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Dam of the forest

La nouvelle publication des éditions Milan nous plonge dans un univers mélancolique et enchanteur aux côtés de Dam, un garçon qui ne vieillit pas.

Alors qu’il n’a que 14 ans, Dam découvre qu’il a un don particulier avec les plantes, qui s’épanouissent de manière démesurée sous son toucher bienveillant. Mais sa curieuse aptitude n’apparaît pas sans revers : les années défilent, et Dam ne vieillit pas. Décennie après décennie, il enterre ses parents, sa sœur, puis son neveu. Ce qui était autrefois un don s’apparente aujourd’hui à une malédiction – ce ne sont plus seulement les plantes qu’il est capable de faire grandir, mais les humains aussi. Il est réduit à l’image d’un monstre aux yeux des villageois et part s’isoler dans la forêt jusqu’à devenir une légende urbaine.

Un beau jour, un enfant du nom de Mitch se montre devant Dam, clamant qu’il est un sacrifice pour l’esprit de la forêt. Notre Peter Pan, dont la solitude lui est devenue familière, se retrouve à tolérer ce nouveau venu, puis à progressivement s’inquiéter pour lui. Avec stupéfaction, Dam apprend que le monde à l’extérieur de la forêt n’est plus celui qu’il a connu…

« Si tu ne me déranges pas, ça me va. Mais surtout, ne t’avise pas de t’approcher de moi. »

Il se dégage de Dam of the forest autant de tendresse que de mélancolie. Le trait enfantin de la dessinatrice Dahong et sa palette de jolies couleurs pâles offrent visuellement beaucoup de douceur, mais impossible d’ignorer cette tristesse omniprésente qui émane du solitaire Dam.

On ne quitte que rarement la forêt dans ce premier tome, pourtant les décors ne cessent de se renouveler : on passe de cases texturées par une grande variété d’arbres et de feuilles, à des imposants murs de ronces ou d’immenses champs de fleurs aux couleurs éclatantes en pleine page. De temps à autre, la couleur disparaît et laisse place à un fond entièrement blanc pour favoriser la mise en exergue d’un geste, d’une émotion, ou d’un élément dans le décor. Nul doute que Dahong a su créer un univers bien à elle.

Après les adorables publications de This Must Be Love et Moon et Iro, les éditions Milan optent pour une œuvre beaucoup plus réflective et mélancolique, non sans être teinte d’une subtile tendresse. Dam of the forest se démarque sans mal dans la production de webtoons, au même titre que l’excellent Là où les étoiles filantes tombent, et dans la veine de récits initiatiques tels que Amande de Sohn Won-pyung et Moi moi de Lee Hee-young. Une série terminée en 10 tomes en Corée, ce qui nous promet de passer encore un long moment aux côtés de Dam et ses nouveaux amis.


Dam of the forest, tome 1
Dahong
Traduit du coréen par Laïla Sarah Kezzi
Éditions Milan, collection « Yam Yam », 2025
312 pages, 14,95 €

A propos

Doctorante en littérature coréenne, j'ai découvert la Corée par la musique et le cinéma en 2010, et l'amour que j'ai pour ce pays n'a fait que s'étendre au fil des années. En termes de littérature, ma préférence va aux polars, drames et autres récits complexes. Ma recherche se focalise sur des thématiques sombres, très présentes dans la littérature contemporaine : mal-être, psychopathologie et mélancolie ; mais cela ne m'empêche pas d'apprécier les histoires plus joyeuses de temps à autre.