Les 30 meilleures façons d’assassiner son mari

« Chaque jour, elle inventait une nouvelle façon d’assassiner son mari, et ça la rendait heureuse. » (p.9)

Une femme enfermée dans un mariage dénué d’amour imagine chaque jour une nouvelle façon de se débarrasser de son mari. L’étouffer dans son sommeil, empoisonner son dîner, l’égorger avec un rasoir, … ces pensées l’obsèdent, tant et si bien qu’un jour, elle finit par céder à la tentation et l’écrase avec sa voiture ! Mais lorsque le soir venu, son mari rentre du travail comme si de rien n’était, la femme réalise que l’homicide n’était qu’une hallucination, provoquée par toutes les tentatives de meurtres qu’elle s’était imaginées. Le temps passe, la femme assouvit ses pulsions meurtrières et tue son mari quotidiennement, mais le retrouve chaque soir bien vivant… jusqu’au jour où le corps de son époux, cette fois-ci bel et bien mort, est retrouvé dans un parking. Persuadée d’être la coupable, la femme n’a aucune façon de savoir laquelle de ses tentatives de meurtres n’était pas un rêve. Elle décide alors de se livrer à la police, et de raconter les trente façons dont elle a assassiné son mari.

Le recueil Les 30 meilleures façons d’assassiner son mari comprend cinq nouvelles de Seo Mi-ae avec pour thème commun les meurtres conjugaux. Ces courtes histoires à chute sont pleines de revirements, notamment la nouvelle « Concerto pour meurtre » : un homme propose à sa femme d’aller passer le week-end dans une maison de campagne, sous prétexte de faire renaître la flamme de leur amour éteinte depuis longtemps. En réalité, il compte profiter de ces quelques jours pour assassiner son épouse. Il ne se doute pas que la seule raison pour laquelle elle accepte cette sortie, est parce qu’elle a elle-même décidé de le tuer lui.  

Bien qu’appartenant au genre cosy mystery, les histoires ne manquent pas de violence et abordent des sujets sensibles. Par exemple, la nouvelle « Si c’est comme ça, je vais te manger » est une réécriture du conte coréen La sœur et le frère qui sont devenus le soleil et la lune (해와 달이 된 오누이), et évoque les violences conjugales et la maltraitance des enfants. Les deux enfants d’un couple divorcé vivent avec leur mère, loin de leur père violent, jusqu’à ce que celui-ci les retrouve et les oblige à le laisser entrer dans leur appartement, comme le tigre du conte…

Enfin, dans la dernière nouvelle « Une happy end, en quelque sorte », une jeune femme réalise que l’homme qui s’est incrusté de force dans son quotidien représente désormais une menace pour sa vie. Elle doit alors décider si elle préfère être victime… ou meurtrière.  

En usant de tous les ressorts scénaristiques du polar qu’elle maîtrise parfaitement, Seo Mi-ae donne vie à des couples animés par la haine et la jalousie. Lorsque les personnages sont sur le point de perdre la vie, ou s’apprêtent à commettre l’irréparable eux-mêmes, une part du lecteur ne peut s’empêcher de penser : « Et moi, que ferais-je dans une telle situation ? »

Les 30 meilleures façons d’assassiner son mari
SEO Mi-ae
Traduit du coréen par KWON Jihyun et Rémi DELMAS
Matin Calme, 165 pages, 14,90€