Découvrir la Corée en tant que Français, à l’occasion d’un voyage universitaire ou touristique, c’est souvent faire le constat radical et étourdissant de la différence. En effet, le premier voyage est toujours un choc tant les différences culturelles entre la France et la Corée sont marquées : la nourriture, les codes de politesse, les modes de transports, l’architecture… Il est alors facile de se laisser submerger par le dépaysement et son lot d’émotions parasites. D’autant plus que ce vertige est souvent renforcé par un sentiment de solitude : quoi que très aimables, les Coréens sont souvent des personnes difficiles à connaitre. Ce sont des gens généralement très polis et curieux, qui vous poseront beaucoup de questions sur l’endroit d’où vous venez, sur votre intérêt pour leur pays, mais qui resteront très secrets quant à leur propre vie ou opinions. Pourtant il est des choses que l’on ne peut apprendre seul, surtout lors d’un voyage. Dès lors, que faire de tout notre étonnement, de toutes les questions sans réponses que suscitent forcément la découverte de la Corée : de ses restaurants bruyants, de ses plats toujours trop épicés, de ses tenues traditionnelles, de temples centenaires surplombés par d’immenses building ?
« On parle beaucoup de la Corée, mais parle-t-on des Coréens ? Non plus en tant qu’une masse indistincte, à coups de statistiques ou d’événements historiques, mais des Coréens de tous les jours, quand ils sont chez eux, au restaurant, à l’hôpital, quand ils se saluent, s’aiment, meurent. »
Dans son nouveau livre intitulé Étonnants Coréens !, Jean-Claude de Crescenzo revient sur les vertus intellectuelles et émotionnelles de l’étonnement pour proposer une nouvelle façon de voyager et de découvrir la Corée. Selon lui, l’étonnement est une surprise fertile qui témoigne d’une véritable curiosité de l’autre. S’étonner, c’est laisser au monde la possibilité de nous émouvoir et de nous enchanter. Depuis plus de vingt-cinq ans, Jean-Claude de Crescenzo multiplie les voyages en Corée en collectant souvenirs et étonnements. À la fois fort de ses rencontres et de son statut éternel d’étranger, il propose tout un jeu de questions et de réponses autour de sujets du quotidien et met en lumière ses amis coréens, des connaissances et des passants qui ont participé à sa connaissance de la Corée. Il offre ainsi aux touristes que beaucoup d’entre nous sommes encore, la possibilité de découvrir une Corée plus intime et qu’il nous aurait été difficile voire impossible de connaitre seuls.
Son livre s’inscrit dans la longue tradition des romans ethnologiques qu’il dépoussière avec un regard débarrassé de stéréotypes. Quoique partant de généralités, il s’attache à contextualiser et humaniser chaque observation en le rattachant au domaine de l’historique ou de l’intime. À moitié savant et à moitié enfantin, il suit un découpage thématique qui vous aidera à vous promener dans le texte sans vous perdre : au restaurant, au magasin, en société, à la maison, au travail, à l’hôpital, en observant aussi bien l’esprit pratique des Coréens, que leur culture, leurs rites et leurs superstitions, et en les écoutant, dans leur langue, à force d’anecdotes et autres surprises. Comme un enfant, vous serez autorisé à vous poser toutes sortes de questions amusantes telles que : « Pourquoi les Coréens appellent-ils les serveuses de restaurant »Tatie » ? », « Comment aider les smombies ? », « Pourquoi les grand-mères coréennes sont-elles aussi hardies ? », ou autres questions plus sérieuses : « D’où vient la culture de l’excuse en Corée ? », « Pourquoi les tombes parsèment-elles les montagnes ? », « Comment se déroule une consultation médicale ordinaire en Corée ? ».
« Ce livre est né à la suite du projet d’explorer des lieux, des cafés, appartements, rues, non dans leurs aspects urbains, mais dans les gestes quotidiens de ceux qui les habitent, gestes exécutés sans retenue, sans autocontrôle, toues situations profitables à l’observation attentive. »
Étonnants Coréens ! forme avec le précédent livre de l’auteur, Carnet d’un voyage qui n’a pas eu lieu, un merveilleux diptyque qui pourra charmer aussi bien les nostalgiques de la Corée que les nouveaux venants. Ils sont le prolongement d’un regard tendre sur un pays et ses habitants, et le fruit de connaissances et d’expériences inspirantes qui formeront avec le temps un important recueil d’anciennes habitudes et d’anciens lieux.
« Je n’ai pas eu toutes les réponses, mais l’étonnement, suivi d’une volonté de s’étonner, autrement dit commencer par me laisser faire par ce qui surgissait devant moi, refuser de nommer ce qui se produisait, repousser la tentation maladive d’y donner un sens, pour accueillir d’abord, laisser infuser ensuite, puis tenter d’apporter une explication. »
Étonnants Coréens !
Jean-Claude de Crescenzo
Decrescenzo, 150 pages, 14,90€
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