C’est en 1994 que Seo Mi-ae écrit son premier roman, Les 30 meilleures façons d’assassiner son mari. Ce succès lui permit de remporter quelques années plus tard, en 2009, le prix du Polar Coréen avec son roman Le jardin des poupées. Par la suite, certains de ses livres ont même été adaptés au cinéma et elle travaille également comme scénariste pour la télévision de temps à autre. L’une de ses œuvres les plus célèbres, Bonne nuit maman (2020), est le premier volet d’une trilogie d’horreur, dont les droits pour un film ont été vendus à Carnival Films !
Seongyeong, criminologue et professeure à l’université, est sollicitée par un détenu jugé et condamné à mort. Cet homme, un tueur en série qui a assassiné treize femmes, veut lui parler — à elle seule. Seongyeong va devoir faire preuve de la plus grande prudence face à ce tueur hors norme, intelligent et manipulateur. Dans le même temps, son mari voit contraint de faire venir chez eux sa fille née d’un précédent mariage. Une enfant de onze ans qui serre contre elle son ours en peluche, bouleversée par les décès de sa mère et de ses grands-parents maternels. Des décès pour le moins suspects, d’ailleurs…
Une des premières particularités de ce livre est son changement de point de vue au fil des chapitres. Bien que la narration majoritairement adoptée soit externe, elle bascule parfois en narration interne, voire omnisciente. Le premier chapitre débute ainsi en narration omnisciente, où l’on suit deux hommes, du nom de Lee Sanguk et Yu Dongsik. Le premier travaille au service d’incendie et de secours, et est en charge de l’inspection des lieux où des incendies ont eu lieu, tandis que le deuxième est inspecteur pour la police scientifique. Le livre débute à une heure précise : le 17 juin à 3 h 37 du matin, lorsqu’un incendie est déclaré dans le quartier d’Eungam. C’est le sixième incendie de ce type depuis quelques semaines, mais l’incendie se transforme rapidement en scène de crime lorsque deux corps sont découverts. Fait étrange ? Alors que les deux victimes sont calcinées dans leur lit, la couverture les recouvrant ne l’est pas de l’intérieur…
Une enfant est alors sauvée des flammes, tenant un ours en peluche dans ses bras, et demandant à voir son père, Yun Jaeseong, qui travaillerait dans un hôpital au nom inconnu. Quelque temps après, il récupère sa fille, et les inspecteurs lui apprennent que les grands-parents de sa fille sont tragiquement décédés lors de l’incendie. C’est ainsi que se clôture ce tout premier chapitre, qui laisse présager une enquête criminelle pour la suite du roman afin de trouver la personne à l’origine de ces incendies. Mais est-ce vraiment le cas ?
Le chapitre deux est en narration interne, et commence par la curieuse phrase « C’est quoi ton plus vieux souvenir ? ». Bien que l’on ne sache pas l’identité du narrateur, quelques indices sont disséminés, notamment sur sa personnalité. En effet, en posant cette question à chaque personne qu’il rencontre, le sujet de ce chapitre peut cerner son interlocuteur, car un souvenir impactant comme le premier que l’on a peut influencer par la suite notre développement social et sociétal, tout en influençant notre personnalité et notre destin. On apprend également que la mère du sujet le haïssait avant même sa naissance, au point d’en développer une peur irrationnelle en sa présence et cherchant à le tuer. En effet, son tout premier souvenir est celui d’un oreiller sur son visage, lorsque sa mère essayait de l’étouffer. C’est néanmoins avec les paroles « Je l’aime, maman » que ce mystérieux chapitre se conclut.
Avec l’arrivée de la protagoniste Seongyeong dans le troisième chapitre, l’intrigue adopte une intéressante dimension psychologique. Le quotidien de cette professeure de psychologie criminelle est bouleversé lorsqu’un tueur en série du nom de Lee Byeongdo souhaite s’entretenir avec elle, chose qu’il n’a jamais faite avec quiconque jusqu’à présent. La police la met en garde : Byeongdo est une bête inébranlable, qui aime provoquer la population et est fier de la médiatisation qu’il reçoit pour ses meurtres.
Au fil des péripéties, les chapitres suivants continuent d’escalader en tension. Premier volet d’une trilogie, ce roman s’achève finalement avec la phrase « Bonne nui maman », mais beaucoup de choses restent à être dévoilées dans les dernières pages du livre. Qui adresse cette phrase, et à quel personnage ? Des réponses à trouver dans le second volet, Chut, c’est un secret.
Bonne nuit maman
SEO Mi-ae
Traduit du coréen par KWON Jihyun et Rémi DELMAS
Matin Calme, 269 pages, 19.90€
Format Livre de poche, 318 pages, 7.70€