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Le Monde suspendu – Tome 2 : Le Démon et la Lumière

Suite et fin de la fantastique aventure de Ren et Sunho, « Le Démon et la Lumière » embrasse les thèmes d’identité, de pouvoir et de sacrifice, sans bien sûr se départir d’un brin de romance.

Avec la parution quasi-simultanée du second tome du Monde suspendu et le premier de L’Oiseau qui boit des larmes, la fantasy coréenne semble enfin réellement s’implanter en France, pour notre plus grand plaisir.

La duologie d’Axie Oh est une fantastique introduction au folklore coréen et embrasse les thèmes d’identité, de pouvoir et de sacrifice, sans se départir d’un brin de romance. À la suite des événements du tome 1 et de la transformation de Sunho en démon, le poids des responsabilités pèse sur Ren : la princesse sarénienne hérite d’un royaume en guerre et doit encore faire ses preuves devant les hauts dignitaires. Mais avant d’espérer mettre fin au conflit avec l’empire de Volmar, la jeune fille céleste compte bien retrouver son ami.

« En observant son amie d’enfance en train de disparaître au loin, une pensée fugace lui traversa l’esprit. Pour elle, il serait prêt à sauver le monde. » (p.134)

Un mercenaire taciturne, la division du monde inférieur en secteurs, des soldats sujets à des expériences scientifiques… L’inspiration palpable de Final Fantasy VII ressentie dans le tome 1 est confirmée par la dédicace de l’autrice en début de ce tome : « Pour Jason, mon frère, qui m’a fait découvrir Final Fantasy ». Un hommage respectueux à une œuvre majeure de la fantasy vidéoludique, enrichi par un folklore encore méconnu du grand public, et œuvrant harmonieusement à la création d’une identité propre.

L’intrigue de ce second tome évite les embranchements, à l’inverse du premier volume qui profitait de quelques « quêtes secondaires » pour construire son monde. Cette fois, l’objectif reste unique : remonter à la source de l’apparition des démons et y mettre un terme. Axie Oh profite de cette linéarité narrative pour développer les relations entre ses personnages, notamment le quatuor principal formé de Ren, Sunho, Jaeil et Wook, ce qui est fort appréciable. Nous pouvons néanmoins ressentir une légère déception à ce que le lien avec certaines parties du tome 1 ne soit pas plus fort : on aurait voulu recroiser plus longuement la route des hors-la-loi de la forêt, et revoir une dernière fois le jeune Haru, qui n’est que mentionné.

La légende du bûcheron et de la jeune fille céleste, à l’origine de ce monde, apporte également une forme de résolution dans le combat final de Ren et Sunho, conférant au récit un aspect cyclique et symbolique très bien pensé de la part d’Axie Oh. L’autrice infuse son œuvre d’autres éléments coréens, parfois subtilement disséminés dans les petits gestes du quotidien, et n’en rend l’univers qu’elle a créé que plus vivant.

Avec La Fiancée du dieu de la mer et la duologie du Monde suspendu, Axie Oh fait rayonner la mythologie coréenne à l’échelle mondiale. Le Démon et la Lumière vient conclure un récit tendre où coexiste lumière et ombre, et on ne peut que garder l’œil ouvert pour ses prochaines publications.


Le Monde suspendu – Tome 2 : Le Démon et la Lumière
Axie Oh
Traduit de l’anglais par Camille Cosson
Éd. Lumen, 17 €

A propos

Doctorante en littérature coréenne, j'ai découvert la Corée par la musique et le cinéma en 2010, et l'amour que j'ai pour ce pays n'a fait que s'étendre au fil des années. En termes de littérature, ma préférence va aux polars, drames et autres récits complexes. Ma recherche se focalise sur des thématiques sombres, très présentes dans la littérature contemporaine : mal-être, psychopathologie et mélancolie ; mais cela ne m'empêche pas d'apprécier les histoires plus joyeuses de temps à autre.