L’histoire de Léviathan, Deep water prend place dans un futur lointain, sur une Terre recouverte par la montée des eaux. Survivant tant bien que mal à la surface de ce monde aquatique, Teon Ma et ses enfants, Bota et Rita, parcourent l’océan infini recouvrant la planète, à bord de leur petite embarcation, dans l’espoir de croiser un jour d’autres rescapés.
La vie de cette famille est minutieusement organisée et chacun participe à l’effort commun pour subsister : tous les jours, il faut s’assurer d’entretenir le bateau, de pêcher le repas du soir, de faire la cuisine et de laver le linge. Le père profite de la moindre occasion pour enseigner des techniques de survie à ses enfants, comme transformer de l’eau salée en eau potable. Bota est en âge de plonger dans les profondeurs de l’océan, mais toujours accompagné de son père. Dans les ruines sous-marines d’anciennes métropoles, ils trouvent des outils pour réparer le navire, de la nourriture en conserve et divers ustensiles… vestiges d’une société oubliée depuis longtemps. Souhaitant inculquer à ses enfants le souvenir d’une civilisation qu’ils ne connaîtront jamais, Teon Ma s’improvise professeur, leur apprend à lire et écrire et leur parle de la vie qu’il menait à une époque, en tant que harponneur de son village.
Alors que les premières pages du manhwa dévoilent la vie marine hors du commun de cette famille, elles ont tôt fait de nous révéler que les journées paisibles et ensoleillées sont entrecoupées de nuits tumultueuses. Lorsque le soleil se couche, les Léviathans remontent des bas-fonds pour chasser.
Monstres marins longs de plusieurs mètres, possédant deux gueules et plusieurs rangées de dents acérées, les Léviathans sont capables d’avaler un navire en un claquement de mâchoires. Leurs tentacules prennent l’apparence des hommes pour leur permettre de duper leurs victimes. Ces créatures terrorisent la famille, et Teon Ma est parfois forcé de les combattre pour protéger ses enfants. Les affrontements contre ces monstres gigantesques sont épiques et sanglants : le père, armé d’une épée immense, bondit sur les créatures pour sectionner leurs tentacules et transpercer leur chair de sa lame, tout en évitant leurs coups de dents. Chaque illustration transmet toute la vigueur de ses mouvements et la puissance de ses coups.
Dans ce monde noyé de bleu, les dernières maigres traces de l’humanité se distinguent par leurs couleurs brune et cuivre : la teinte de la rouille sur le bateau, les cheveux de Bota, les yeux de Rita, … Les combats sont d’autant plus impressionnants que le bleu des fonds marins et de la peau des Léviathans occupe toute la page et paraît avoir déjà englouti ce qu’il restait de l’humanité.
À travers ce manhwa, Lee Gyungtak – le scénariste – semble anticiper les conséquences d’une catastrophe écologique et de la montée des eaux. Comment l’humanité pourrait-elle perdurer dans un tel monde ? Et de quelle façon la vie marine évoluerait-elle ? Alors que Bota désespère de croiser un jour d’autres survivants, le bleu infini des illustrations de Noh Miyoung renforce son impression de solitude et d’impuissance face à un océan ayant pris le pas sur l’homme. Les images les plus impressionnantes – en dehors des scènes de combat – sont sûrement celles des amas de gratte-ciels reposant au fond de l’eau, comme les pierres tombales d’une humanité décimée.
Léviathan, Deep Water (tome 1)
LEE Gyungtak et NOH Miyoung
Traduit du coréen par Chloé PÉRAIRE
KMICS, 268 pages, 14,95€
A rapprocher d’AVATAR 2, le monde de l’eau…A mon avis, beaucoup plus crédible et intéressant pour un futur
scénario de film à succès franco/coréen, ou coréano/français .
Bravo pour cette belle nouvelle notice de Keulmadang.
Cordialement
Gilles Dargnies dit » Cavalier Seul »,
Ancien conseiller commercial de France à Séoul ( 1984-1987)
Auteur notamment de 12 histoires d’hommes de plus, dont deux ou trois chapitres consacrés en totalité
ou en partie à des profils coréens.
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