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Archibald

Archibald et son acolyte Monk entraînent le lecteur dans leurs aventures horrifiques et rocambolesques.

Heroic fantasy
Sous-genre littéraire de la fantasy qui place des récits héroïques dans des cadres merveilleux.
Chapiteau de cirque
Peut-être en référence au film "Freaks" (1932) de Tod Browning, dans lequel des personnes atteintes de différentes malformations sont exposés sous le chapiteau d'un cirque, comme des monstres.
Seigneur Kâa
Personnage de fiction du roman "Le livre de la jungle" (1884) de Rudyard Kipling.
Gargamel
Personnage de Peyot, "Les schtroumpfs", Dupuis.
Kitaro
Personnage de la série de manga "Kitaro le repoussant" de Shigeru Mizuki.
Yōkais
Créatures surnaturelles du folklore japonais.
©Kim Hyun-min/Sarbacane éditions

Voilà la réédition bienvenue chez Sarbacane, de la bande dessinée Archibald de Kim Hyun-min destinée aux enfants, qui les fait pénétrer dans un monde d’heroic fantasy entre le dessin animé Monstres et Cie et l’univers de l’immense JRR Tolkien. Le premier volume rassemble trois aventures, ce qui permet aux lecteurs de se familiariser avec ce drôle d’univers et de s’attacher à ses sympathiques personnages.

On pourrait dire de cette série et de son héros, Archibald en français, qu’elle constitue une initiation à la fois à l’heroic fantasy et au manga d’horreur. Mais l’auteur y glisse des références multiples, un condensé de sa propre culture accumulée de l’enfance à l’âge adulte, tout à fait anachroniques entre elles et parfois iconoclastes, à des œuvres littéraires comme cinématographiques, à des personnages, à des croyances aussi. Les enfants en reconnaîtront certaines, d’autres seront plus évidentes pour des adolescents ou des adultes.  

Archibald, avec son prénom de personnage de BD belge, grandit auprès de son grand-père antiquaire ; petit garçon timide, il est souvent pris à partie par quelques-uns de ces dadais qui tirent gloire de s’attaquer à plus petit qu’eux, un phénomène de harcèlement souvent dénoncé dans la fiction coréenne, et très connu de tous les enfants. Pourtant, Archibald a un rêve, devenir détective pour dénouer les sombres trafics de la magie et des monstres qui l’exercent.  Il porte d’ailleurs une casquette écossaise empruntée à Sherlock Holmes.

Et puis Archibald rencontre Monk, mi-monkey/mi-monster, un chien loufoque qui saute partout, vêtu lui de l’imperméable de l’inspecteur Columbo, agent du BEM, Bureau d’Enquêtes « Monster », dont le siège social se situe sous un chapiteau de cirque aux toiles battues par les vents. Ses employés sont tout droit issus du film Monstres et Cie, et Monk le chien borgne est leur souffre-douleur.

Le premier épisode s’intitule Archibald pourfendeur de monstres. Dans une ville plutôt inspirée par les univers médiévaux occidentaux, tout en ruelles, et toits pentus et biscornus, en chapeau de magicien, où dans les rues pavées circulent des charrettes comme des chars romains, on s’arrêtera sur la silhouette fantomatique d’une cathédrale sortie d’un paysage de ruines de guerre, tandis que la première scène de l’aventure se déroule dans le cimetière où les morts sont rappelés par un étrange sortilège. Après avoir défait un serpent hypnotiseur dont les yeux fous ressemblent à s’y méprendre à ceux du seigneur Kâa, Archibald et Monk vont découvrir que dans les souterrains de cette cathédrale, les zombies sont rassemblés par un vieux sorcier vaudou qui a la tête de Gargamel. Ils doivent servir le Roi des Zombies, dont le personnage crucifié évoque un autre culte encore plus célèbre mais tout aussi importé dans le pays dont est originaire Kim Hyun-min.

©Kim Hyun-min/Sarbacane éditions

Les clins d’œil de l’artiste régaleront les lecteurs plus avertis, tant il est vrai qu’une bonne bande dessinée peut être appréciée à tout âge ! De plus, Kim Hyun-min maîtrise les classiques de la BD belge, et sème des indices comme autant de points d’accroche pour un lectorat francophone en particulier.

Les yeux ronds, la bouille mignonne, l’image de « poulbot » d’Archibald cachent une vraie détermination, comme l’œil unique de Monk sous sa frange rappelle la figure de Kitaro, autre enfant investi d’une étrange mission par son créateur japonais Shigeru Mizuki, puisqu’il est « repousseur de Yōkais ». L’acolyte de Kitaro se trouve être un autre œil sautillant, celui de son père qui le guide au fil d’aventures au milieu des cimetières. Monk quant à lui, est un « trouillard », et ses nombreuses gaffes sont un ressort efficace de l’humour de Kim Hyun-min. Mais son alliance avec Archibald va l’aider à réveiller en lui une force terrible et dangereuse.

Archibald et Monk forment désormais un duo d’amis et d’associés pour pourfendre et défaire les êtres monstrueux qui s’attaqueraient aux humains. Sauf que les plus affreux ne sont pas toujours ceux auxquels on pense en premier. Dans le second chapitre de ce volume, Archibald contre les loups-garous, nos deux compères vont se lier d’amitié avec Rémus, un petit garçon solitaire entouré de mystère. Leur amitié les entraînera dans la forêt magique où s’affrontent dans des combats sans merci loups-garous et ours Berserk, personnages de la mythologie nordique. Petit à petit, Kim Hyun-min s’éloigne des repères identifiables par les plus jeunes pour pénétrer toujours plus avant dans un univers d’heroic fantasy. Les cases de la bande dessinée gondolent sous l’effet de la magie de ses souvenirs, et nous entraînent dans son rêve éveillé. Ses références pour la troisième aventure, Opération Trolls, seront clairement l’œuvre et les personnages de JR Tolkien, hobbits, nains, et autres gobelins. Dans le monde souterrain des mines des Nains, colonisées par les Gobelins, ou Orques, trois jeunes Hobbits, Bilbo, Bilo et Lou, doivent délivrer leur peuple réduit en esclavage. Avec l’aide d’Archibald et de Monk, nantis d’une épée délabrée mais néanmoins magique, ils vont se lancer dans une expédition risquée. Là encore, les personnages entretiennent entre eux des relations d’amitié à peine troublées par quelques disputes agacées, quelques jérémiades, dont les gags font rire les lecteurs. Les épreuves traversées, les défis relevés sont autant d’incidents qui pimentent l’aventure et encouragent à tourner les pages de cette chronique magico-policière pleine de fantaisie, d’humour et de bienveillance. On en redemande !

Une bande dessinée à découvrir et à partager, et un auteur dont on espère d’autres traductions en français.


Archibald (édition intégrale tome 1)
KIM Hyun-min
Editions Sarbacane, 48 pages, 12,50€

Documentaliste dans l' Education Nationale, et très impliquée dans la promotion de la littérature pour la jeunesse, j'ai découvert la production coréenne il y a plusieurs années, et j'ai été emballée! Je m'attache donc dans Keulmadang à en partager les délices avec les lecteurs, sans m'empêcher parfois de chroniquer un roman ou une bande dessinée pour les plus grands.

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