Chroniques Récits de voyage Une société en métamorphose

Pourquoi la Corée ?

Les passionnés du pays du matin calme sont de plus en plus nombreux, et chacun a déjà entendu cette même question : pourquoi la Corée ? Dans son ouvrage du même nom, Ophélie Surcouf recueille le témoignage de ceux qui acceptent de répondre à cette question.

Pour nous, passionnés du pays du matin calme, il y a une question que nous avons très certainement tous entendu au moins une fois : Pourquoi la Corée ? Pourquoi ce minuscule pays, pourquoi cette langue aux sonorités bizarres ? Car, outre les conglomérats Samsung et Hyundai établis à l’internationale depuis des années, avant le succès de BTS et Blackpink pour la musique, ou autres Squid Game et Parasite sur les écrans, avant que les termes de kimchi et mukbang rentrent peu à peu dans la langue courante, la Corée du Sud a longtemps été une nation méconnue. Jusqu’il y a quelques années seulement, une majorité de personnes manifestait son incompréhension quand la Corée apparaissait dans les conversations, et les généralisations avec la Chine ou le Japon – ses voisins plus connus – étaient fréquentes.

Aujourd’hui, le pays fascine : Bong Joon-ho rafle de multiples récompenses pour Parasite, BTS jouit du titre de « groupe le plus populaire au monde », les K-dramas battent tous les records d’audience sur Netflix, les taux d’apprentissage de la langue coréenne ne cessent de croître, les gens se réunissent autour d’un barbecue coréen le week-end. Mais pourquoi ?

Pourquoi la Corée ? est une collection d’histoires, d’anecdotes, de témoignages d’amoureux du pays. Des personnes d’âge, de métier, de nationalité, d’ethnicité différents, qui se remémorent le temps d’un chapitre le jour où la vague coréenne les a englouties. Bien sûr, il y a ceux qui sont entrés par la porte principale, celle de la hallyu, de la k-pop et des dramas. D’autres sont passés par des chemins un peu plus détournés : la cuisine, le jeu vidéo, la danse (on regrette d’ailleurs un peu que la littérature coréenne peine encore à intégrer la liste). Pour les derniers, enfants de Coréens émigrés, leur témoignage est celui d’une véritable quête identitaire et d’un désir de renouer avec des racines oubliées.

Mais il n’est pas question de peindre un portrait sans défaut du pays : tout n’est pas que blanc ou noir, il faut rester réaliste malgré son affection pour la Corée – à la manière de Lee Jeeheng qui a récemment exploré les aspects positifs et négatifs de la « fan culture » par le prisme de BTS.

Parmi les interviewés, on retrouve alors ceux qui se sentent chez eux en Corée du Sud, épanouis mentalement et/ou professionnellement ; et ceux qui naviguent le pays avec hésitation encore aujourd’hui, ou qui ont dû faire face à des difficultés propres. Un monteur coréen mentionne les conditions de travail frôlant le surmenage et la censure politique des années 2008 à 2017 qui a mis sur liste noire bon nombre de cinéastes et acteurs. Une chercheuse chilienne passionnée de culture populaire évoque le dédain avec laquelle ses collègues l’ont dévisagée à cause de ses cheveux roses et de son amour pour la k-pop. Une française se livre sur ses désillusions universitaires, professionnelles et sentimentales pendant ses séjours en Corée.

Pourquoi la Corée ? Il n’y a pas de réponse parfaite à cette question. Rien ne parlera mieux que d’expérimenter la culture coréenne par soi-même. Néanmoins, pour les curieux et les incertains, Pourquoi la Corée ? est un ouvrage complet, une occasion de célébrer mais aussi d’apprendre. De découvrir et de réaliser.


Pourquoi la Corée ?
Ophélie Surcouf
Atelier des Cahiers, 202 pages, 21€.

A propos

Doctorante en littérature coréenne, j'ai découvert la Corée par la musique et le cinéma en 2010, et l'amour que j'ai pour ce pays n'a fait que s'étendre au fil des années. En termes de littérature, ma préférence va aux polars, drames et autres récits complexes. Ma recherche se focalise sur des thématiques sombres, très présentes dans la littérature contemporaine : mal-être, psychopathologie et mélancolie ; mais cela ne m'empêche pas d'apprécier les histoires plus joyeuses de temps à autre.