Après l’ouvrage K-pop, soft Power et culture globale, les deux auteurs Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre publient chez le même éditeur, Les Presses universitaires de France, Les K-dramas, reprenant ainsi la formulation souhaitée par les institutions coréennes, la Corée étant désormais associée à la marque K. Le sous-titre de l’ouvrage est confirmé par une étude scientifique, ainsi que l’assure Im Su-geun, chef d’une clinique psychiatrique à Séoul.
Les dramas coréens sont depuis plusieurs années très prisés en France, tant par les plus âgés que par les plus jeunes. Chez ces derniers, nous sommes toujours surpris d’entendre dès leur entrée en première année de coréen à l’université qu’ils ont non seulement découvert la Corée par les dramas, mais qu’ils ont aussi appris les rudiments de la langue par ces mêmes dramas. C’est dire l’importance que revêt le phénomène, entraînant dans son sillage une production éditoriale toujours plus importante.
Après le K-dramas, Et la Corée créa l’homme fatal, de Marie Joncquez, les deux chercheurs s’attellent à la tâche d’aborder le genre, non de produire un impossible travail exhaustif sur le sujet, mais de présenter leur thèse, à savoir le lien qui caractérise les drames coréens : « Les K-dramas ont en effet ceci de particulier qu’ils mettent l’accent sur la dynamique des attachements (intergénérationnels, familiaux, amicaux, amoureux) » (p.18) et plus loin : « C’est sur cette représentation d’un idéal portant sur ce qui unit les individus et fait société que cet ouvrage veut se pencher » (p. 19). C’est donc à partir de ce choix épistémologique que les deux auteurs passent au crible une quinzaine de dramas. Choix méthodologique incontestable, le confucianisme originel, dont la Corée fut l’un des piliers, fait du lien, de la relation à autrui, la base de sa morale. Charles Leblanc et Rémi Mathieu dans leur préface au volume sur les philosophes confucianistes indiquent : « Avant de fonder une morale, Confucius vise, lors d’entretiens avec ses disciples, à définir la relation à autrui dont celle-ci va découler*». C’est dans la relation à autrui que l’homme devient homme de bien (Junzi) et c’est dans (ou avec) les cinq relations que la société se construit et s’administre (le prince et le sujet, le père et le fils, le fils aîné et le fils cadet, le mari et la femme, les amis). Les cinq relations forment le substrat de la philosophie confucéenne et le gage d’une société harmonieuse. On comprend le choix paradigmatique des deux chercheurs pour comprendre les dramas, au-delà (ou en deçà) d’une analyse de la société coréenne. L’ouvrage postule de la certitude que les relations familiales, professionnelles, amicales, lorsqu’elles sont réussies, contribuent à la nature du lien social et sont de nature à surmonter les problèmes les plus criants de la société coréenne, les inégalités, les discriminations, le patriarcat, etc. L’idée est séduisante, malgré la montée de l’individualisme dans le pays, chose rare autrefois. Les dramas choisis montrent la force du lien quand il surpasse les intérêts individuels et le renoncement au privilège. La démonstration est moins évidente quand le lien est assujetti à l’intérêt privé. C’est la raison pour laquelle les dramas oscillent constamment entre le bien et le mal, outre le fait que sur le plan scénaristique, c’est toujours plus intéressant à montrer qu’une voie univoque. Mais évitons d’être définitif. Les récentes manifestations pour la destitution du président Yoon Seok-yeol ont montré que le lien entre les manifestants et la solidarité, à la fois endogène et exogène aux manifestations, avait encore de beaux jours devant elle.
Après l’ouvrage K-pop, soft Power et culture globale, les deux auteurs Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre publient chez le même éditeur, Les Presses universitaires de France, Les K-dramas, reprenant ainsi la formulation souhaitée par les institutions coréennes, la Corée étant désormais associée à la marque K. Le sous-titre de l’ouvrage est confirmé par une étude scientifique, ainsi que l’assure Im Su-geun, chef d’une clinique psychiatrique à Séoul.
Les dramas coréens sont depuis plusieurs années très prisés en France, tant par les plus âgés que par les plus jeunes. Chez ces derniers, nous sommes toujours surpris d’entendre dès leur entrée en première année de coréen à l’université qu’ils ont non seulement découvert la Corée par les dramas, mais qu’ils ont aussi appris les rudiments de la langue par ces mêmes dramas. C’est dire l’importance que revêt le phénomène, entraînant dans son sillage une production éditoriale toujours plus importante.
Après le K-dramas, Et la Corée créa l’homme fatal, de Marie Joncquez, les deux chercheurs s’attellent à la tâche d’aborder le genre, non de produire un impossible travail exhaustif sur le sujet, mais de présenter leur thèse, à savoir le lien qui caractérise les drames coréens : « Les K-dramas ont en effet ceci de particulier qu’ils mettent l’accent sur la dynamique des attachements (intergénérationnels, familiaux, amicaux, amoureux) » (p.18) et plus loin : « C’est sur cette représentation d’un idéal portant sur ce qui unit les individus et fait société que cet ouvrage veut se pencher » (p. 19). C’est donc à partir de ce choix épistémologique que les deux auteurs passent au crible une quinzaine de dramas. Choix méthodologique incontestable, le confucianisme originel, dont la Corée fut l’un des piliers, fait du lien, de la relation à autrui, la base de sa morale. Charles Leblanc et Rémi Mathieu dans leur préface au volume sur les philosophes confucianistes indiquent : « Avant de fonder une morale, Confucius vise, lors d’entretiens avec ses disciples, à définir la relation à autrui dont celle-ci va découler*». C’est dans la relation à autrui que l’homme devient homme de bien (Junzi) et c’est dans (ou avec) les cinq relations que la société se construit et s’administre (le prince et le sujet, le père et le fils, le fils aîné et le fils cadet, le mari et la femme, les amis). Les cinq relations forment le substrat de la philosophie confucéenne et le gage d’une société harmonieuse. On comprend le choix paradigmatique des deux chercheurs pour comprendre les dramas, au-delà (ou en deçà) d’une analyse de la société coréenne. L’ouvrage postule de la certitude que les relations familiales, professionnelles, amicales, lorsqu’elles sont réussies, contribuent à la nature du lien social et sont de nature à surmonter les problèmes les plus criants de la société coréenne, les inégalités, les discriminations, le patriarcat, etc. L’idée est séduisante, malgré la montée de l’individualisme dans le pays, chose rare autrefois. Les dramas choisis montrent la force du lien quand il surpasse les intérêts individuels et le renoncement au privilège. La démonstration est moins évidente quand le lien est assujetti à l’intérêt privé. C’est la raison pour laquelle les dramas oscillent constamment entre le bien et le mal, outre le fait que sur le plan scénaristique, c’est toujours plus intéressant à montrer qu’une voie univoque. Mais évitons d’être définitif. Les récentes manifestations pour la destitution du président Yoon Seok-yeol ont montré que le lien entre les manifestants et la solidarité, à la fois endogène et exogène aux manifestations, avait encore de beaux jours devant elle.
Les K-dramas, ces séries qui font du bien
Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre
Presses Universitaires de France, 2024
208 pages, 19€