemble pour célébrer la neige, juste devant l’école, où une jolie brebis, institutrice tout en bouclettes, attend ses élèves… qui n’arrivent pas. Que va-t-il se passer ? Les petits lecteurs savoureront le suspense.
Les tableaux suivants du livre qui évoquent entre autres la variété et la gaieté du tableau « Les Jeux d’enfants » de Pieter Brueghel, ne manqueront pas de les réjouir ! Là, le paysage glacé se constelle des couleurs vives des manteaux, anoraks et autres écharpes du petit peuple zoomorphe et éclectique de ce village qui se livrent à mille cabrioles et manœuvres, et participent à cette évocation enchantée d’une communion idéale… Quel ravissement et quel parfait moment pour une observation fine et minutieuse de tous les détails peints par Moon Jong-hun comme par Brueghel avant lui !
Le titre en est la métaphore : cet album Boule neige, est une belle démonstration du pouvoir qu’a l’image de nous entraîner dans de très agréables et charmants moments de lecture, animés ou contemplatifs, quelle que soit la saison !
Ce matin, quand Barnabé l’écureuil ouvre la porte de son arbre- maison, le spectacle est magique : la neige est tombée toute la nuit et recouvre le paysage familier d’une épaisse couche ouatée blanche et scintillante. Arbres et arbustes émergent à peine d’un voile de brouillard, tout est poudré de blanc par le pinceau habile de Moon Jong-hun. Le premier contact du lecteur avec cette histoire, dès la double page de titre, lui procure instantanément cette sensation glacée et pleine de mystère qui naît de l’évocation fantomatique de l’illustrateur !
Et l’enfant écureuil, comme tout enfant le ferait, façonne dans ses moufles vertes une petite boule qu’il fait rouler devant lui, bien emmitouflé et seule tache colorée dans un univers enseveli, afin que le petit lecteur lui, s’approprie la scène : c’est à lui que s’adresse ce récit, il peut s’identifier aux personnages et pousser avec Barnabé la boule de neige qui grossit.
Texte et images s’allient pour renforcer le phénomène ; Barnabé avance « à petits pas », il observe des empreintes que le lecteur reconnaît aussitôt : ce sont de fines traces de pattes d’oiseau, alors le regard fouille l’image pour découvrir au coin de la page, la queue et les pattes d’un oiseau qui s’envole derrière les troncs, dans le brouillard glacé. Cette force d’évocation constitue pour le lecteur, probablement plus encore pour l’enfant lecteur, le ticket d’entrée pour le monde magique de la lecture ; l’atmosphère, voilà le maître-mot, et même si le brouillard se dissipe avec la lumière du jour, il reste ce sentiment d’appartenance qui va permettre à l’enfant de faire sienne cette histoire, grâce à l’image, puis grâce au texte.
© Kim Gi-jeong, Moon Jong-hun/ L’Élan vert, 2025
Dans un décor d’arbres-maisons si évocateur des contes, les buissons givrés se dressent comme de fragiles et piquantes broderies. C’est le moment pour Kim Gi-jeong d’introduire les amis de l’écureuil. Nina la lapine toute blanche elle aussi, avec sa jolie parka rose et son écharpe rayée, et Tom l’ourson qui enfile son cartable jaune sur ses épaules, rejoignent leur copain l’écureuil ; leurs bottes s’enfoncent dans la neige quand ils s’arc-boutent pour pousser la boule dans la montée, de plus en plus grosse, pour qu’au passage l’autrice Kim Gi-jeong évoque l’importance de l’entraide spontanée dans cet exploit sans contrepartie, qui naît ici de l’amitié.
Mais voici qu’ils arrivent en soufflant et en poussant tout en haut de la côte. Tout en bas, c’est le village, la place où tout le monde se rassemble pour célébrer la neige, juste devant l’école, où une jolie brebis, institutrice tout en bouclettes, attend ses élèves… qui n’arrivent pas. Que va-t-il se passer ? Les petits lecteurs savoureront le suspense.
© Kim Gi-jeong, Moon Jong-hun/ L’Élan vert, 2025
Les tableaux suivants du livre qui évoquent entre autres la variété et la gaieté du tableau « Les Jeux d’enfants » de Pieter Brueghel, ne manqueront pas de les réjouir ! Là, le paysage glacé se constelle des couleurs vives des manteaux, anoraks et autres écharpes du petit peuple zoomorphe et éclectique de ce village qui se livrent à mille cabrioles et manœuvres, et participent à cette évocation enchantée d’une communion idéale… Quel ravissement et quel parfait moment pour une observation fine et minutieuse de tous les détails peints par Moon Jong-hun comme par Brueghel avant lui !
Le titre en est la métaphore : cet album Boule neige, est une belle démonstration du pouvoir qu’a l’image de nous entraîner dans de très agréables et charmants moments de lecture, animés ou contemplatifs, quelle que soit la saison !
Boule de neige
Kim Gi-jeong, Moon Jong-hun
Traduit du coréen par Chloé Laborde
Éditions de l’Élan vert, 2025
40 pages, 13,90€