Dans ce drame fantastique, des événements inexpliqués viennent perturber le quotidien de So Min-ji. Est-elle réellement seule dans ce manoir perdu dans les montagnes ?
Quand So Min-ji décroche un emploi de gouvernante pour un riche couple, elle n’a aucune hésitation à fuir son travail dégradant d’« hôtesse » dans un bar lugubre de Séoul, quitte à vivre seule dans un manoir perdu dans les montagnes du Gangwon-do, coupée du reste du monde. La propriétaire des lieux, Oh Shi-eun, est stricte sur un point : la bâtisse doit être tenue avec le plus grand soin et prête à accueillir des visiteurs à tout moment.
Un sentiment de malaise naît chez Min-ji devant l’imposant manoir Janghwa, son architecture atypique, voire incohérente, et sa drôle de tour octogonale faisant office de pigeonnier. Le manque d’occupation et l’isolement aggraveront peut-être ce sentiment, ou bien est-ce la chamane du village le plus proche qui accentue son inquiétude en déclarant gravement : « La maison ne vous aime pas. » (p. 49).
L’hiver s’installe, et avec lui grandit l’angoisse, viennent les cauchemars, disparaissent des objets. La solitude pèse sur Min-ji, et l’arrivée surprise de ses employeurs pour quelques jours n’arrangera rien pour autant. Quels secrets familiaux se cachent derrière la construction du manoir Janghwa ?
Mathilde Vian sait poser une ambiance oppressante, dans un cadre hivernal et solitaire à la Shining. Sa description méticuleuse des lieux, des couleurs et des sons permet une immersion totale et un contrôle mesuré de l’angoisse. L’autrice joue avec la fine délimitation entre surnaturel et paranoïa, et nous entraîne sans difficulté vers un twist imprévisible. Il manquerait presque un chapitre supplémentaire pour pleinement en jouer, ou bien quelques compléments d’information sur les motivations derrière l’architecture particulière du manoir et son pigeonnier pour assouvir la curiosité du lecteur.
Le roman prend son inspiration dans le conte coréen Janghwa et Hongryeong, l’histoire de deux sœurs persécutées et tuées par leur belle-mère, revenues se venger sous une forme spectrale. Malgré la généreuse proportion de polars et thrillers coréens qui nous parviennent en France, les récits surnaturels manquent tristement à l’appel. Remercions alors Mathilde Vian pour une histoire bien ficelée dans les croyances chamaniques et le folklore du pays.
Pour parfaire le tout, le roman est sublimement édité par Le Héron d’Argent, avec des illustrations et bandeaux ornementaux à chaque chapitre.
Les Fantômes du manoir Janghwa Mathilde Vian Éditions Le Héron d’Argent, 2024, 240 pages, 20€
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Quand So Min-ji décroche un emploi de gouvernante pour un riche couple, elle n’a aucune hésitation à fuir son travail dégradant d’« hôtesse » dans un bar lugubre de Séoul, quitte à vivre seule dans un manoir perdu dans les montagnes du Gangwon-do, coupée du reste du monde. La propriétaire des lieux, Oh Shi-eun, est stricte sur un point : la bâtisse doit être tenue avec le plus grand soin et prête à accueillir des visiteurs à tout moment.
Un sentiment de malaise naît chez Min-ji devant l’imposant manoir Janghwa, son architecture atypique, voire incohérente, et sa drôle de tour octogonale faisant office de pigeonnier. Le manque d’occupation et l’isolement aggraveront peut-être ce sentiment, ou bien est-ce la chamane du village le plus proche qui accentue son inquiétude en déclarant gravement : « La maison ne vous aime pas. » (p. 49).
L’hiver s’installe, et avec lui grandit l’angoisse, viennent les cauchemars, disparaissent des objets. La solitude pèse sur Min-ji, et l’arrivée surprise de ses employeurs pour quelques jours n’arrangera rien pour autant. Quels secrets familiaux se cachent derrière la construction du manoir Janghwa ?
Mathilde Vian sait poser une ambiance oppressante, dans un cadre hivernal et solitaire à la Shining. Sa description méticuleuse des lieux, des couleurs et des sons permet une immersion totale et un contrôle mesuré de l’angoisse. L’autrice joue avec la fine délimitation entre surnaturel et paranoïa, et nous entraîne sans difficulté vers un twist imprévisible. Il manquerait presque un chapitre supplémentaire pour pleinement en jouer, ou bien quelques compléments d’information sur les motivations derrière l’architecture particulière du manoir et son pigeonnier pour assouvir la curiosité du lecteur.
Le roman prend son inspiration dans le conte coréen Janghwa et Hongryeong, l’histoire de deux sœurs persécutées et tuées par leur belle-mère, revenues se venger sous une forme spectrale. Malgré la généreuse proportion de polars et thrillers coréens qui nous parviennent en France, les récits surnaturels manquent tristement à l’appel. Remercions alors Mathilde Vian pour une histoire bien ficelée dans les croyances chamaniques et le folklore du pays.
Pour parfaire le tout, le roman est sublimement édité par Le Héron d’Argent, avec des illustrations et bandeaux ornementaux à chaque chapitre.
Les Fantômes du manoir Janghwa
Mathilde Vian
Éditions Le Héron d’Argent, 2024,
240 pages, 20€