En partenariat avec la Société des Poètes Français que nous remercions pour leur aimable autorisation à publier des poèmes traduits par Kim Hyunja, nous présentons cette semaine Oh Sae-young.
« Un bol de porcelaine »
Un bol cassé
devient une lame de couteau.
Force écartée
du centre de la mesure et de l’équilibre,
le cercle brisé forme l’angle
et nous ouvre les yeux froids de la raison.
Ô tesson de porcelaine
qui recherche l’amour aveugle,
je suis à présent pieds nus.
Je suis une chair
qui attend d’être tranchée.
L’âme mûrit au plus profond de la blessure.
Un bol cassé
devient une lame de couteau.
Tout ce qui est brisé devient un couteau.
Oh Sae-yeong (오세영), est né le 2 mai 1942 à Yongkwang dans la province de Jeollanam-do. Il obtient en 1980 un doctorat en littérature et langue coréennes à l’université nationale de Séoul. Il est aussi depuis 2011 membre de l’Institut des arts de Corée. Il fait ses débuts littéraires en 1968 avec la publication de son poème Abstraction au réveil (Jamkkaeneun chusang).
En 1965, il publie dans la revue Littérature contemporaine (Hyundae Munhak) son poème « L’Aube » (Saebyeok) et en 1966 il publie « Les Fleurs, etc. » (Kkot oe). En 1968, toujours dans la même revue, il publie « Abstraction au réveil » (Jamkkaeneun chusang) qui marque réellement ses débuts littéraires. Parmi ses recueils de poésies notables, on peut citer La Lumière rebelle (Ballanhaneun bit), Le soir le plus sombre (Gajang eodu-un naljeonyeoge), Poème d’amour d’une âme aveuglée (無明戀詩 Mumyeong yeonshi), et Les fleurs vivent en regardant les étoiles (Kkotdeureun byeoreul ureoreumyeo sanda).
Marqué par le modernisme à ses débuts, Oh Sae-young s’est orienté plus tard vers une poésie lyrique hautement épurée, basée sur la confiance en l’homme. Oh Sae-young est considéré aujourd’hui dans son pays comme l’un des rares poètes qui perpétuent la tradition lyrique et spirituelle de la poésie classique. Ses recueils de poèmes lui ont valu plusieurs prix, le dernier en date étant le Prix de littérature bouddhique moderne. Il a été président de la société des poètes coréens de 2005 à 2007.
Le recueil de poèmes d’Oh Sae-young, Songe de la falaise, publié à Séoul en 1999, a été écrit pendant le séjour de l’auteur au temple du Dragon sur le mont Chiak, qui est situé dans le nord-est de la Corée du Sud. Les poèmes de ce recueil témoignent d’une correspondance intime et profonde entre l’homme et la nature qui l’entoure et trace un chemin bouddhique qui mène de la douleur de l’existence à la libération. Ces poèmes sont comme une prière. C’est dans un silence au-delà des mots et de l’intelligence, que fleurit l’éveil.
Sources
Naver.
Wikipédia.
Éditions Circé.
Anthologie des poètes coréens, 2024, publiée par la Société des poètes français, citée avec leur aimable autorisation. Le présent poème est traduit du coréen par Kim Hyunja.
C’est très beau !