Dans Les ours sont là !, Cho Soo-kyung dénonce le racisme et l’intolérance, qui ne conduisent qu’à la violence et à la destruction, dans un album en prise avec son temps.
Dans cette fable réaliste, l’autrice-illustratrice Cho Soo-kyung met en scène les mécanismes sociaux qui entourent l’intégration d’une population différente à un groupe installé… depuis plus longtemps ! Et la démonstration est parfaite, servie par une illustration léchée, une palette de couleurs mates d’un bel effet ; dans un univers où le réalisme sert la crédibilité, les ressemblances entre Ours et Humains sont soulignées par l’anthropomorphisme choisi pour représenter les ours mais aussi par la volonté d’assimilation affichée : par exemple à l’école, qui tend à éliminer toutes les particularités propres aux ursidés, comme pour les fondre dans un melting-pot anachronique.
En ces temps difficiles, où en Corée, en France et bien ailleurs, l’intolérance et la discrimination, le racisme, deviennent des Credo repris par des chœurs hostiles, où la censure menace ou décime les rayonnages des bibliothèques jeunesse, il est courageux de rappeler par le biais d’un album pour enfants que la tolérance et l’ouverture aux autres sont des compétences fondamentales pour faire société, qui dépendent de l’éducation, et permettront peut-être à chacun un jour, de partir vivre ailleurs, par nécessité ou pour découvrir le monde, librement, dans une société qui aura cultivé le sens de l’accueil, l’empathie et la générosité. La littérature jeunesse en France propose quelques titres références, utiles aux enfants comme aux éducateurs, parmi lesquels Matin brun, La rédaction, ou plus récemment Le tyran des motsou Votez pour Lepire, des livres pour les plus jeunes qui servent les objectifs d’une éducation des consciences dont Philippe Godard explique qu’elle est plus efficace en temps de paix justement.
C’est apparemment ce qui se passe au Danemark, où des cours d’empathie sont désormais prodigués dès le plus jeune âge, peut-être dans le cadre d’un plan d’action contre le racisme justement. En Corée du sud, et maintenant en France, c’est l’album de Cho Soo-kyung qui participe à la sensibilisation du jeune public et des parents à une société non-discriminante. Même pour les ours.
Las ! Dans la fable, la violence prend le pas sur l’intelligence, et dès lors que les ours commencent à prendre la place qui leur revient, relative à leur travail et à leur acceptation des règles collectives, surviennent chez les humains la jalousie, l’hostilité et bientôt le rejet. Le recours à l’animalisation de celui qui est perçu comme l’intrus, présentée par ses détracteurs comme une condition inférieure à la condition humaine, prend là toute sa signification.
Bientôt les camps s’affrontent : les ours tout d’abord étourdis par l’exclusion brutale dont ils font l’objet, réagissent contre l’injustice et s’unissent pour se défendre.
L’album prend alors une autre tournure, l’illustration affiche l’escalade de la violence, avec des motifs d’affrontements qui se recouvrent les uns les autres par collage, des vociférations et des rugissements, des mots d’ordre radicaux, qui conduisent à la guerre totale, avec toujours des enfants ours ou humains qui pleurent : la dernière phrase de l’album ouvre le débat laisse le lecteur dans l’expectative : « Fallait-il en arriver là pour que tous puissent vivre ensemble ? ».
Plaidoyer pour la paix, pour la tolérance et pour le respect d’autrui, Les ours sont là ! de Cho Soo-kyung est décidément un album utile et beau, à mettre entre toutes les mains.
Les ours sont là ! CHO Soo-kyung Traduit du coréen par Lim Yeong-hee Kilowatt éditions, 2025, 16€ À partir de 5 ans
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Dans cette fable réaliste, l’autrice-illustratrice Cho Soo-kyung met en scène les mécanismes sociaux qui entourent l’intégration d’une population différente à un groupe installé… depuis plus longtemps ! Et la démonstration est parfaite, servie par une illustration léchée, une palette de couleurs mates d’un bel effet ; dans un univers où le réalisme sert la crédibilité, les ressemblances entre Ours et Humains sont soulignées par l’anthropomorphisme choisi pour représenter les ours mais aussi par la volonté d’assimilation affichée : par exemple à l’école, qui tend à éliminer toutes les particularités propres aux ursidés, comme pour les fondre dans un melting-pot anachronique.
En ces temps difficiles, où en Corée, en France et bien ailleurs, l’intolérance et la discrimination, le racisme, deviennent des Credo repris par des chœurs hostiles, où la censure menace ou décime les rayonnages des bibliothèques jeunesse, il est courageux de rappeler par le biais d’un album pour enfants que la tolérance et l’ouverture aux autres sont des compétences fondamentales pour faire société, qui dépendent de l’éducation, et permettront peut-être à chacun un jour, de partir vivre ailleurs, par nécessité ou pour découvrir le monde, librement, dans une société qui aura cultivé le sens de l’accueil, l’empathie et la générosité. La littérature jeunesse en France propose quelques titres références, utiles aux enfants comme aux éducateurs, parmi lesquels Matin brun, La rédaction, ou plus récemment Le tyran des mots ou Votez pour Lepire, des livres pour les plus jeunes qui servent les objectifs d’une éducation des consciences dont Philippe Godard explique qu’elle est plus efficace en temps de paix justement.
C’est apparemment ce qui se passe au Danemark, où des cours d’empathie sont désormais prodigués dès le plus jeune âge, peut-être dans le cadre d’un plan d’action contre le racisme justement. En Corée du sud, et maintenant en France, c’est l’album de Cho Soo-kyung qui participe à la sensibilisation du jeune public et des parents à une société non-discriminante. Même pour les ours.
Las ! Dans la fable, la violence prend le pas sur l’intelligence, et dès lors que les ours commencent à prendre la place qui leur revient, relative à leur travail et à leur acceptation des règles collectives, surviennent chez les humains la jalousie, l’hostilité et bientôt le rejet. Le recours à l’animalisation de celui qui est perçu comme l’intrus, présentée par ses détracteurs comme une condition inférieure à la condition humaine, prend là toute sa signification.
Bientôt les camps s’affrontent : les ours tout d’abord étourdis par l’exclusion brutale dont ils font l’objet, réagissent contre l’injustice et s’unissent pour se défendre.
L’album prend alors une autre tournure, l’illustration affiche l’escalade de la violence, avec des motifs d’affrontements qui se recouvrent les uns les autres par collage, des vociférations et des rugissements, des mots d’ordre radicaux, qui conduisent à la guerre totale, avec toujours des enfants ours ou humains qui pleurent : la dernière phrase de l’album ouvre le débat laisse le lecteur dans l’expectative : « Fallait-il en arriver là pour que tous puissent vivre ensemble ? ».
Plaidoyer pour la paix, pour la tolérance et pour le respect d’autrui, Les ours sont là ! de Cho Soo-kyung est décidément un album utile et beau, à mettre entre toutes les mains.
Les ours sont là !
CHO Soo-kyung
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee
Kilowatt éditions, 2025, 16€
À partir de 5 ans