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Plus heureuse que moi, tu meurs

Dans une société où le bonheur devient compétition, survivre ne revient pas à être heureux, mais bien à rendre autrui malheureux.

High Prestige
Nom de la résidence de luxe où vivent les personnages.

« Savez-vous comment remporter la battle pour le bonheur ? Ce n’est pas la peine de chercher à être la plus heureuse. Il suffit de briser le bonheur des autres. » (p.135)

Lorsque Mi-ho apprend que Oh Yoo-jin, sa meilleure amie du lycée, a été retrouvée morte dans un appartement maculé de sang, elle se demande qui aurait pu lui en vouloir assez pour faire preuve d’une telle violence. Bien qu’elle n’ait plus parlé à Yoo-jin depuis dix-sept ans, Mi-ho se lance dans une enquête pour résoudre son meurtre. Elle découvre la vie que menait son ancienne amie : heureuse mère de famille à qui tout semblait réussir, Yoo-jin se livrait en réalité à une guerre sans merci contre deux autres mères de son quartier – la course au bonheur. Or, pour remporter la bataille, il ne suffit pas d’étaler son bonheur sur les réseaux sociaux. Il faut aussi s’assurer de saboter le bonheur des autres…

À travers ce roman palpitant, Joo Youngha propose un commentaire critique de l’influence des réseaux sociaux. Les personnages de son histoire ne se soucient que du paraître et n’hésitent pas à faire preuve de la plus grande cruauté pour détruire l’ennemi. Au sein du quartier luxueux où vivent les personnages, chacun semble penser de la même façon froide et calculatrice, comme si l’obsession pour l’image était contagieuse. Lorsqu’une jeune femme en voit une autre faire une tentative de suicide, elle se dit très égoïstement : « Ne pouvait-elle pas aller se suicider ailleurs ? Cette femme ne se rendait pas compte qu’elle était en train de ternir la réputation du High Prestige, ce qui ferait baisser la valeur des appartements. » (p.15) Le personnage de Mi-ho se retrouve entraîné dans un monde de manipulation au sein duquel elle est obligée de mentir pour survivre et arriver à ses fins.

Au fur et à mesure de ses découvertes sur la vie de Yoo-jin, des souvenirs de son adolescence remontent à la surface de la mémoire de Mi-ho. Elle revit les événements marquants de son amitié avec Yoo-jin, et rapidement, il devient clair qu’une tragédie a eu lieu dix-sept ans plus tôt. Comprenant que cette mystérieuse tragédie serait liée à la mort de Yoo-jin, Mi-ho n’a pas d’autre choix que de plonger dans les souvenirs douloureux qu’elle avait jusque là refoulé.

Le passé et le présent se mêlent dans les pensées de Mi-ho, l’intrigue se complexifie et le réseau que forment les mères du High Prestige semble prêt à toutes les manipulations pour mettre la main sur une clef USB pleine d’informations compromettantes…

Malgré une révélation finale qui laisse légèrement perplexe, Plus heureuse que moi, tu meurs de Joo Youngha est un véritable page-turner qui aborde de façon pertinente les conséquences des réseaux sociaux et de la culture de l’apparence en Corée du Sud.


Plus heureuse que moi, tu meurs
JOO Youngha
Traduit du coréen par KOO Moduk et Cécilia CASTELLI
Matin Calme, 222 pages, 22€

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