Le Vagabond de Séoul, premier roman de l’auteur Kim Ho-yeon à être traduit en français, rejoint la longue liste de romans feel good coréens dont les librairies sont constamment abreuvées ces derniers temps.
Prémisse originale : l’histoire est centrée sur Dokgo, un sans-abri vivant dans la gare de Séoul, dont l’abus d’alcool a effacé les souvenirs d’une vie passée. Lorsqu’un élan d’altruisme le pousse à rendre un sac à main volé à sa propriétaire, une vieille dame nommée Yeom Young-suk, cette dernière prend Dokgo sous son aile. Intriguée par ce SDF choisissant toujours ses mots avec précaution, Madame Yeom lui propose alors de devenir l’employé de nuit de sa superette.
Le roman se poursuit par une succession de chapitres, chacun consacré à un habitant du quartier dont l’existence se retrouve bouleversée par le géant aux allures d’ours polaire qui bégaye des conseils avisés – bien que rarement sollicités – à la caisse de la superette. Dokgo devient spontanément le consultant émotionnel/psychologue bon marché du magasin, d’abord auprès des autres employés, puis des clients (un père devenu distant de sa famille, une dramaturge en manque d’inspiration, et même le fils de Madame Yeom).
« Si vous vous êtes reconstruit, il faut partir, vous devez reprendre votre route. » (p.285)
Ce récit à la positivité contagieuse prône la communication et l’écoute par le biais d’un personnage principal aussi attachant qu’intriguant – car entouré du mystère d’un passé refusant de se laisser complètement oublier. Les dernières pages du livre évoquent les limites et biais du système médical coréen, un propos véritablement digne d’intérêt, dont les tenants et aboutissants sont encore méconnus en France, et qui aurait mérité d’occuper une part plus importante du roman.
Néanmoins, la positivité à outrance du roman lui confère aussi une certaine naïveté qui, couplée à la répétitivité du récit, rend parfois la lecture assez rébarbative. En effet, chaque chapitre suit un schéma similaire : le personnage auquel il est consacré rencontre Dokgo, il est d’abord repoussé par son allure, puis irrité par les conseils que le géant donne sans y avoir été invité, avant de finir inéluctablement par se laisser amadouer et reconnaître la sagesse de l’ours polaire. Quant à Dokgo lui-même, il semble incarner le fantasme du parfait sans-abri, à qui il suffit de tendre la main pour lui permettre de surmonter son alcoolisme sans difficulté, et de reprendre la voie d’une vie saine.
Malgré sa maladresse occasionnelle et son manque de réalisme, Le Vagabond de Séoul est un roman agréable à lire. Plonger dans les pages de ce récit avec un esprit ouvert aux leçons de vie de Dokgo permet de s’absorber d’un peu de sa sagesse, de sa bienveillance, et de sa résilience. Une affusion d’humanisme qui ne fait pas de mal.
Le Vagabond de Séoul
Kim Ho-yeon
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros
Éditions Picquier, 2025
320 pages, 22€
Le Vagabond de Séoul, premier roman de l’auteur Kim Ho-yeon à être traduit en français, rejoint la longue liste de romans feel good coréens dont les librairies sont constamment abreuvées ces derniers temps.
Prémisse originale : l’histoire est centrée sur Dokgo, un sans-abri vivant dans la gare de Séoul, dont l’abus d’alcool a effacé les souvenirs d’une vie passée. Lorsqu’un élan d’altruisme le pousse à rendre un sac à main volé à sa propriétaire, une vieille dame nommée Yeom Young-suk, cette dernière prend Dokgo sous son aile. Intriguée par ce SDF choisissant toujours ses mots avec précaution, Madame Yeom lui propose alors de devenir l’employé de nuit de sa superette.
Le roman se poursuit par une succession de chapitres, chacun consacré à un habitant du quartier dont l’existence se retrouve bouleversée par le géant aux allures d’ours polaire qui bégaye des conseils avisés – bien que rarement sollicités – à la caisse de la superette. Dokgo devient spontanément le consultant émotionnel/psychologue bon marché du magasin, d’abord auprès des autres employés, puis des clients (un père devenu distant de sa famille, une dramaturge en manque d’inspiration, et même le fils de Madame Yeom).
Ce récit à la positivité contagieuse prône la communication et l’écoute par le biais d’un personnage principal aussi attachant qu’intriguant – car entouré du mystère d’un passé refusant de se laisser complètement oublier. Les dernières pages du livre évoquent les limites et biais du système médical coréen, un propos véritablement digne d’intérêt, dont les tenants et aboutissants sont encore méconnus en France, et qui aurait mérité d’occuper une part plus importante du roman.
Néanmoins, la positivité à outrance du roman lui confère aussi une certaine naïveté qui, couplée à la répétitivité du récit, rend parfois la lecture assez rébarbative. En effet, chaque chapitre suit un schéma similaire : le personnage auquel il est consacré rencontre Dokgo, il est d’abord repoussé par son allure, puis irrité par les conseils que le géant donne sans y avoir été invité, avant de finir inéluctablement par se laisser amadouer et reconnaître la sagesse de l’ours polaire. Quant à Dokgo lui-même, il semble incarner le fantasme du parfait sans-abri, à qui il suffit de tendre la main pour lui permettre de surmonter son alcoolisme sans difficulté, et de reprendre la voie d’une vie saine.
Malgré sa maladresse occasionnelle et son manque de réalisme, Le Vagabond de Séoul est un roman agréable à lire. Plonger dans les pages de ce récit avec un esprit ouvert aux leçons de vie de Dokgo permet de s’absorber d’un peu de sa sagesse, de sa bienveillance, et de sa résilience. Une affusion d’humanisme qui ne fait pas de mal.
Le Vagabond de Séoul
Kim Ho-yeon
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros
Éditions Picquier, 2025
320 pages, 22€